Pénible transformation numérique: le PDG de la SAAQ, Denis Marsolais, perd son poste
Une tête roule à la SAAQ

Nicolas Lachance
La haute direction de la Société d’assurance automobile du Québec n’a pas résisté à sa pénible transformation numérique. Le conseil des ministres a décidé de remercier le PDG Denis Marsolais et de le remplacer par Éric Ducharme.
• À lire aussi: L’intelligence artificielle et le bordel informatique
• À lire aussi: Il nous faut des «top guns» du numérique
Le couperet est tombé: le déploiement catastrophique de SAAQclic aura mené à la rétrogradation de son PDG Denis Marcolais. Le conseil des ministres a entériné la nomination de son successeur, mercredi. Il s’agit d’Éric Ducharme, homme de confiance du gouvernement, actuel secrétaire du Conseil du trésor et ancien PDG de l'Agence du revenu du Québec.

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a affirmé qu’un PDG doit livrer les services aux citoyens. Force est de constater que ceux-ci «ont été altérés», a-t-elle dit pour expliquer le congédiement de Denis Marsolais.

- Écoutez l'édito de Mario Dumont diffusé chaque jour en direct 15h30 sur QUB radio:
Évaluation
Le premier ministre François Legault avait promis «d’évaluer» le travail du PDG de la SAAQ. Il avait dénoncé les «graves problèmes de planification à la SAAQ.» Le conseil des ministres a décidé de tasser M. Marsolais à la suite de cette évaluation.
Le lancement en janvier dernier de la nouvelle plateforme numérique SAAQclic a provoqué une transition chaotique et de longues files d’attente à l’extérieur des points de service de la SAAQ.
La SAAQ avait suspendu de nombreux services durant trois semaines pour réaliser son importante mise à jour des systèmes. La reprise avait provoqué des problèmes techniques, de la lenteur, des pépins de paiement et de longues files d’attente à l’extérieur des centres de service, et ce, en plein hiver. Encore aujourd’hui, certains de ces problèmes persistent.
«On ne peut pas penser qu’on va fermer des bureaux pendant trois semaines, et que la journée qu’on va rouvrir, qu’il n’y aura pas un impact», avait critiqué le premier ministre.
Exaspérée
Selon nos informations, l’exaspération de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a récemment atteint ses limites.
En mars dernier, elle avait pris la décision d’écourter sa mission en Suède et de revenir au Québec afin de gérer la crise à la SAAQ.
Depuis, sept jours sur sept, elle fait le bilan du projet avec la haute direction. Que les citoyens ne reçoivent pas les services auxquels ils ont droit irritait Mme Guilbault, a-t-on appris.
Pourtant, Denis Marsolais a une feuille de route bien remplie. Il a été président de la Chambre des notaires du Québec, sous-ministre au ministère de la Justice et de la Sécurité publique, président de la Commission municipale du Québec et coroner en chef.
«Mais la question nous était posée : Allez-vous faire le ménage là-dedans et tout ça? Après ça, si on juge qu'il y a des choses qui ont été faites de manière insatisfaisante, bien, c'est de m'assurer qu'il y ait la bonne personne à la bonne place», a justifié la ministre.
Mardi, notre Bureau parlementaire avait dévoilé que la SAAQ se lançait également dans un projet de reconnaissance faciale. Rapidement, Geneviève Guilbault a réclamé la suspension de ce projet, soutenant que «les défis auxquels est confrontée la SAAQ en termes de transition numérique» sont déjà assez grands.
L’avenir de M. Marsolais se poursuivra dans des emplois supérieurs.
Responsabilités
Le solidaire Haroun Bouazzi a réagi en plaidant que le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, «ne peut pas se dérober de ses responsabilités et des fiascos des dernières semaines», peu importe qui est nommé au poste de PDG de la SAAQ.»
«Tel un bouc émissaire, le PDG se fait congédier dans la foulée du fiasco SAAQClic, mais cela ne rend pas imputables les ministres Geneviève Guilbault et Éric Caire. Ils en sont ultimement responsables», a fait valoir la libérale Michelle Setlakwe.
Chronologie d’une saga à la SAAQ
26 janvier dernier: la SAAQ ferme ses services en ligne pour implanter sa mise à jour.
20 février: la reprise des services avec le nouveau module SAAQclic est catastrophique avec des files de deux heures d’attente par endroit. Elle est jumelée à la mise en service du premier jalon de l’identité numérique mené par Éric Caire.
21 février: les problèmes à la SAAQ s'accentueront jour après jour.
8 mars: le ministre de la Cybersécurité et du Numérique se défend et jette le blâme sur la SAAQ.
10 mars: Québec affirme que la SAAQ n'en a pas fait assez en matière de communication.
10 mars: la ministre Guilbault annonce la suspension, pour 90 jours, du renouvellement des permis.
14 mars: le PM François Legault affirme qu'il évaluera le travail du PDG de la SAAQ, Denis Marsolais, et du conseil d'administration.
16 mars: Éric Caire admet le fiasco à la SAAQ.
5 avril: le PDG Denis Marsolais est retiré de l’organisation.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.