Rouge et Or: «Ça va être une guerre de tranchées»

Simon Baillargeon
Les affrontements entre le Rouge et or et les Carabins sont habituellement de véritables guerres de tranchées. Considérant l’enjeu du prochain duel, il n’y a pas de raison que leur duel de dimanche au stade TELUS-UL soit différent.
Quatre. C’est le chiffre magique dans la mire de Glen Constantin et ses joueurs. Avec une victoire par au moins quatre points, le Rouge et Or devancerait les Carabins de Montréal au classement général.
Et advenant une victoire à Concordia (1-5) pour terminer la saison le 29 octobre, Laval s’assurerait de l’avantage du terrain pour les séries éliminatoires.
«On connaît une bonne semaine de pratique jusqu’à date. Il y a un bon focus, on comprend l’enjeu. Évidemment, il faut gagner ce match par quatre points pour finir en première position advenant qu’on gagne notre dernier match», analyse Glen Constantin, lors du traditionnel point de presse hebdomadaire de l’équipe.
Mais il tempère immédiatement.
«Il ne faut pas penser trop loin. L’important, c’est vivre dans le présent, et le présent, c’est notre préparation.»
«Une grosse bataille»
Le premier rendez-vous entre les deux équipes s’était terminé par un placement de 45 verges réussi par le botteur des Carabins Philippe Boyer. Une défaite de 21-18 qui n’a toutefois pas laissé un goût amer dans la bouche de Constantin.
«Je ne suis pas dans la business des victoires morales. Mais malgré la défaite dans le premier match, il y a des choses qu’on avait bien faites. [...] J’aime beaucoup l’esprit d’équipe en ce moment.»
La bataille s’annonce rude. Glen Constantin le sait bien avec le «grand enjeu» du match. Ses joueurs aussi en sont bien au fait. Après tout, c’est la semaine de la rivalité au stade TELUS-UL.
«C’est sûr que ça va être une guerre de tranchées. Comme on dit souvent, la game se gagne sur les lignes. [...] Ça va être une grosse bataille tout au long du match», assure l’ailier défensif William Quenneville, impatient de jouer devant une salle comble.
Salle comble
Parce que oui, le match affiche pratiquement complet. La billetterie parvient à débloquer des billets, mais cela se fait au « compte-gouttes », précise-t-on.
Il devrait donc y avoir plus de 18 000 spectateurs au stade TELUS-UL, chose qui ne s’est pas produite depuis quelques années.
«On a besoin de la foule. [...] Ça peut être un facteur pour nous», assure Constantin, qui souhaite évidemment offrir une victoire aux partisans. Mais pour y arriver, il faudra, dit-il, profiter de chaque chance dans la zone payante et se montrer radin devant l’offensive des Bleus, menée de main de maître par le quart Jonathan Sénécal.
«Je pense qu’on a continué à progresser [depuis la défaite à Montréal]. On est encore plus étanche comme défensive», juge-t-il.
«Il faut qu’on soit plus opportunistes dans le red zone. [...] On ne peut pas échanger des touchés pour des bottés de placement. Ça ne marche pas. Il faut qu’on capitalise sur nos opportunités dans le red zone.»
Constantin pense aussi «avoir son plein effectif» sur la ligne à l’attaque alors qu’il lui manquait deux partants à Sherbrooke, vendredi dernier. Du renfort bienvenu ne pourra certainement pas nuire.
«On ne se fera pas de cachette, ces deux équipes-là se connaissent très, très bien. Ces games-là sont souvent décidées sur des gros jeux ou des erreurs ou des jeux qui vont contrer des tendances», prédit Glen Constantin.
♦ Le Rouge et Or accueillera dimanche le 2 000 000e spectateur de son histoire.
UN MATCH COMME LES AUTRES... OU PRESQUE
«C’est sûr que c’est un gros match, c’est excitant, c’est le fun, c’est Montréal, c’est Québec, c’est un stade plein. Mais ça reste un match comme les autres.»
Au bout du fil, Marco Iadeluca tempère les attentes en pensant au match de dimanche au Stade TELUS-UL.
L’entraîneur-chef des Carabins de Montréal a trop d’expérience pour placer le prochain affrontement face au Rouge et Or sur un piédestal. Il préfère parler de préparation et de plan de match.
«Pour nous, c’est le sixième match de la saison. On se prépare comme tous les autres matchs», assure-t-il.
Mais Iadeluca sait pertinemment que ces joueurs sont bien au fait des enjeux de ce duel.
«On essaie de leur dire de se concentrer sur le moment présent, d’accomplir nos responsabilités et de respecter le plan de match. Mais c’est sûr qu’on ne se mentira pas. Les gars savent l’ampleur de la situation.» Plusieurs de ses jeunes joueurs en seront à leur premier match devant une foule hostile de plus de 18 000 spectateurs. Et la grande majorité de ceux-ci voudra s’assurer de leur faire savoir qu’ils sont en territoire ennemi.
Pourtant, Iadeluca ne s’en fait pas outre mesure, même «si on n’a pas vécu cette atmosphère-là depuis des années.»
«Ce sont deux équipes qui sont quand même assez jeunes. [...] Ça va être vraiment intéressant de voir comment les deux équipes vont répondre à ça. C’est sûr qu’il va y avoir des gros défis pour nous avec le bruit, mais aussi pour l’équipe locale, c’n’est pas toujours évident de jouer devant une foule comme ça. Ça crée une certaine nervosité.»
Mital surveillé de près
Lors du premier affrontement entre les deux équipes le 10 septembre dernier à Montréal, les Carabins étaient parvenus à museler le toujours dangereux Kevin Mital.
Le receveur de passes lavallois avait terminé la rencontre avec seulement six réceptions pour des gains de 47 verges.
David Dallaire, auteur de trois touchés la semaine dernière à Sherbrooke, avait lui aussi connu un match très tranquille, comme le reste des porteurs de ballon.
Marco Iadeluca sait qu’il faudra leur porter une attention particulière, mais il rappelle sagement que l’offensive du Rouge et Or ne repose pas uniquement sur ce monstre à deux têtes.
Solution
«C’est sûr qu’ils ont beaucoup d’armes. Tu ne peux pas juste te concentrer sur ces deux gars-là. Ils ont des bons porteurs de ballon et d’autres très bons receveurs. Mais on ne se mentira pas, cette attaque-là est beaucoup basée sur Kevin Mital. Quand Kevin a des gros matchs, leur attaque à des excellents matchs. Quand il en a des moins bons, c’est un peu plus difficile.»
La solution, dit l’entraîneur-chef, ne sera surtout pas de «mettre trois gars sur Kevin Mital», loin de là.
«Ils ont beaucoup trop de menaces offensives pour pouvoir faire ça. La clé c’est de diversifier ce qu’on fait et de s’assurer d’avoir à l’œil ces gars-là.»
LES YEUX SUR SÉNÉCAL
La ligne défensive du Rouge et Or connaît de bons moments et elle voudra assurément poursuivre sur sa lancée devant le quart-arrière vedette des Carabins, Jonathan Sénécal.
L’ailier défensif William Quenneville le reconnaît. Lui et ses coéquipiers de la ligne défensive devront garder à l’œil le pivot étoile de deuxième année.
«C’est un excellent quart. Il peut allonger des drives et il faut le contenir. Il faut faire en sorte qu’il coure le moins possible avec le ballon. Ils ont une très bonne ligne offensive aussi et il va falloir mettre de la pression pour que le quart-arrière soit plus stressé», avance-t-il.
Des mots qui rejoignent la pensée de l’entraîneur-chef Glen Constantin. «Il faut contenir Jonathan Sénécal. On ne peut pas se permettre de voir notre tertiaire courir partout», résume-t-il.
Effort d’équipe
Quenneville a d’ailleurs bien fait vendredi soir dernier contre le Vert & Or de Sherbrooke.
Le joueur de deuxième année a mené les siens avec deux plaqués du quart en plus de réaliser deux autres plaqués. Une performance qui le motive, à quelques jours du grand rendez-vous face aux Bleus.
«Ce n’est pas juste un effort de moi. Un effort d’équipe. C’est les autres gars sur le terrain qui m’ont permis de faire ces sacs-là», dit-il, en louangeant le travail de ses coéquipiers.
Son coéquipier Alex Duff s’attend lui aussi à un match des plus corsé «comme on a l’habitude avec Montréal.» Selon lui, les unités spéciales auront un gros mot à dire dans ce duel.
«Surtout en fin de semaine si c’est une game serrée comme on a un historique avec Montréal. Des gros retours, des gros jeux sur les unités spéciales. On dit que c’est le tiers du jeu [les unités spéciales]. Ça va être vrai à 100 %.»
«Monsieur polyvalence»
Porteur de ballon qui évolue également comme retourneur, Alex Duff a été qualifié de «monsieur polyvalence» par son entraîneur-chef Glen Constantin, aujourd'hui, lors de la rencontre hebdomadaire du Rouge et Or avec les médias.
Il faut dire que Duff accomplit tout un boulot sur les unités spéciales. Et ses responsabilités ont augmenté avec la blessure à Antoine Dansereau-Leclerc.
«Moi je tripe. Oui c’est peut-être un petit stress de plus mais moi je vois ça comme une opportunité de contribuer à l’équipe. [...] Il y a plein de gens qui voudraient faire ça à ma place.»