Le roi Charles III est plein aux as!

OTTAWA | La fortune personnelle du roi Charles III, qui est totalement libre d’impôts, est assez élevée pour payer ce que coûte la monarchie au Canada pendant 45 ans.

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Trois milliards de dollars. C’est le pactole sur lequel est assis le nouveau roi qui sera couronné dans tout juste une semaine, d’après un calcul effectué par le quotidien britannique The Guardian.

Comme il n’existe aucun registre public des biens royaux, pour parvenir à ce calcul, le quotidien a fait appel à une douzaine d’experts pour évaluer la valeur des voitures de luxe, propriétés, œuvres d’art, bijoux, chevaux, timbres et autres investissements connus du monarque.

On apprend ainsi que sa fortune personnelle lui permettrait d’assumer lui-même le coût de la monarchie au Canada pendant 45 ans puisqu’elle coûte aux contribuables d’ici 67 millions $ par an, d’après un calcul effectué par Le Journal en 2021. La note couvre les frais de la gouverneure générale, de ses lieutenants, des ex-gouverneurs, et des visites royales, notamment.

« Ce qui choque, c’est qu’en plus, il pige dans nos poches, gronde le député bloquiste Rhéal Fortin. Ça vient confirmer que Charles n’a pas besoin de nos 67 millions $ par année. S’il veut des représentants ici, qu’il fasse comme n’importe quelle entreprise, qu’il se les paie. »

Opaque et libre d’impôts

L’évaluation du Guardian reste approximative, puisque la monarchie britannique garde sa fortune jalousement secrète, bien qu’elle ait été acquise par le rôle public de la famille royale.

« Bien que nous ne commentions pas les finances privées, vos chiffres sont un mélange très créatif de spéculations, d’hypothèses et d’inexactitudes », a dit au média britannique un porte-parole de la Couronne qui est connu pour son opacité.

La richesse du roi bénéficie cependant des largesses de l’État britannique : un accord privilégié signé en 1993 entre la reine Elizabeth II et le gouvernement conservateur de l’époque permet à la famille royale d’échapper à l’impôt sur la succession.

Cet abri fiscal est d’ailleurs l’actif financier le plus précieux de la famille royale, souligne The Guardian.

L’opulence royale s’exhibera dans les rues de Londres le 6 mai pour le couronnement du roi qui se déplacera pour l’occasion dans un immense carrosse doré de 4 tonnes et portera une couronne en or sertie de pierres précieuses pesant plus de deux kilos.

Aucune information n’a filtré du gouvernement ou du Palais de Buckingham sur la facture du couronnement. On sait cependant que celui d’Elizabeth II en 1953 avait coûté l’équivalent de plus de 34 millions de dollars canadiens.

Appui public en berne

À l’heure où les Britanniques affrontent une inflation de plus de 10 %, la majorité (51 %) estime que l’État ne devrait pas assumer les coûts de cet événement, selon un sondage YouGov dévoilé plus tôt cette semaine. Les plus récalcitrants sont les 18-24 ans qui sont 62 % à s’opposer à financer le couronnement.

Au Canada, en octobre, le Bloc québécois a déposé à la Chambre des communes une motion qui proposait aux députés fédéraux de couper le cordon entre le Canada et la monarchie britannique. Mais elle a été battue par 266 voix contre 44.

Pourtant, l’appui pour la monarchie est en perte de vitesse au pays. En septembre, une majorité de francophones (83 %) et d’anglophones (54 %) estimaient que la monarchie était « inutile », d’après un sondage national de la firme Léger, du jamais vu.

« Les sondages sont clairement défavorables à la monarchie. Je comprends mal que mes collègues libéraux et conservateurs maintiennent cet attachement servile à un monarque étranger. C’est décevant », déplore le député Fortin.

Le chef conservateur, Pierre Poilievre, s’est même présenté à Joe Biden comme « chef de la loyale opposition de Sa Majesté », lors de sa visite en mars, ce qui n’a pas manqué de faire sourciller le président américain.

Quelques chiffres 

168 M$

Valeur estimée de la collection privée de timbres du roi, considérée comme une des plus importantes au monde. 

597,5 M$

Valeur estimée de la collection privée de bijoux du roi, qui compte 54 pièces uniques, dont une broche composée de deux imposants diamants de 94,4 et 63,6 carats. 

40 M$

Valeur estimée des 400 œuvres d’art de grands maîtres de la collection privée du roi, comprenant notamment des tableaux de Monet, Chagall et Dalí.  

1 G$

Valeur estimée du duché de Lancastre, le domaine privé du souverain britannique en tant que duc de Lancastre depuis 1399. Il contient 18 hectares de biens fonciers, d’aménagements urbains, de bâtiments historiques et de propriétés commerciales dans toute l’Angleterre et au Pays de Galles.  

10,5 M$

Valeur estimée de la flotte de 23 voitures de luxe du roi, comptant des Rolls-Royce, des Bentley et des Jaguar.  

556 M$

Valeur estimée des propriétés privées du roi, comprenant le château de Balmoral et son domaine de 20 000 hectares, propriété de la famille royale britannique depuis 1852. 

239 M$

Valeur estimée des investissements privés du roi en Bourse. 

45,5 M$

Valeur estimée des 70 chevaux de course détenus par la famille royale, acquis ou offerts en particulier à la reine Elizabeth II qui en était passionnée.