Robert Kennedy Jr. dangereux pour la santé publique


Luc Laliberté
Un peu partout dans les démocraties occidentales, les sources traditionnelles du savoir sont mises à mal.
Cette crise de confiance, savamment entretenue par des démagogues qui carburent à la désinformation, n’a jamais été aussi marquée que depuis la pandémie.
Ils sont nombreux à avoir critiqué les scientifiques dont ils ont remplacé les données par celles des charlatans et complotistes qui pullulent sur le web.
La particularité du cas américain réside ici dans le fait qu’un complotiste notoire, véritable agent de désinformation, tient désormais les rênes de la santé publique.
Danger public
Après avoir tenté sa chance comme candidat démocrate, Robert Kennedy Jr. a changé de camp et s’est plus tard rangé derrière Donald Trump.
Ce virage impressionnant lui a valu une nomination pour le poste de secrétaire pour le département de la Santé et des Services sociaux.
Dès l’annonce de sa nomination, des voix se sont élevées, partageant toutes la même crainte et la même indignation.
Le temps, à peine quatre mois, leur a donné raison. Pendant cette courte période, il a sabré dans le personnel, réorganisant inutilement un département qui se démarquait par la grande qualité de son travail.
RFK Jr. a forcé le départ du Dr Peter Marks, brillant expert qui a mené à bien l’opération de vaccination Warp Speed sous Donald Trump.
Marks est parti en affirmant: «Il est devenu clair que la vérité et la transparence ne sont plus désirées par le secrétaire, celui-ci souhaite la validation servile de sa désinformation et de ses mensonges.»
Le secrétaire a également forcé la fin de la recherche au sein de l’Institut national de santé, organisme qui œuvrait à la prévention d’éventuelles épidémies.
Le bilan pourrait s’allonger, mais je m’en voudrais de négliger son attitude irresponsable lors des plus récentes éclosions de rougeole.
Non seulement a-t-il renoncé à encourager la vaccination (efficace à 97%), mais il a également proposé la consommation de vitamine D, thérapie non éprouvée qui pourrait entraîner des effets nocifs chez certains enfantsi.
Vaccin contre la COVID
Dans la journée d’hier, le secrétaire s’est une fois de plus retrouvé sous les projecteurs pour de mauvaises raisons.
Le mouton noir du clan Kennedy a annoncé qu’on ne suggérerait plus la vaccination contre la COVID-19 aux femmes enceintes et aux enfants.
Les experts sont maintenant troublés par une décision qui ne repose sur aucune nouvelle donnée. La réputée clinique Mayo rappelle à ce chapitre qu’une femme enceinte est plus à risques de développer des complications sévères.
Non seulement les décisions de RFK Jr. me troublent et m’inquiètent pour la santé de nos voisins, mais elles m’interpellent pour notre propre santé publique.
Nous pensons souvent à l’économie ou à la défense en évoquant nos liens avec les États-Unis, mais nous pouvions également compter sur les apports de la santé publique américaine pour orienter nos décisions et nos politiques. C’est de moins en moins le cas.
iAmerican Public Health Association, 9 avril 2025