Saint-Roch: Marchand dénonce une campagne de «peur» du candidat de Hamad
Jackie Smith demande le retrait de Napoléon Woo de la course électorale après ses propos controversés sur les itinérants

Stéphanie Martin et Taïeb Moalla
Bruno Marchand, maire sortant de Québec, a dénoncé lundi la campagne de «peur» que mène le candidat de Sam Hamad dans Saint-Roch sur l’itinérance.
La première semaine de campagne électorale à Québec s’est amorcée sur la controverse qui ne s’est pas apaisée au courant de la fin de semaine. Elle concerne le candidat de Sam Hamad dans Saint-Roch–Saint-Sauveur, le restaurateur Napoléon Woo.
Vendredi matin, M. Woo avait affirmé qu’une «culture» de l’itinérance existait à Saint-Roch, que les itinérants étaient logés, nourris, vêtus gratuitement et que le centre d’injection les gardait «accrochés» à la drogue.
Des propos qui «nous divisent»
Ces commentaires ont été dénoncés de toutes parts en fin de semaine, tant au plan politique que par les groupes communautaires.
Le maire sortant Bruno Marchand a publié un statut sur Facebook lundi matin, déplorant ces propos. «Nous ne ferons pas campagne sur la peur des plus vulnérables de notre société. Nous ferons campagne sur nos solutions pour les aider et nos idées pour bâtir une ville plus humaine», a-t-il écrit. Selon lui, «ce genre de propos nous divisent, déshumanisent les personnes itinérantes et nous éloignent de la solution».
M. Marchand a par ailleurs exprimé sa «sincère admiration» pour les groupes communautaires qui œuvrent sur le terrain.
Au moment d’écrire ces lignes, Sam Hamad n’a pas répondu à la demande d’entrevue du Journal. Mais sur les ondes de BLVD lundi matin, il a défendu son candidat. «C’est un gars qui est frustré, comme la majorité des citoyens de Saint-Roch. [...] Il a eu des problèmes dans son restaurant, il a souffert de ce qui arrive dans Saint-Roch. C’est un être humain frustré, il a sorti ce qu’il pensait sans faire un filtre.»
Retrait réclamé
Réclamant le retrait de M. Woo de la course électorale, Jackie Smith, cheffe de Transition Québec, a affirmé lundi, au Journal, que «ses propos sur l’itinérance sont déplacés. Il ne fait pas partie de la solution. Je ne vois pas comment un ancien ministre de Solidarité sociale (Sam Hamad) peut recruter quelqu’un qui a de la misère avec le communautaire».
La candidate à la mairie de Québec a ajouté que M. Woo «met le blâme sur le dos des personnes les plus vulnérables et ne propose pas de solutions pour sortir les gens de ce traumatisme».
De son côté, Claude Villeneuve, chef de Québec d’abord, n’a pas formellement réclamé la tête de M. Woo. Cela dit, «si Sam le garde, il va falloir penser que M. Hamad assume ces propos inacceptables et irrespectueux, a-t-il avancé. Dire que les gens du secteur communautaire sont des parasites, c’est complètement erroné, irrespectueux et ça ne va pas dans le sens de la solution. S’il était dans mon équipe, je ne le garderais pas.»
M. Villeneuve a toutefois tenu à dire qu’il «comprend la détresse des gens de Saint-Roch» qui vivent au quotidien des problèmes liés à l’itinérance.
En 2023, lors de deux consultations publiques, M. Woo a tenu des propos du même acabit, selon ce que Radio-Canada a rapporté. Il avait critiqué les organismes communautaires qui «pleurent pour de l’argent».
«Si on atteint l’itinérance zéro, ils vont pleurer [encore] plus parce qu’ils vont perdre leurs jobs», avait-il lancé.
Extraits des propos de Napoléon Woo et des consultations publiques
«Vous avez environ 42 organismes communautaires qui veulent de l’argent. Ils pleurent pour de l’argent. Je comprends pas ça parce que s’il y a l’itinérance zéro, ils vont pleurer [encore] plus. Ils vont pleurer plus parce qu’ils vont perdre leur job.»
–Napoléon Woo, en juin 2023
«Si vous êtes drogué, vous avez juste à aller à Point de repères, à côté du parc Jean-Paul-L’Allier, où ce qu’il y a plus personne qui va parce que c’est plein de drogués autour. Après ça, vous allez à SABSA pas loin, vous pouvez vous injecter là. Tsé, ça coûte rien.»
«Le safe supply a commencé à Vancouver. Pour pas que des gens meurent, ils leur donnent la drogue gratuit. Je veux savoir si Québec [...] va envisager ça. Déjà, vous fournissez des aiguilles, déjà, vous fournissez une place pour que le monde se pique. Déjà, vous testez la drogue pour eux autres. Je veux savoir si vous envisagez le safe supply.»
–Napoléon Woo, en juin 2023
«Tant du côté de Point de repères, de la coop SABSA que de Lauberivière, il y a des vies humaines qui ne seraient plus aujourd’hui si ces organismes-là n’avaient pas été là pour les accompagner.»
–Marc De Koninck, conseiller stratégique en habitation et développement social, Ville de Québec, en réponse à Napoléon Woo, en juin 2023
«Vous avez des OC [organismes communautaires] qui font du bullying sur les réseaux social [sic] quand vous êtes pas d’accord avec leur vision.
–Napoléon Woo, en février 2023
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