Roland-Garros: qui est Victoria Mboko, l’adolescente canadienne qui fait tourner les têtes à Paris?

Jessica Lapinski
Son ascension peut paraître vertigineuse, mais dans les faits, Victoria Mboko est là où elle doit être. Cela fait a un moment qu’elle est vue comme l’un des plus beaux espoirs, sinon le plus bel espoir du tennis au pays, et la jeune prodige canadienne de 18 ans a confirmé son statut mercredi, en atteignant le troisième tour à Roland-Garros, où son jeu tout en puissance fait tourner les têtes.
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Si le nom de l’Ontarienne était moins connu du grand public avant ces dernières semaines, c’est que sa carrière junior a été retardée par des blessures, dont des douleurs persistantes à un genou. Celles-ci la tenaillaient constamment, a-t-elle expliqué à notre collègue d’Open Court, plus tôt cette semaine.
En fait, les blessures lui ont fait perdre l’équivalent de deux années de jeu, même si son passage chez les juniors a été ponctué de belles performances, dont des demi-finales à Wimbledon et au US Open.

Mboko s’est aussi cherchée un peu. L’adolescente, qui parle français, la langue maternelle de ses parents, s’est exilée durant un an en Belgique, où elle s’est entraînée à l’académie de l’ancienne numéro 1 mondiale Justine Henin.
Le mal du pays
Mais le mal du pays l’a contrainte à revenir à la maison, nous a raconté récemment l’une de ses entraîneuses, Noëlle van Lottum. Depuis novembre, Mboko, surnommée «Vicky» par ses proches, partage son temps entre Toronto et Montréal, quand elle n’est pas en tournoi.
Le mal du pays n’est toutefois pas l’unique raison de son retour là où tout a commencé. La jeune joueuse commençait à trouver que son jeu perdait en agressivité, après une année passée à s’entraîner principalement sur terre battue.

Et l’agressivité, c’est la clé de son succès. Du haut de ses 5 pi 10 po, la sympathique Mboko affiche un jeu tout en puissance, comme le laisse présager ses muscles bien définis.
Son long passage sur l’ocre lui a permis d’ajouter des armes à son arsenal, dont une plus grande vitesse de déplacement.
Mais ce retour à l’entraînement sur le dur semble avoir contribué à sa montée vertigineuse au classement des derniers mois. Car oui, Mboko fait tourner les têtes à Paris, avec raison. En cinq matchs, incluant ses trois en qualifications, elle n’a pas encore perdu une seule manche.
Deux mois, cinq titres, un revers
Ce beau parcours dans la Ville Lumière ne se serait toutefois jamais produit si la Canadienne n’avait pas excellé sur l’ITF, dans l’antichambre de la WTA, en début d’année. Elle a connu deux mois complètement fous, ponctués par cinq titres. À un moment, en mars, elle montrait une fiche de 27 victoires contre un seul revers.
Autant de résultats qui lui ont permis de se faire ouvrir les portes de plus grands tournois: il y a d’abord eu le WTA 1000 de Miami, où elle a atteint le deuxième tour avant de perdre au bris d’égalité de la manche ultime contre l’Espagnole Paula Badosa, 11e mondiale.
Puis, il y a eu celui de Rome, où elle s’est qualifiée, a traversé la première ronde pour ensuite enlever une manche à l’Américaine Coco Gauff, actuellement la deuxième joueuse au monde.
S’en est suivi une finale au WTA 125 de Palerme, la semaine dernière.
Le top 100, c’est fait
Autant de solides performances ont permis à Mboko de bondir de plus de 200 rangs au classement depuis le début de l’année. Elle occupait le 333e rang en début de saison. Elle était 120e lundi.
En mars, Noëlle van Lottum mentionnait que l’objectif était le top 100. Il est maintenant atteint, mesdames: grâce à sa performance de mercredi, Mboko est déjà assurée de la 89e place lors de la prochaine parution des classements, au terme de la quinzaine.
Des parents qui ont quitté le Congo
Victoria Mboko a grandi dans la région de Toronto et s’est établie avec sa famille à Burlington, en Ontario, quand elle était toute jeune. À 4 ans, elle s’entraînait, avec ses frères et sa sœur, sous l’égide du Québécois Pierre Lamarche, qui y dirige une académie de tennis. Leur partenariat a duré huit ans.
Mais ses parents, eux, sont originaires du Congo, qu’ils ont fui pour s’installer à Charlotte, en Caroline du Nord. C’est là que la jeune joueuse est née, avant que toute la famille ne déménage au Canada. Son père travaillait la nuit pour assister à tous ses entraînements, a raconté Mboko en conférence de presse, mercredi. «Il a fait tellement pour moi, rien de tout ça n’aurait été possible sans lui.»
Un entourage francophone
Depuis son retour au pays, c’est la Française Nathalie Tauziat, l’ancienne numéro 3 mondiale, qui est son entraîneuse. Elles avaient déjà travaillé ensemble quand Mboko était plus jeune. On le mentionnait plus tôt, Noëlle van Lottum, entraîneuse en chef du volet féminin chez Tennis Canada, collabore aussi de près avec elle. Cette dernière est née aux Pays-Bas, mais elle a représenté la France durant sa carrière de joueuse, qui l’a menée au 53e rang de la WTA.