COVID-19: sa fille est plongée dans le coma
Une mère multiplie les entrevues pour convaincre les sceptiques d’aller se faire vacciner


Frédérique Giguère
Après avoir multiplié les entrevues au sujet de sa fille de 21 ans qui repose aux soins intensifs à cause de la COVID-19, une mère de famille se réjouit que son message de sensibilisation ait convaincu plusieurs personnes à se faire vacciner.
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«On a touché plusieurs familles avec notre message, même la livreuse de pizza m’a dit récemment qu’elle irait se faire vacciner après avoir entendu l’histoire de Mélodie, raconte Sophie Léger, dont la fille souffre depuis près de trois semaines du virus. Ce n’est pas facile pour moi de raconter l’histoire de ma fille au grand public, mais je le fais pour elle, je le fais en son nom.»
Mélodie Trépanier Léger, une jeune femme de Salaberry-de-Valleyfield, sur la Rive-Sud de Montréal, a commencé à ressentir des symptômes le 17 septembre. Son état s’est dégradé rapidement, si bien que sa mère a dû la forcer à aller à l’urgence une semaine plus tard.
«Elle était vraiment très malade à la maison, je lui ai donné un ultimatum, soit tu entres dans l’auto, soit j’appelle l’ambulance», raconte la mère.
Complot gouvernemental
Une fois à l’hôpital et malgré son état de santé extrêmement fragile, Mélodie refusait toujours de passer un test de dépistage COVID. Elle n’a jamais cru au virus et était convaincue qu’il s’agit d’un complot gouvernemental pour contrôler le peuple.
Peu de temps après son admission, elle a été transférée aux soins intensifs de l’hôpital Royal Victoria, à Montréal. Les médecins ont dû la brancher sur un respirateur artificiel et la placer dans un coma afin de lui sauver la vie.
Elle y est depuis près de deux semaines et n’a toujours pas ouvert les yeux. Son état demeure critique, mais stable, selon sa mère.

Comme toute sa famille, à l’exception de son conjoint, Mme Léger n’est pas vaccinée, mais ce sera bientôt chose faite, assure-t-elle. Tous ont été atteints par le coronavirus en septembre, ajoute celle qui éprouve encore des ennuis de santé.
Selon elle, ses enfants se sont alimentés de désinformation sur les réseaux sociaux au fil des derniers mois.
«Pour Mélodie, plus le gouvernement nous confinait et plus elle perdait de liberté, plus elle se radicalisait dans sa pensée», explique-t-elle.
Les idées complotistes auxquelles la jeune femme adhérait et pour lesquelles elle militait provenaient principalement de Facebook, Instagram et TikTok.
Méfiance
Mélodie n’avait jamais douté du système de santé avant ni de la science. La pandémie a fait naître quelque chose de nouveau chez elle, une forme de méfiance qui ne s’était jamais manifestée avant, assure sa mère, qui avait elle-même ses doutes sur le vaccin avant l’hospitalisation de sa fille.

Si Mme Léger prend la parole maintenant, c’est pour faire réaliser aux gens à quel point il est essentiel de s’informer convenablement, particulièrement lorsqu’il s’agit de santé.
«Mélodie a attendu trop tard, elle a frôlé la mort et n’est vraiment pas sorti du bois encore. Je supplie les gens d’aller se faire vacciner. Je demande aux gens de ne plus écouter la désinformation médicale qui circule partout sur internet et de s’informer directement à leur médecin s’ils ont des questions. Ce sont eux les meilleurs pour nous répondre.»
Plusieurs critiques
Même si elle doit faire face à de nombreuses critiques depuis ses sorties médiatiques, Mme Léger se réjouit que son message ait résonné dans son entourage. Des dizaines de personnes lui ont mentionné que l’histoire de Mélodie les avait convaincues d’aller se faire vacciner.
«Jusqu’à la toute dernière minute avant que je l’embarque pour l’hôpital, on dirait que Mélodie pensait que maman arriverait avec un médicament magique, dit-elle. Mais non, il n’y a pas de médicament magique. La COVID, c’est grave.»