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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Le ministre Dubé «n’aime pas les menaces»: la classe politique dénonce les cliniques ayant avisé les patients qu’ils pourraient perdre l’accès à leur médecin

Le Collège des médecins «demande que cesse immédiatement» cette pratique.

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Photo portrait de Patrick Bellerose

Patrick Bellerose

2025-05-28T16:22:02Z
2025-05-29T00:00:00Z
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La classe politique à Québec dénonce l’envoi de lettres pour aviser les patients qu’ils pourraient perdre l’accès à leur médecin si le ministre Dubé va de l’avant avec sa réforme.

Plusieurs médias ont rapporté, en début de semaine, des exemples de lettres envoyées par des cliniques au sujet des impacts de la nouvelle rémunération que Québec souhaite imposer aux médecins. 

La priorisation des patients selon un code de couleurs «signifie que votre accès à votre médecin de famille pourrait être compromis si nous sommes contraints de prioriser d’autres patients qui nous seraient assignés», écrivait notamment La Clinique Fort Chambly, dans un exemple relevé par Le Journal.

Mercredi, le Collège des médecins, l’ordre qui régit la profession, a publié une déclaration affirmant qu'il «demande que cesse immédiatement l’envoi par des médecins ou leurs cliniques de communications à leurs patients portant sur le projet de loi 106». Le Collège «dénonce vigoureusement» ces lettres qui «véhiculent de fausses informations et utilisent les renseignements personnels» des patients.

La directrice de cabinet du ministre de la Santé a aussi envoyé une lettre au Collège pour dénoncer un «manquement grave» au code de déontologie des médecins.

Mardi, le président du Collège, avait annoncé l’ouverture d’une enquête.

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«Nous allons examiner cela parce que comme président, évidemment, je ne suis pas d’accord avec de telles actions», a déclaré Mauril Gaudreault devant la commission parlementaire chargée d’étudier le projet de loi 106.

Malgré tout, les médecins persistent et signent. «Pourquoi les médecins qui souhaitent informer leurs patients ne pourraient pas le faire? Si ce n’est pas eux qui le fera?» a réagi la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, en fin de journée, mercredi.

Unanimité

Mercredi matin, l’indignation était unanime au sein de l’Assemblée nationale.

«Toute instrumentalisation des patients à des fins politiques, compte tenu de ce qu’il se passe actuellement, n’est pas une bonne chose, est à proscrire», a notamment commenté le député péquiste Pascal Paradis.

«Honnêtement, envoyer des lettres à ses patients, je trouve ça limite éthique», a renchéri le libéral André Fortin.

Pour le député solidaire Guillaume Cliche-Rivard, «ce n’est vraiment pas la façon la plus judicieuse de s’adresser aux patients». «Les patients sont inquiets», souligne-t-il.

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a pour sa part déclaré qu’il «n’aime pas les menaces», en référence aux conséquences évoquées par les cliniques.

Sa réforme du mode de rémunération des médecins a mis le feu aux poudres dans le monde médical.

D’une part, Québec exigera désormais de lier 25% de la rémunération à l’atteinte d’objectifs de performance.

Mais les médecins deviendront aussi responsables, collectivement, de la prise en charge d’un groupe de patients. Ils seront invités à déléguer certaines tâches à d’autres professionnels, afin de se consacrer à des cas plus lourds.

Dans ce contexte, un patient pourrait donc ne pas voir son médecin à chaque rendez-vous, même s’il y demeurera affilié.

Vous avez aussi reçu une lettre de votre médecin ou de votre clinique pour vous avertir des conséquences que la loi 106 aurait sur leur pratique et leurs services auprès de vous? Écrivez-vous à l’adresse nouvelles@tva.ca

Avec la collaboration de Stéphanie Martin et TVA Nouvelles

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