Rivière Saint-Charles: opération d’envergure pour trouver les disparus
Les deux jeunes adultes n’ont toujours pas été localisés


Dominique Lelièvre
Malgré la présence de maîtres-chiens, de plongeurs, d’un drone et d’un hélicoptère, l’opération d’envergure pour tenter de localiser deux jeunes adultes qui auraient sombré dans les eaux agitées de la rivière Saint-Charles n’a pas été concluante lundi à Québec.
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Vers 18 h dimanche, un homme et une femme dans la vingtaine seraient tombés dans le plan d’eau au parc des Saules près du pont de la piste cyclable et de la Maison O’Neill. Jusqu’à présent, les recherches se sont avérées vaines.
La thèse accidentelle est actuellement privilégiée par la police. « On fait tout ce qu’on peut pour les retrouver le plus rapidement possible », a affirmé David Pelletier, porte-parole de la police de Québec (SPVQ).

Un ami du disparu a confié au Journal que ce dernier a peut-être plongé pour secourir la jeune femme tombée à l’eau.
« C’est fort probable. Il suivait des cours de natation au PEPS. Il est ambitieux, aimable et intègre. On a essayé de joindre sa famille au Cameroun. Sa maman pleure. Elle est inconsolable », affirme Williams, qui dit avoir contribué à l’intégration du jeune homme qui vivait depuis moins d’un an sur le campus de l’Université Laval.

Les plongeurs et un hélicoptère de la Sûreté du Québec (SQ) ont été appelés en renfort. Une bonne partie de la journée, l’appareil a survolé à basse altitude la zone, en suivant méthodiquement le circuit du sinueux cours d’eau.
Les recherches se sont étendues sur plus d’une dizaine de kilomètres sur l’eau et les berges, à pied et à bord d’embarcations, jusqu’à l’embouchure de la rivière avec le fleuve Saint-Laurent.

L’unité canine du SPVQ, son escouade nautique et un drone ont également participé aux recherches. En milieu d’après-midi, les secteurs pouvant être couverts à pied avaient à peu près tous été visités.
Déjà dimanche, de nombreux efforts par les policiers et les pompiers avaient été déployés jusque tard dans la soirée.
Citoyens attristés
Les événements ont attristé de nombreux citoyens et usagers du parc, qui regardaient la rivière d’un œil beaucoup plus attentif lundi, à la recherche d’indices qui pourraient apporter des réponses aux familles.
«J’en ai la chair de poule. Même si on ne les connaît pas, ça nous fait de quoi quand même. Je marche souvent ici dans le parc, puis là, je vais avoir une petite tendance à regarder, ouvrir l’œil», lance Mario Thibault, un résident des Saules.

Des habitués avaient remarqué que la Saint-Charles était plus turbulente qu’à son habitude dimanche, probablement à cause des précipitations des jours précédents.
Lors de l’incident, son débit était d’une trentaine de mètres cubes par seconde (m3/s), selon la station ministérielle située à quelques centaines de mètres. Il était à la baisse, lundi. À titre de comparaison, il est typiquement sous 5 m3/s en été.
Sous le pont où a eu lieu le drame, on estime la profondeur de l’eau à une douzaine de pieds.
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«[Dimanche] je vous dirais que je n’aurais pas voulu tomber dedans. J’ai vu le débit et même un nageur professionnel, là, sauter dans le courant de même...», soupire M. Thibault.
Vendredi, la Société de la rivière Saint-Charles a d’ailleurs annulé la traditionnelle descente qui devait avoir lieu dimanche en raison du débit qui s’annonçait «beaucoup trop élevé». Depuis 25 ans, l’événement s’est toujours déroulé sous les 10 m3/s.
«Soyez prudents lors de vos sorties sur le bord de la rivière», a écrit l’organisme sur Facebook lundi, à la suite du drame. Celui-ci a décliné notre demande d’entrevue.
«C’est vraiment triste, surtout pour la famille. J’espère vraiment qu’ils vont les retrouver», partage de son côté Sophie Careau, une citoyenne qui n’habite pas très loin. Dimanche soir, elle s’était précipitée près des ponts de l’espace vert avec son conjoint et ses deux enfants, pour aider aux recherches.
Au moins 12 noyades cette année
Si des décès sont éventuellement confirmés, l’incident de dimanche sur la rivière Saint-Charles porterait à 14 le nombre de noyades survenues au Québec depuis le début de l’année, comparativement à 17 à la même période en 2021.
Cet événement est malheureusement représentatif d’un phénomène documenté au Québec, puisque 74% des noyades ont lieu dans des plans d’eau naturels et 4 sur 10 dans les rivières, rappelle Raynald Hawkins, directeur général de l’organisme.
«Quand on connaît la rivière, on la respecte dans tous les sens du terme, parce que des fois, elle nous paraît calme à la surface, mais en dessous il y a des courants et des vortex», souligne-t-il en conseillant de rester dans les sentiers balisés.
«Si ça n’a pas été aménagé pour vous amener près de l’eau, on n’y va pas et vous devriez considérer la rivière que pour des sports nautiques, à moins qu’il y ait une zone de baignade dûment aménagée», ajoute-t-il.
Les recherches devraient reprendre mardi.
– Avec la collaboration de Jean-François Racine