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L'article provient de TVA Nouvelles

SAAQclic: mais où était l’UPAC?

Daniel Pelletier, directeur de la vérification et de l’évaluation des programmes de la SAAQ de 2016 à 2024
Daniel Pelletier, directeur de la vérification et de l’évaluation des programmes de la SAAQ de 2016 à 2024 Photo fournie par COMMISSION D’ENQUÊTE SUR LA GESTION DE LA MODERNISATION DES SYSTÈMES INFORMATIQUES DE LA SOCIÉTÉ D’ASSURANCE AUTOMOBILE DU QUÉBEC
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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2025-05-29T04:00:00Z
2025-05-29T04:15:00Z
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Ceux qui doutaient de l’utilité d’une commission d’enquête sur le fiasco SAAQclic doivent se raviser.

À lui seul, le témoignage de Daniel Pelletier, ex-directeur de la vérification à la SAAQ, nous a permis de prendre connaissance de faits troublants: tentation de piger dans le fonds réservé aux accidentés de la route; le PDG Denis Marsolais, trompé sur les dépassements de coûts.

De plus, on a appris que deux de nos chiens de garde, l’Unité permanente anticorruption (UPAC) et l’Autorité des marchés publics (AMP), se sont intéressés au dossier SAAQclic.

Il fallut toutefois attendre la sagacité d’un autre d’entre eux, la Vérificatrice générale du Québec, pour attirer réellement l’attention sur ce projet gangréné.

Responsabilités

Le libéral Monsef Derraji a raison de voir dans ce fiasco un cas de potentielle «irresponsabilité» ministérielle: «L’autonomie d’une société d’État n’exempte pas le ministre de sa responsabilité politique.» C’est bien dit. Et espérons que le juge Gallant osera aborder ce sujet dans son enquête.

Mais qu’en est-il de la responsabilité de nos chiens de garde?

Peu après le lancement raté de SAAQclic, en février 2023, l’UPAC a, selon Pelletier, rencontré des employés de la boîte: «Ils voulaient avoir des informations supplémentaires quant à des contrats de 2016.» Ce n’était pas trop tôt...

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Dès avril 2018, Pierre-Paul Biron, du Journal, publiait un article prémonitoire: Risques de dérapage autour d’un mégaprojet informatique d’un demi-milliard de dollars à la SAAQ.

Qu’ont fait nos chiens de garde à ce moment? Alors que des sources avaient osé sonner l’alerte? Alors qu’un journaliste, suivant les règles de l’art, a pu corroborer leurs dires?

L’AMP n’était pas encore en activité.

Mais l’UPAC? Difficile de savoir ce qu’elle a fait. Depuis le départ brutal du sulfureux Robert Lafrenière, l’UPAC se veut plus que discrète. Il s’agit, nous dit-on, de protéger l’intégrité d’une éventuelle preuve. D’accord...

Gluant

De toute manière, l’UPAC aurait dû commencer à enquêter sur le monde gluant de l’informatique il y a 15 ans déjà. En 2012, le VG par intérim Michel Samson a dénoncé la gestion des contrats informatiques au Québec. Sur les 38 qu’il a examinés, 17 qui ne comportaient qu’une seule soumission; 12, deux soumissions seulement. Collusion, corruption? «Il y a des risques importants», a admis Samson.

Depuis, qu’a fait l’UPAC pour assainir l’informatique? Certes, en 2015, elle épinglait un ancien patron (d’Informatique EBR) et un ex-fonctionnaire québécois. Mais depuis, on a l’impression que ses enquêteurs ont consacré trop d’énergie à des dossiers du type «faux passeports vaccinaux».

Soyons justes. L’UPAC n’a pas totalement négligé la SAAQ. Début 2025, elle sévissait contre un mandataire; et ensuite, contre un employé travaillant dans un point de service.

Tout cela rappelle cependant une déclaration remontant à 2010 de Jean-Yves Dagenais, alors président d’une association de policiers: «Des petits poissons auraient été saisis. Est-ce qu’on est loin des requins blancs?»

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