Révolution numérique dans huit CHSLD de Montréal: ils économisent 30 minutes par jour et tournent le dos au télécopieur... ou presque!
Les employés ne prennent plus de notes manuscrites et économisent beaucoup de temps


Héloïse Archambault
Huit CHSLD de Montréal ont enfin tourné le dos aux vieux dossiers papier grâce à une révolution numérique qui permet aux employés d’économiser 30 minutes par jour et de tourner le dos au télécopieur... ou presque.
Au Centre d’hébergement de Verdun, fini le temps perdu à déchiffrer des notes médicales illisibles, à descendre quatre étages pour aller consulter un dossier ou à chercher des feuilles perdues.
«Des fois, déchiffrer certains médecins, c’était du chinois, rigole Martine Viger, assistante-infirmière chef au CHSLD de Verdun. C’est fou comme on sauve du temps.»
«Il était temps!» avoue-t-elle.
L’informatisation des CHSLD au Québec est très en retard par rapport aux cliniques médicales et aux hôpitaux. Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) Centre-Sud-de-l’Île de Montréal croit être le premier à avoir informatisé ses résidences pour aînés. À ce jour, huit CHSLD sont numérisés et sept autres sont dans le processus, a appris Le Journal.

Pas une question d’argent
Au total, le projet a coûté 200 000$ pour numériser les huit CHSLD. Ils sont branchés au système Gustave.
«Ce n’est pas une question d’argent. C’est une question d’efforts et d’avoir une stratégie. Il faut y croire, avoue M. Sergio Fernandes, directeur des ressources informationnelles au CIUSSS. Les gains sont énormes à long terme. Avec le temps, on va maximiser les innovations.»

À Verdun, les professionnels (médecins, infirmières, nutritionnistes) utilisent maintenant des ordinateurs portables pour écrire les notes médicales des consultations avec les patients. Les différents formulaires médicaux sont aussi informatisés.
Au quotidien, cela leur a permis d’économiser une demi-heure par jour. Les professionnels ont aussi accès aux informations à distance. Ceci simplifie par exemple la prise en charge d’un aîné qui se présente à l’urgence, puisque son dossier est accessible en ligne.
«On peut voir les signes vitaux, les résultats de laboratoires, c’est beaucoup plus rapide de s’orienter pour prendre une décision. Avant, on était très dépendants de l’infirmière», constate le Dr Marc André Laplante, médecin du CHSLD.
Encore des fax
«La note médicale, c’est la clé. C’est la trace des interventions, notre pensée, nos hypothèses de diagnostics, ajoute le Dr Laplante. Ça a vraiment amélioré la couverture de soins et la sécurité des patients.»
Si ça semble simple de l’extérieur, cette transition pour sortir le papier est «douloureuse», avoue M. Fernandes.
«C’est extrêmement complexe. Ça semble facile, mais il y a beaucoup d’interconnexions entre chacune des branches, avoue le directeur, à propos du réseau de la santé. Je ne sais pas s’il y a des business aussi complexes que ça.»
Depuis ce virage, l’utilisation du télécopieur a grandement diminué. Or, l’outil demeure essentiel pour les prescriptions de médicaments, puisque les pharmacies l’utilisent. On espère réussir à l’éliminer complètement d’ici juillet 2026 grâce à un autre logiciel.
«Avant, on classait les fax religieusement. Maintenant, je les regarde directement en ligne», souligne le Dr Laplante.
«L’objectif, c’est de faire disparaître l’ensemble des fax», jure M. Fernandes, qui a été approché par plusieurs CISSS pour copier le modèle d’informatisation.