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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

[À VOIR] Fiasco SAAQclic: une vérificatrice dénonce en pleurs la culture néfaste de la SAAQ

Le PDG Éric Ducharme a étouffé les alertes internes et a poursuivi la transformation numérique avec les mêmes opacités

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Photo portrait de Nicolas Lachance

Nicolas Lachance

2025-06-17T16:15:01Z
2025-06-17T21:40:33Z
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Une vérificatrice de la SAAQ déplore que le PDG Éric Ducharme ait préféré étouffer les alertes internes et maquiller le fiasco SAAQclic. En larmes, elle a dénoncé la «culture néfaste» de l’organisation et affirmé que la transformation numérique avait été une expérience «violente» pour certains.

Pour une deuxième journée de suite, M. Ducharme a été mis sur la sellette devant la commission Gallant.

Cette fois, c’est une vérificatrice de la SAAQ toujours en poste, Nadia Brière, qui a eu le courage de dénoncer publiquement une gestion douteuse des contrats encore perpétuée par l’organisme (voir plus bas).

Elle a lu une lettre dans laquelle elle affirme que la direction a mis beaucoup de pression sur des employés pour livrer SAAQclic.

«Pour certains l’expérience fut violente, certains ont laissé leur vie», a-t-elle déclaré, la voix cassée par l’émotion, tout en critiquant la «culture néfaste» du silence qui règne à la Société.

«Ce n’est pas vrai que tous les gens de l’organisation sont des incompétents ou des menteurs. Je ne crois pas que tout le monde ait été silencieux. Mais peut-être qu’on a voulu qu’ils le soient. Il fallait trouver une voie de passage.» – Extrait d’un texte lu par la vérificatrice de la SAAQ, Nadia Brière
«Ce n’est pas vrai que tous les gens de l’organisation sont des incompétents ou des menteurs. Je ne crois pas que tout le monde ait été silencieux. Mais peut-être qu’on a voulu qu’ils le soient. Il fallait trouver une voie de passage.» – Extrait d’un texte lu par la vérificatrice de la SAAQ, Nadia Brière Capture d’écran Commission d’enquête sur la gestion de la modernisation des systèmes informatiques de la Société d’assurance automobile du Québec
Coup final
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Plus tôt, elle a expliqué comment le PDG de la SAAQ, Éric Ducharme, qui était en pleine tourmente, avait préféré promouvoir l’une des architectes du fiasco et étouffer les alertes internes. Il aurait poursuivi la transformation numérique avec les mêmes méthodes opaques et coûteuses qui ont coulé SAAQclic.

Lundi, l’ex-vérificatrice Marie-Line Lalonde avait également dénoncé l’attitude du PDG lors d’une rencontre tendue en janvier 2024.

Selon elle, M. Ducharme n’avait aucun intérêt pour les rapports et recommandations de la direction de la vérification.

«C’était comme se faire cracher dessus», a-t-elle déclaré.

Nadia Brière a affirmé que cette rencontre avait été le «coup final» ayant mené au départ de la majorité des membres de l’équipe de vérificateurs.

Elle aurait alors informé M. Ducharme que la gestion des contrats était toujours problématique. «Ce n’était pas beau», lui a-t-elle dit.

Le PDG serait resté de marbre

À la même époque, M. Ducharme a promu Caroline Foldes-Busque au poste de vice-présidente aux affaires numériques, en remplacement de Karl Malenfant, le grand manitou de SAAQclic. Mme Foldes-Busque, bras droit de Malenfant, incarnait pourtant la continuité après un déploiement catastrophique.

«Pour notre équipe, ça nous a coupé les jambes. On croyait à une occasion de changer la culture», a confié Mme Brière.

Les avocats de la SAAQ ont demandé que M. Ducharme puisse témoigner rapidement pour donner sa version des faits. Mais le commissaire Gallant a tranché: le PDG devra attendre la fin de l’été pour comparaître.

Une culture d’omerta

Selon Nadia Brière, la transformation numérique se poursuit avec les mêmes méthodes et la même opacité.

Un projet de rapport qu’elle a remis à ses supérieurs en mars 2025 est accablant: dépenses supplémentaires, fractionnement de contrats, enveloppes budgétaires vidées avant la fin des mandats et mauvaise utilisation des fonds publics.

Déjà évaluée à 1,1 milliard $, la facture du projet pourrait encore grimper.

Ses supérieurs avaient assuré qu’ils acceptaient tous ses constats. Pourtant, avant son témoignage devant la Commission, un document de la direction réfutant ses allégations lui a été présenté, un document qu’elle n’avait jamais vu.

Elle a demandé des explications, mais les avocats de la SAAQ auraient demandé à ses supérieurs de ne pas lui en parler.

L’ex-PDG de la SAAQ Denis Marsolais doit commencer son témoignage mercredi matin.

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