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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Sacre du PSG: les violences et la réponse sécuritaire en question

AFP
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2025-06-02T17:34:32Z
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La victoire du PSG en Ligue des champions samedi a été ternie par des incidents à Paris et en régions. Ces violences sont-elles inédites ? Et un dispositif policier massif est-il efficace pour assurer le bon déroulement de festivités qui réunissent des centaines de milliers de personnes ?

Quels incidents en marge des festivités ?

La victoire du Paris SG contre l'Inter Milan a été endeuillée en France par la mort d'un mineur de 17 ans à Dax (Landes), tué d'un coup de couteau, et celle d'un jeune homme à Paris.

La soirée de samedi a aussi été émaillée de nombreux incidents, dont le pillage de quatre enseignes à Paris, ce qui a déclenché une polémique sur le dispositif de sécurité mis en place, notamment dans le secteur des Champs-Élysées. Près de 200 personnes ont été blessées et un policier a dû être placé en coma artificiel dans la Manche.

Un important dispositif de sécurité était pourtant déployé dans l'agglomération parisienne, avec quelque 5400 policiers et gendarmes mobilisés, selon la préfecture de police.

Les forces de l'ordre ont procédé à 563 interpellations dans la nuit de samedi à dimanche dont 491 à Paris, qui ont conduit à 307 gardes à vue. Au total, 79 autres personnes ont été interpellées la nuit suivante. Un nombre d'interpellations «totalement inédit» sur un week-end, a relevé lundi sur BFMTV le préfet de police Laurent Nuñez.

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Les consignes «étaient très claires: c'était d'intervenir systématiquement, immédiatement, dès qu'il y avait des exactions», a souligné lundi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, qui s'est félicité d'un nombre d'interpellations et de gardes à vue «record».

À titre de comparaison, au cours de l'Euro-2016 en France, le ministre de l'Intérieur de l'époque, Bernard Cazeneuve, avait fait état de 1550 interpellations sur un mois.

Ces violences sont-elles inédites ?

Des célébrations sportives majeures ont été endeuillées et émaillées d'incidents par le passé.

Le 12 juillet 1998, plus d'un million et demi de personnes s'étaient rendues sur «la plus belle avenue du monde» pour célébrer la victoire des Bleus sur le Brésil au Mondial de football. Des scènes de liesse endeuillées par la mort d'un homme, tué par une conductrice paniquée qui avait foncé dans la foule, blessant aussi 150 autres personnes. Un autre conducteur, un Britannique en état d'ébriété, avait lui blessé dix personnes sur l'avenue alors qu'il tentait de se frayer un chemin parmi la foule en liesse.

Vingt ans plus tard, les Bleus sont sacrés champions du monde pour la seconde fois le 15 juillet 2018: des centaines de milliers de personnes se rassemblent sur les Champs-Élysées et des incidents éclatent, avec le pillage de plusieurs magasins, dont le Publicis Drugstore.

Au total, 292 personnes sont placées en garde à vue dans toute la France lors de cette nuit festive marquée dans plusieurs grandes villes, comme Lyon et Marseille, par des échauffourées opposant les forces de l'ordre à des groupes de «casseurs».

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Forces de l'ordre: un nombre et une intervention adaptés ?

Les policiers et les gendarmes étaient-ils assez nombreux, compte tenu des foules présentes dans les rues de la capitale ?

Environ «5400 policiers (et gendarmes), bien sûr que c'était suffisant. On a empêché de nombreux incidents et dégradations», a affirmé Laurent Nuñez lundi.

La veille, il s'était interdit de parler «de réussite puisqu'on s'était quand même fixé comme objectif qu'il n'y ait pas de dégradation de commerce... Or, il y en a eu».

Mais «on ne peut pas parler non plus d'un échec. Vous aviez des milliers de personnes qui sont venues pour commettre des exactions et qui, pour la plupart des cas, en ont été empêchées», avait-il ajouté. Jeanne d'Hauteserre, la maire LR du 8e arrondissement de Paris, qui englobe les Champs-Élysées, a elle évoqué lundi sur RMC une «population» qui «se déplace rien que pour défier les forces de l'ordre».

Mais des supporters venus célébrer la victoire de leur équipe se sont plaints des tirs de gaz lacrymogène des policiers et gendarmes, un groupe lançant à l'AFP: «Ils abusent, on est là pour faire la fête, on n'est pas tous des casseurs».

«Nous intervenons par la force uniquement quand il y a des dégradations, quand il y a des violences, des prises à partie des fonctionnaires», répond M. Nuñez.

Lassé des critiques, le délégué national du syndicat Alliance Police nationale, Éric Henry, se «demande encore comment les collègues peuvent rester professionnels et ne pas lever les bras en disant ‘’c'est bon, débrouillez-vous !’’»

Le syndicaliste déplore des exactions de la part de jeunes «venus pour casser» et réclame «une réponse pénale à la hauteur de l'enjeu», avec «une certitude de la peine» pour qu'elle soit dissuasive.

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