Salebarbes au Festival d’été: quelle enlevante fête acadienne, à l’épreuve du froid et de la pluie, sur les plaines d’Abraham!


Cédric Bélanger
Il ventait, le ressenti était à 12 degrés Celsius et la pluie s’est mise à tomber pendant la première chanson: voir si ça allait empêcher les gars de Salebarbes de diriger une enlevante fête acadienne sur les plaines d’Abraham!
Même dame Nature a succombé à leur énergie contagieuse et ordonné – enfin, on aime croire ce scénario – l’arrêt rapide des intempéries.
Devant une foule forcément plus mince que les premiers soirs du Festival d’été, mais néanmoins enthousiaste et fringante, Jean-François Breau, les frères Éloi et Jonathan Painchaud, George Belliveau et Kevin McIntyre ont donc pu pleinement profiter de cette carte blanche plus que méritée.

Elle couronnait une ascension fulgurante sept ans après leur premier concert à la salle des Pas-perdus aux Îles-de-la-Madeleine.
Depuis, les chansons néo-trad des attachants musiciens ont fait mouche dans des salles de toutes les tailles et les plaines d’Abraham, où flottaient fièrement des drapeaux de l’Acadie, constituaient l’aboutissement logique de cette belle histoire. Comme une sorte de consécration.
Bonhomme Carnaval
Le concert a commencé par un tintamarre exécuté par les membres de Machine de Cirque et Jeunes musiciens du monde, puis, comme s’il avait prévu qu’il ferait froid ou plutôt frette, le groupe avait eu l’amusante idée, pour procéder à sa présentation, de convoquer le Bonhomme Carnaval.

Après? Eh bien, après, on n’avait qu’à se laisser aller au son des entraînantes Gin à l’eau salée, Gagner sa vie, pendant laquelle des images d’archives de pêcheurs madelinots rappelaient les fières origines des Painchaud, et Good Lord.
On a chanté, tapé du pied et ri des histoires loufoques qu’ont racontées chacun leur tour ces cinq gars, toujours habillés aussi chic et qui se considèrent comme des frères tant ils font tout en groupe. «On couche pas ensemble pis c’est toute», a pris soin de préciser George Belliveau.
Les invités arrivent
En milieu de parcours, une partie du budget de leur carte blanche a été allouée à l’utilisation d’un quintette de cuivres de même qu’à la présence d’un chœur, les Dames de tchoeur, pour une portion acoustique où les voix des quatre dames et des cinq gars se sont magnifiquement mariées sur Un autre soir ennuyant et La rivière.

Quand Les Hay Babies sont ensuite passées faire leur tour à temps pour chanter C’est la vie, la reprise de You Never Can Tell, de Chuck Berry, une pensée nous a traversé l’esprit: ce serait malade que ces deux groupes partent en tournée ensemble. L’ultime party acadien.
Communion avec Zachary Richard
Rendu là, on avait déjà reçu beaucoup, mais il restait un invité. Un invité de taille. Nul autre que ce bon vieux Zachary Richard, accueilli en héros sur l’air d’une L’arbre est dans ses feuilles que le public a savourée en joignant dans l’allégresse sa voix à la sienne.
Les mêmes protagonistes, Zachary et la foule, accompagnés par Salebarbes, les Dames de tchoeur et Les Hay Babies, ont ensuite été à l’origine d’un moment de communion du FEQ quand tout le monde a chanté d’une seule voix le classique Travailler c’est trop dur.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Isabelle Perron, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Décidément, tout dans ce généreux spectacle de deux heures, du choix des invités à la programmation musicale, en passant par la mise en scène, avait été pensé avec goût.
Si Salebarbes revient sur les Plaines un jour, c’est promis, on revient back les voir. Une heure plus tard dans les Maritimes s’il le faut.
- La note du Journal: 4,5 étoiles sur 5
Les Hay Babies: entraînantes, authentiques
Avant de chanter Some People, Vivianne Roy a expliqué que les Acadiennes des Hay Babies avaient fait un voyage à Nashville pour entendre du bon country, mais qu’elles avaient vite déchanté. «Ça faisait juste des covers».

C’est en Louisiane qu’elles ont trouvé ce qu’elles cherchaient et ça a donné Tintamarre, brillant album d’un succulent mélange de country, de folk et de rock dont les chansons ont presque entièrement fourni le programme de leur prestation de milieu de soirée.
Le concert qui en résulte a été aussi redoutablement entraînant que d’une adorable authenticité. Ces fières Acadiennes, qui parfument leurs chansons de sarriette, sont capables de mener du train sur une scène. Leur électrisante interprétation de Miroir a d’ailleurs récompensé les spectateurs qui ont fait fi du froid pour arriver tôt sur les Plaines.
Menoncle Jason: divertissant personnage
«Je m’appelle Menoncle Jason pis je viens d’un petit village au sud-est du Nouveau-Brunswick qui s’appelle Memramcook.» C’est ainsi, à 19h, que nous sommes entrés dans l’univers coloré de ce chanteur country à la superbe barbe fournie, à l’accent acadien à couper au couteau et à l’absence totale de filtre.

«On avait une stratégie dans notre jeune temps pour faire de l’argent: faire pousser de la marijuana qu’on vendait dans le stationnement de l’épicerie. Mais on ne peut plus faire ça à cause du gouvernement», a raconté le divertissant personnage avant de chanter Bill de Hydro (les profits de la vente servaient à payer la facture d’électricité, avons-nous compris).
Sa courte prestation a pris fin sur une chanson au titre... étonnant, Halle ta marde, qu’il a chantée après avoir raconté s’être rentré un clou dans un doigt la semaine passée.
Pour vrai, on aimerait le revoir, mais dans un contexte plus intime.