SAAQclic, un véritable bal des mensonges: voici les éléments contradictoires démontrant que certains ont menti devant la commission d’enquête publique

Rémi Nadeau – analyse
Vous regardez la commission d’enquête publique sur SAAQclic et vous avez l’impression de vous faire emplir? Vous n’avez pas la berlue. Bienvenue au royaume des payeurs cocus.
Versions contradictoires, invraisemblances, demi-vérités et protection politique s’alternent au fil des témoignages de la commission devant faire la lumière sur le fiasco.
Juste un court rappel: le projet de numérisation des services de la SAAQ devait coûter 458 M$, puis le VGQ a révélé que la facture atteindra au moins 1,1 G$.
Administrateurs, dirigeants de la SAAQ, employés politiques et ministres ont défilé jusqu’ici avec leurs versions parsemées de trous.
Voici des points importants à éclaircir qui démontrent notamment que certains ont menti et/ou caché des pans de vérité:
– Au départ, pourquoi tout ce scandale a pu avoir lieu, alors qu’une lanceuse d’alerte a prévenu l’ex-gouvernement libéral des conflits d’intérêts et des mauvaises pratiques du patron de l’informatique de la SAAQ, Karl Malenfant, en 2017?

– Comment le PDG Denis Marsolais a pu écouter ses vice-présidents donner de fausses informations sur l’état du projet au conseiller du ministre François Bonnardel Alain Généreux lors d’une réunion sans les recadrer? Et ensuite, dire seulement dans le creux de l’oreille de l’employé politique qu’il faudrait 200 M$ de plus?
Devant la commission, Généreux, qui est un fidèle de la première heure de Bonnardel, a soutenu qu’il n’avait aucun souvenir de cette réunion! Le ministre, lui, soutient que Marsolais a menti. Que c’est impossible qu’un patron de société d’État avertisse d’un dépassement de coûts important avec autant de désinvolture.
Qui dit vrai? Est-ce que Marsolais, un vieux routier, a cherché à protéger le ministre en chuchotant l’info au conseiller sans laisser de trace écrite à l’approche de l’élection de 2022?

– Comment se fait-il que le ministre des Transports François Bonnardel n’ait «pas de souvenir» d’avoir échangé sur le dossier avec son collègue du Numérique, Éric Caire?
Soit Caire était inutile, soit Bonnardel a dormi en ne sollicitant pas son expertise. Des feux jaunes sont apparus, c’est un des plus coûteux projets informatiques sur la table, avec une incidence directe sur les services aux citoyens, et le ministre n’a pas eu d’échanges avec celui qui doit être le king de l’informatique au gouvernement?
Pincez-moi, je rêve.

– Est-ce possible que la cheffe de cabinet de Bonnardel ait donné son aval à la SAAQ, comme elle l’a affirmé sous serment, pour que de mauvais chiffres soient communiqués aux élus de l’Assemblée nationale sans en parler à son patron? C’est assez grave, merci.
Les députés responsables de la saine administration des dépenses publiques ont été trompés, avec l’accord du cabinet Bonnardel. Le ministre soutient que cette information n’est jamais remontée jusqu’à lui. Qu’il ne l’aurait jamais permis. Pourtant, en début de témoignage, il a vanté sa «maudite bonne équipe».

– Comment se fait-il que François Bonnardel et son cabinet n’aient pas assuré une transition plus rigoureuse lorsque Geneviève Guilbault a pris les commandes aux Transports?
Dans un document remis à la nouvelle ministre, seulement six lignes résumaient la situation du projet SAAQclic, «au vert». La ministre Guilbault aurait pu aussi exiger davantage d’informations...

– Alors que la SAAQ a fourni des chiffres à Geneviève Guilbault et son cabinet faisant état des 230 M$ ajoutés à la facture du projet en juin 2023, comment peuvent-ils prétendre avoir appris le dépassement de coûts uniquement lors du dépôt du rapport du VGQ, en février 2025?
Et dire qu’il reste encore à entendre notamment le ministre Éric Caire, le cerveau du projet, Karl Malenfant, et l’autre ex-PDG Éric Ducharme, qui a fait la sourde oreille malgré les avertissements des vérificateurs internes de la SAAQ.
Soupir...