Russie-Ukraine: qu’est-ce qu’il y a à négocier?


Normand Lester
Au moment de lire ces lignes, vous saurez si Poutine a accepté l’invitation de Zelensky de le rencontrer ce matin en Turquie après que le dirigeant russe eut appelé à des négociations directes entre la Russie et l'Ukraine. Trump pourrait aussi être de la partie. Le mégalo égocentrique pense que la participation de Poutine tourne autour de lui: «Il aimerait que j'y sois, et c'est une possibilité... Je ne sais pas s'il serait là si je n'y suis pas.»
Russophones et donc Russes
Quoi qu’il en soit, au cœur d’éventuelles négociations seront les «régions russophones à statut spécial» de l'est et du sud de l’Ukraine, qui, selon Moscou, ne devraient pas faire partie de l’Ukraine en raison d’une population importante s'identifiant comme russe. Ce concept a été utilisé par la Russie pour justifier l’annexion de la Crimée en 2014.
Ce n’est qu’en 1954 que la Crimée, russe depuis 1783, avait été rattachée à l’Ukraine par Nikita Khrouchtchev. Les Criméens, russophones à 82% et d’origine russe à 68% ont voté dans un référendum - bien sûr uniquement supervisé par Moscou - en faveur de leur réunification avec la mère patrie.
Le concept de statut spécial pour les régions russophones est utilisé par la Russie pour légitimer ses interventions en Ukraine et son soutien aux séparatistes des régions où le russe est largement parlé: Donetsk, Louhansk, Kharkiv et Zaporijia.
La Russie affirme protéger les droits des russophones opprimés en Ukraine et lutter contre leur répression par Kyïv et leur assimilation culturelle.
Moscou a déjà reconnu les Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Louhansk comme entités indépendantes. Elles sont bien évidemment téléguidées de Russie.
Négociations impossibles
Le gouvernement ukrainien rejette fermement l'idée d'un statut spécial pour toute région fondée sur la langue ou l'origine ethnique, affirmant l'ukrainien comme seule langue d'État qui reflète l’identité nationale.
L'Ukraine maintient aussi qu'aucune région ne devrait se voir accorder une autonomie ou un statut spécial qui porterait atteinte à sa souveraineté. Il ne reste donc pas grand-chose à négocier?
D’ailleurs, le droit international reconnaît la souveraineté de l'Ukraine et l'inviolabilité de ses frontières. De nombreux pays, dont le Canada et l'Union européenne soutiennent l'Ukraine dans ses revendications contre la Russie.
La seule façon possible de trouver une solution à ce conflit pourrait être d’organiser dans ces régions un référendum supervisé par les Nations unies.
Répondre de ses crimes
Mais pour une paix juste et équitable, il faudrait aussi que la Russie et ses dirigeants doivent répondre des crimes de guerre et des violations des droits de l'homme perpétrés dans les territoires ukrainiens illégalement occupés. Il faudrait pour cela un changement de régime à Moscou. Ce n’est pas demain la veille!
Comme a averti hier le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres: «L'échec d’un accord de paix qui ne respecterait pas l'intégrité territoriale de l'Ukraine porterait atteinte au droit international et provoquerait le chaos dans le monde entier.»