Rue piétonne: une expérience qui se termine trop tôt

Les piétons peuvent déambuler une dernière fois sur l’avenue du Mont-Royal, avant qu’elle ne soit rouverte aux voitures au retour de la Fête du Travail. De nombreuses personnes auraient toutefois souhaité que l’expérience soit prolongée.

«J’aimerais que ça se prolonge à l’automne. C’est trop tôt, et il y a toujours du soleil», a admis d’emblée Sandra Ulloa, propriétaire de la joaillerie Rütrafe.

À ses yeux, l’expérience a été très positive, autant pour elle que pour ses clients. «J’aime ça, ça change l’ambiance, surtout avec tout ce qu’ils ont fait en termes d’aménagement. Ça rend la rue magnifique. Moi, j’adore», a-t-elle ajouté.

Elle est loin d’être la seule à faire un tel constat. Vendredi, l’Agence QMI est allée à la rencontre des commerçants de l’avenue du Mont-Royal. Parmi la dizaine de personnes rencontrées, presque tous souhaiteraient que la piétonnisation soit prolongée de quelques semaines à l’automne.

«Je dirais qu’un mois de plus, ça n’aurait pas fait de mal. Ou peut-être ouvrir la rue piétonne plus tôt», a proposé François Crette, fleuriste et propriétaire de la boutique Les Champs fleuris, qu’il a ouvert cet été, alors que l’avenue était déjà piétonnisée.

Depuis le 8 juin, l’avenue a été fermée aux automobiles entre la rue Fullum et le boulevard Saint-Laurent, un tronçon mesurant un peu plus de deux kilomètres. Il s’agit de l’une des dix artères ayant eu droit à une telle expérience cet été.

Amanda Weisbrodt, gérante de la boutique Bubbles, estime que l’initiative contribue à améliorer l’expérience des touristes à Montréal, en raison de son côté unique.

«Je trouve ça génial. Ça s’est bien passé pour nous, il y a toujours plein de personnes. Je pense que ça donne une bonne énergie», a-t-elle constaté.

À la boutique Séduction, Jasmine et Léa comparent l’expérience de la rue piétonne à celle d’un centre commercial, qui permet aux passants de déambuler à leur rythme et de prendre le temps d’observer les vitrines des boutiques.

«Les gens ont plus le temps de s’arrêter et de donner une chance à une boutique . Il y a des gens qui ne seraient pas venus d’eux-mêmes dans le "sex-shop" autrement. Ça permet aussi d’attirer les touristes», a souligné Léa.

«Les installations sont belles. J’aurais aimé qu’on poursuive [la piétonnisation] plus loin pendant la saison. C’est vraiment plaisant, mais il y a peut-être un manque d’endroits où il a de l’ombre», a noté Jasmine.

De son côté, Alex Renaud, propriétaire de la boutique Adam et Ève, appréhende déjà la période de transition qui va suivre.

«La semaine avant que ça devienne piéton, la rue est très bordélique. On perd beaucoup de monde le temps qu’ils fassent les réaménagements. Et quand ils vont rouvrir la rue, personne ne sait qu’elle n’est plus piétonne et les gens ne viendront plus en voiture. Nos ventes chutent», a-t-il appréhendé.

En 2020, alors en pleine pandémie, la Ville avait lancé le projet pour la première fois, interdisant certaines artères commerciales aux voitures afin de permettre une meilleure distanciation sociale pour les piétons.

Estimant que l’expérience avait été un succès, l’administration municipale l’a réitérée en 2021, alors que 13 rues ont participé au projet.

En avril, la Ville de Montréal a d’ailleurs annoncé un financement de 12 millions $ afin de permettre la piétonnisation de ses artères commerciales jusqu’en 2024.

Au cabinet de la mairesse, on se dit «fier» du succès que connaissent les rues piétonnes.

«Nous pouvons confirmer que les rues piétonnes sont maintenant des projets à part entière et non des projets pilotes. En collaboration avec les marchands, les SDC et la population, nous sommes maintenant à l’étape d’étudier s’il est possible de créer des projets de piétonnisation plus long et plus nombreux pour les années à venir», a indiqué Alicia Dufour, attachée de presse.