Royaume-Uni: sous pression sur l’immigration, Starmer promet de «reprendre le contrôle» des frontières

AFP
Le premier ministre britannique, Keir Starmer, a promis lundi de «reprendre enfin le contrôle» des frontières du pays en dévoilant de nouvelles mesures pour réduire l’immigration légale, alors que l’extrême droite gagne du terrain au Royaume-Uni.
«Tous les domaines du système d’immigration, y compris [les visas] de travail, de regroupement familial, d’études, seront renforcés afin que nous puissions mieux les contrôler», a déclaré le dirigeant travailliste lors d’une conférence de presse donnée à Downing Street.
Parmi ces mesures «radicales», il faudra 10 ans, et non plus 5 ans, passés sur le territoire pour demander le titre de résident permanent ou la nationalité britannique. Et le secteur des soins aux personnes âgées, actuellement très dépendant de la main-d’œuvre étrangère, ne pourra plus recruter hors du pays.
Le niveau d’anglais nécessaire pour immigrer sera renforcé, y compris, pour la première fois, pour les adultes à charge d’un titulaire de visa. La durée pendant laquelle les étudiants étrangers pourront rester au Royaume-Uni après leurs études va également diminuer.
Ce plan doit permettre «de reprendre enfin le contrôle des frontières [britanniques]», a affirmé Keir Starmer, reprenant un slogan des partisans du Brexit.
Le Royaume-Uni risque de devenir «une île d’étrangers, et non une nation qui avance ensemble» sans une meilleure intégration, a-t-il également déclaré, s’attirant de vives critiques de la part d’ONG de défense des migrants et d’élus plus à gauche.
«Le nombre d’immigrants diminuera [de façon] significative» d’ici les législatives de 2029, a promis Starmer.
Depuis leur arrivée au gouvernement en juillet, les travaillistes promettent de réduire l’immigration nette, la différence entre arrivées et départs, qui s’est établie à 728 000 personnes entre juin 2023 et juin 2024.
Elle a atteint un record de 906 000 entre juin 2022 et juin 2023, contre 200 000 en moyenne dans les années 2010.
«Déjà à terre»
Le gouvernement a distillé ces derniers jours une grande partie de son plan, pressé de montrer qu’il répond aux électeurs après le succès du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage lors des élections locales du 1er mai.
Keir Starmer a «écouté et appris de Reform UK», a jugé lundi sur la BBC le député et chef adjoint de Reform UK, Richard Tice, tout en doutant de sa capacité à tenir ses promesses.
Pour s’assurer que les étrangers désireux de s’installer au Royaume-Uni «méritent» de rester, selon le gouvernement, il faudra 10 ans pour demander le titre de résident permanent, que 162 000 personnes ont reçu l’an passé (+35% sur un an).
Les infirmières, médecins, ingénieurs et dirigeants du domaine de l’intelligence artificielle pourront continuer à postuler au bout de cinq ans.
Le plan prévoit aussi un durcissement des conditions d’octroi des visas de travail (369 000 en 2024).
Selon la ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, les nouvelles mesures vont réduire d’«environ 100 000» par an le nombre de visas accordés.
Elles vont permettre de «rétablir l’ordre dans le système», de «tourner la page du chaos», a-t-elle déclaré devant la Chambre des communes à Westminster.
Les employeurs qui veulent recruter à l’étranger devront investir dans la formation de travailleurs britanniques.
«Le gouvernement nous porte un coup alors que nous sommes déjà à terre», a déploré Martin Green, directeur général de Care England, une association du secteur de l’aide aux personnes âgées, pour lequel la main-d’œuvre étrangère constitue une «bouée de sauvetage».
La semaine dernière, le gouvernement avait déjà annoncé vouloir restreindre l’émission de visas de travail et étudiants pour les ressortissants de pays comme le Pakistan, le Nigeria et le Sri Lanka, les plus susceptibles de demander l’asile.
Le gouvernement veut aussi pouvoir expulser plus d’étrangers condamnés pour des délits. Actuellement, ils ne le sont généralement que s’ils doivent purger plus d’un an de prison.
Outre l’immigration légale, le gouvernement est sous pression pour endiguer l’arrivée de migrants traversant la Manche à bord de petites embarcations. Quelque 36 800 sont arrivés l’an dernier, plus de 11 000 depuis le début de l’année.
Dans la nuit de dimanche à lundi, une personne est morte et plusieurs autres ont été blessées lors d’une tentative de traversée clandestine, a annoncé la préfecture maritime française.