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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

SAAQclic: c’est la faute à Toto!

Photo Adobe Stock
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Photo portrait de Richard Martineau

Richard Martineau

2025-08-26T04:00:00Z
2025-08-26T04:15:00Z
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Quand j’étais petit, l’excuse la plus populaire quand tu n’avais pas fait tes devoirs à l’école, c’était: «Mon chien a mangé mon devoir.»

Ou alors: «Ma grand-mère est morte.» (Pour la troisième fois en deux ans.)

Maintenant, quand tu te fais pincer dans un scandale, c’est: «Je l’savais pas!»

Ou: «Ils m’ont menti!»

Lâche la patate!

Ce sont les deux phrases qu’on entend le plus souvent à la Commission sur le fiasco de SAAQclic.

«Mais votre propre cabinet était au courant du dépassement des coûts!

— Ah, je l’savais pas! On ne me l’a pas dit! Quelqu’un ne m’a pas transmis ces informations! On m’a berné! On m’a menti!»

Bref, c’est pas ma faute, mais celle de Toto.

C’est lui, le responsable.

Moi, je suis juste ministre.

J’ai toujours cru que «Je l’savais pas» n’était pas une bonne excuse quand tu occupais un poste de direction.

Car ta job, c’est justement de savoir.

C’est pour ça qu’on te paie. Pour que tu saches.

Mais depuis quelques années, «Je l’savais pas» est devenu une excuse acceptable.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

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Tout le monde la sort.

Personne ne sait.

Tout le monde s’est fait berner.

Personne n’est responsable.

C’est la version moderne de shit happens.

Papa passe la patate chaude à Toto, qui la passe à Titi, qui la passe à Momo, qui la passe à Mama, et ainsi de suite.

Conclusion: c’est la faute à personne.

«Une erreur de communication.»

Le courriel s’est perdu dans la machine.

Résultat: personne n’est blâmé.

«Lâche pas la patate», chantait l’autre.

Eh bien, quand tu te fais pincer dans un scandale, non seulement il faut que tu lâches la patate, mais tu dois la lancer dans les mains de ton voisin au plus sacrant.

Pour que, lorsque l’alarme signalant la fin de l’exercice sonne, ça soit lui qui soit pogné avec.

Et pas toi.

Les trois singes

Bref, on se retrouve avec des consultants (payés à fort prix) qui escroquent, des fonctionnaires qui mentent et des ministres qui ne savent rien.

Le singe qui ne voit rien, le singe qui n’entend rien et le singe qui ne dit rien.

Sacré beau portrait de la machine qui nous gouverne!

Les personnes qui sont responsables de la bonne marche de la machine disent qu’ils n’ont aucun pouvoir sur la machine!

C’est rassurant en maudit, non?

C’est comme ça partout.

Prenez le système de santé. Vous y comprenez quelque chose, vous?

Plus j’entends les experts, moins je comprends.

Le ministre blâme les corporations professionnelles qui blâment le ministre qui blâme les syndicats qui blâment les cadres qui blâment le top gun qui blâme l’ancien ministre qui blâme le nouveau ministre qui blâme...

Bref, c’est encore la faute à Toto!

Tout le monde se passe la patate, et personne n’est responsable.

Et c’est comme ça, quelle que soit la couleur du gouvernement élu.

C’est jamais la faute de quelqu’un.

C’est ce qu’on voit présentement: tous les acteurs de ce fiasco se passent la patate en espérant que, lorsque la cloche sonne, ça soit l’autre qui soit pogné avec.

C’est la chaise musicale.

Pauvre Toto.

C’est toujours lui qui se retrouve debout à la fin.

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