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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Rue Sainte-Catherine: cri du cœur du Reuben’s Deli

Anthony Tzemopoulos, copropriétaire du Reuben’s Deli & Steakhouse, devant son commerce mis à mal par d'interminables travaux.
Anthony Tzemopoulos, copropriétaire du Reuben’s Deli & Steakhouse, devant son commerce mis à mal par d'interminables travaux. Photo Martin Jolicoeur
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Photo portrait de Martin Jolicoeur

Martin Jolicoeur

2025-08-28T04:00:00Z
2025-08-28T05:33:35Z
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Les propriétaires de l’emblématique Reuben’s Deli & Steakhouse en ont vu de toutes les couleurs en près de 50 ans sur la rue Sainte-Catherine Ouest, mais rien de comparable avec les actuels travaux de réfection.

«Ça fait des années que nous nous retenons. Que l’on subit en silence, de peur de nous mettre la Ville à dos. Mais là, ça suffit [...]. Ça ne peut juste pas continuer comme ça.»

Anthony Tzemopoulos, copropriétaire avec son frère Adam de l’établissement cofondé par son père en 1976, manque de mots pour exprimer le désarroi qui l’habite en voyant des passants, application de GPS à la main, tenter de se frayer un chemin parmi les multiples obstacles.

État d'un tronçon éventré de la rue Sainte-Catherine Ouest hier à Montréal.
État d'un tronçon éventré de la rue Sainte-Catherine Ouest hier à Montréal. Photo Martin Jolicoeur

«Regardez ici! Et puis là! On se croirait au Moyen Âge en plein labyrinthe. Les clients connaissent leur destination, voient parfois le restaurant au loin, mais n’arrivent pas à s’y rendre tellement les grillages sont partout et l’affichage est déficient. Souvent, faute de pouvoir s’y rendre, ils finissent par annuler.»

Résultat: depuis le début des travaux entre les rues Mansfield et de la Montagne, les deux hommes d’affaires souffrent d’une chute d’achalandage et de revenus. Le Reuben’s, à l’ouest de Peel, connaît une baisse de 15% tandis que le Deville Dinerbar, sur Stanley, voit ses ventes plonger d’au moins 25%.

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• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Aucune embauche

Pour tenter de «contrôler l’hémorragie», son frère Adam explique avoir dû prendre la décision de cesser toute nouvelle embauche. 

«Comment embaucher lorsque l’avenir est à ce point incertain?»

Lors de notre passage, une pelle mécanique de Roxboro Excavation était à l'oeuvre à l'intersection des rues Sainte-Catherine Ouest et Drummond.
Lors de notre passage, une pelle mécanique de Roxboro Excavation était à l'oeuvre à l'intersection des rues Sainte-Catherine Ouest et Drummond. Photo Martin Jolicoeur

Et alors que les pertes s’amplifient, les deux frères réfléchissent maintenant à l’idée de cesser le service du Deville sur l’heure du midi, une éventualité qu’ils n’avaient jamais envisagée.

Dans ce contexte, les deux frères se plaignent de difficultés de communication. Ils saluent la mise en service d’un agent de liaison, mais déplorent le manque d’écoute du personnel de Roxboro Excavation, l’entrepreneur chargé des travaux sur ce tronçon.

Artinian Hagop, propriétaire de la nouvelle boutique Bellini, à l'intersection des rues Sainte-Catherine et Stanley, rageait de colère après avoir encore une fois échoué à faire entendre raison à des ouvriers qui venaient de bloquer l'accès à un trottoir menant à sa boutique. «Il n'y a ni raison ni logique à leurs actions. Ils vont tous nous mettre à la rue» a-t-il lancé à Anthony Tzemopoulos.
Artinian Hagop, propriétaire de la nouvelle boutique Bellini, à l'intersection des rues Sainte-Catherine et Stanley, rageait de colère après avoir encore une fois échoué à faire entendre raison à des ouvriers qui venaient de bloquer l'accès à un trottoir menant à sa boutique. «Il n'y a ni raison ni logique à leurs actions. Ils vont tous nous mettre à la rue» a-t-il lancé à Anthony Tzemopoulos. Photo Martin Jolicoeur

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«Nous devrions travailler tous ensemble. Pourquoi être obligé de montrer les dents pour la moindre demande? Lorsqu’on dit non à un commerçant, [...] c’est comme lui dire: bonne chance et tant pis si vous ne pouvez pas survivre!» lance Anthony Tzemopoulos.

Une ville consciente

La Ville dit être «consciente des impacts qu’ont les différents chantiers, dont celui de réaménagement de la rue Sainte-Catherine Ouest». En plus de la mise en service d’une agente de liaison, la Ville dit avoir mis sur pied un comité de bon voisinage pour discuter des problèmes. La première séance de ce comité est prévue vers la mi-septembre.

De chaque coté de la rue Sainte-Catherine Ouest, des clôtures métalliques retranchent plusieurs mètres de largeur des trottoirs.
De chaque coté de la rue Sainte-Catherine Ouest, des clôtures métalliques retranchent plusieurs mètres de largeur des trottoirs. Photo Martin Jolicoeur

Les deux restaurateurs s’interrogent aussi sur les raisons pour lesquelles les travaux ne sont pas faits la nuit ou 24 heures sur 24 pour en réduire la durée. 

«Des travaux 24/7 ont déjà été tentés, mais les gains sur l’échéancier n’étaient pas proportionnels aux heures travaillées, a répondu le relationniste Hugo Bourgouin. Les travaux de nuit sont généralement moins efficaces.»

Ces travaux de restauration des 2,2 km de rue, contenus entre le Quartier des spectacles et la rue Atwater sont en cours depuis 2018. Au rythme où vont les choses, ils devraient se terminer vers 2033.

Le type de signalisations qui décourage et invite surtout les visiteurs à rebrousser chemin, déplore les commerçants avec qui nous avons parlé.
Le type de signalisations qui décourage et invite surtout les visiteurs à rebrousser chemin, déplore les commerçants avec qui nous avons parlé. Photo Martin Jolicoeur

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