Rues en déroute: que des «plasters» malgré des années de retard d'entretien à rattraper
«Le Journal» a demandé à ses lecteurs d’envoyer des photos de rues qui mériteraient d’être nommées comme les pires du Québec

Anouk Lebel
Les rues des municipalités québécoises font dur et les Villes n’ont pas les moyens de faire autre chose que de patcher à court terme tellement le manque d’entretien persiste depuis des années.
«On n’a pas entretenu dans le temps correctement, ce qui fait qu’on a beaucoup d’années de retard», avance Alan Carter, professeur à l’École de technologie supérieure.
L’état déplorable des routes du ministère des Transports est bien connu dans la province, mais qu’en est-il des rues gérées par les municipalités?
Le Journal a demandé à ses lecteurs d’envoyer des photos de rues dont l’état est si lamentable qu’elles mériteraient d’être nommées comme les pires du Québec.
Nids-de-poule d’une taille impressionnante, craques qui n’en finissent plus, chaussée qui laisse entrevoir des rails de chemin de fer ou tramway....

Force est de constater que de nombreuses rues partout au Québec manquent d’amour.
Un plaster sur le bobo
«Nos routes sont en très mauvais état, et ça va de mal en pis», se désole Serge Lefebvre, président de Bitume Québec, une association d’entrepreneurs en pavage et de fournisseurs de bitume.
Il estime que les investissements ne sont pas au rendez-vous pour rattraper le retard d’entretien et que les municipalités font avec le peu de budget qu’elles ont.
«Refaire une chaussée au complet, ça coûte cher. Souvent, ce qu’on fait, c’est qu’on met des plasters sur les bobos. Ça va être bon pendant quelques années, mais pas pendant 15 ou 20 ans comme ça devrait», croit-il.

Et les facteurs de délabrement sont nombreux dans les rues gérées par les municipalités.
«Sous les routes municipales, il y a souvent des infrastructures souterraines, des conduites d’eau entre autres. Chaque fois qu’on doit intervenir, on creuse dans la rue», illustre Danielle Pilette, spécialiste en gestion municipale à l’UQAM.
Elle note que de nombreuses rues gérées par des Villes comme Montréal et Québec ont été construites bien avant les autoroutes gérées par le ministère des Transports. Elles sont donc encore plus vétustes.

Plus étendu qu’en Ontario
C’est sans compter le fait que le Québec a énormément de routes pour une population d’environ 9 millions d’habitants.
L’Ontario, qui compte 16 millions de personnes, a un réseau moins étendu, entre autres en raison de sa géographie qui fait en sorte que sa population est plus concentrée dans le sud de la province.
«C’est un choix de société qu’on a fait au Québec. On a choisi de s’étendre pour que les voisins soient le plus loin possible, ce qui fait qu’on a beaucoup de routes pour très peu de personnes, et dans beaucoup de cas, elles servent très peu», explique Alan Carter.
Selon lui, dans certains petits villages et villes, il faudrait carrément déconstruire les rues en asphalte en fin de vie pour revenir à des routes granulaires.
«On est capables de faire du granulaire qui ne fait pas trop de poussière, il y a des techniques pour ça et ça coûterait beaucoup moins cher», soutient-il.