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L'article provient de Le Journal de Québec
Éducation

Revivez l'ambitieuse construction du campus de l'Université Laval en 18 photos d'archives

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Photo portrait de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (collaboration spéciale)

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (collaboration spéciale)

2022-09-04T04:00:00Z
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L’Université Laval naît en 1852. Sa principale mission est de donner un enseignement de qualité aux francophones du Québec. La théologie, la médecine, le droit et l'art y sont enseignés. Dans la première moitié du XXe siècle, l’Université Laval diversifie son offre d’enseignement et augmente ses activités de recherche. S’ensuit alors une hausse de la population étudiante. Le Séminaire dans le Vieux-Québec est surpeuplé et ne suffit plus. Il faut alors sortir de la ville.

Université Laval, Vieux-Québec.
Université Laval, Vieux-Québec. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, P90399). Photo P. Carpentier

1) Un campus moderne

Monseigneur Maurice Roy et autres dignitaires sur le chantier de la cité universitaire.
Monseigneur Maurice Roy et autres dignitaires sur le chantier de la cité universitaire. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, D2591, P314-50-1D). Photo G. Driscoll

En 1925, l'Université commence à sortir du Vieux-Québec, notamment en construisant le pavillon des sciences à Sainte-Foy. Si, au départ, le campus de l’Université Laval est morcelé entre le Vieux-Québec et Sainte-Foy, l’administration universitaire rêve de construire un vaste campus en banlieue de la ville de Québec, à l’image des campus américains.

Entre 1942 et 1955, l’Université Laval achète plusieurs terrains agricoles et forestiers dans les villes de Sainte-Foy et de Sillery. Notamment, près de 900 000 $ seront dépensés pour acheter une superficie de 2,5 km2. C’est Ernest Lemieux, professeur à l’Université, qui propose le projet d’édification d’une cité universitaire moderne qui sera adopté. Soucieux de tirer les enseignements des bons et mauvais coups des autres universités, plusieurs dignitaires de l’administration universitaire visitent des campus américains et européens afin de s’en inspirer. 

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Architectes Fiset et Royer travaillant aux plans de la cité universitaire.
Architectes Fiset et Royer travaillant aux plans de la cité universitaire. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, D2591, P315-50-4D). Photo G. Driscoll

2) Édouard Fiset et sa vision

Façade de la Faculté d’arpentage et de génie forestier.
Façade de la Faculté d’arpentage et de génie forestier. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, D2591, P307-50-1UC). Photo G. Driscoll

L’architecte Édouard Fiset, qui plus tard sera l’architecte en chef de l’Expo 67, est choisi pour établir le plan directeur de la cité universitaire de Sainte-Foy. 

Le projet est ambitieux. On prévoit ainsi la construction de 41 bâtiments situés dans quatre secteurs distincts qui rappellent la croix des armoiries de l’Université Laval. Des jardins à la française inspirés de Versailles et des Champs-Élysées sont prévus. On planifie également la construction de galeries souterraines qui s’étaleront sur plusieurs kilomètres. Ce vaste campus est conçu pour recevoir près de 15 000 étudiants. En 1952, alors qu’il est toujours en construction, près de 4000 étudiants fréquentent déjà l’université. 

Monseigneur Maurice Roy et autres dignitaires sur le chantier de la cité universitaire, rue de la Terrasse.
Monseigneur Maurice Roy et autres dignitaires sur le chantier de la cité universitaire, rue de la Terrasse. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, D2591, P314-50-6UC). Photo G. Driscoll

C’est en 1950 qu’ont débuté les premiers travaux. Très vite, un premier pavillon est construit, celui de la Faculté d ’arpentage et de génie forestier. 

3) Les avenues

Vue sur la route du Vallon bordant le site de la nouvelle cité universitaire.
Vue sur la route du Vallon bordant le site de la nouvelle cité universitaire. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, D2591, P306-50UC). Photo G. Driscoll

Pour accéder au nouveau campus et pour faciliter la mobilité, des travaux sont effectués sur quatre axes routiers importants. À l’ouest, on prévoit la construction de la route du Vallon à deux voies. On prévoit également le prolongement de la rue Saint-Cyrille au nord (aujourd’hui le boulevard René-Lévesque). L’avenue du Grand Séminaire ainsi que l’avenue de la Terrasse formeront le tracé routier embryonnaire du campus. Ces quatre axes routiers seront construits pour un total de 6,5 km. 

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Prolongement de la rue Saint-Cyrille.
Prolongement de la rue Saint-Cyrille. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, D2591, P303-50-1UC). Photo G. Driscoll

Malgré le prolongement de routes publiques, l’administration de l’Université Laval tenait à garder un caractère privé à ses voies de circulation. Le plan prévoit ainsi des avenues bordées d’arbres et bien éclairées par le biais de l’électricité transportée dans les tunnels courant sous le campus. La terre extraite lors de la construction de ces avenues servira à remblayer les terrains environnants.

Vue sur un trottoir nouvellement construit le long de la rue de la Médecine.
Vue sur un trottoir nouvellement construit le long de la rue de la Médecine. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, D2591, P291-50-3D). Photo G. Driscoll

4) Excavation et préparation

Une partie de l'emplacement de la cité universitaire.
Une partie de l'emplacement de la cité universitaire. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, D2591, P302-50UC). Photo G. Driscoll

Le chantier lancé en 1950 emploie près de 325 ouvriers. Un camp de matériaux est élevé sur le site du futur campus. Ce dernier permet l’entreposage des matériaux et la transformation de ceux-ci à même le chantier de construction. 

Camp des matériaux.
Camp des matériaux. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, D2591, P298-50-7D). Photo G. Driscoll

Pour préparer le terrain du chantier, on procède au déboisement, au nivelage et au dynamitage des terrains choisis. Par la suite, la construction des tunnels souterrains débute. On creuse de profondes tranchées de près de 3 m de profondeur et de 4,5 m de largeur. 

Terrassement par tracteurs et pelle mécanique.
Terrassement par tracteurs et pelle mécanique. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, D2591, P311-50-6D). Photo G. Driscoll

Les galeries souterraines permettront d’acheminer l’eau, l’électricité et le téléphone à travers le campus. Le choix de la galerie souterraine n’est pas anodin. Ces dernières évitent la pollution visuelle du campus en cachant les poteaux et les fils électriques. Qui plus est, cela permet de protéger les différents services publics (électricité et téléphone) des intempéries. 

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Dynamitage de la roche.
Dynamitage de la roche. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, D2591, P305-50-2D). Photo G. Driscoll

5) Béton armé et coffrage

Bétonnage du sol des galeries.
Bétonnage du sol des galeries. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, D2591, P297-50-4D). Photo G. Driscoll

Alors que les tranchées des futures galeries souterraines sont déjà creusées, les ouvriers construisent le coffrage pour contenir le béton et l’armature en double treillis d’acier des tunnels. Le béton est préparé sur le site même des travaux. 

Ouvriers travaillant sur l’armature d’une galerie souterraine.
Ouvriers travaillant sur l’armature d’une galerie souterraine. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, D2591, P289-50-2D). Photo G. Driscoll

Pendant l’été 1950, pas moins de 2000 m de galeries sont construits et bétonnés. Pour ce faire, les ouvriers utilisent 50 000 sacs de ciment, 8600 tonnes de pierre, 5000 tonnes de sable, 40 tonnes de chlorure de calcium, 50 000 livres de pouzzolite et 1300 tonnes d’acier d’armature. 

Mise en place de liège.
Mise en place de liège. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, D2591, P304-50-2D). Photo G. Driscoll

Une fois terminés, ces tunnels devraient pouvoir soutenir jusqu’à 90 000 livres de charge. Pour isoler du froid ces tunnels en construction et pour absorber la condensation, on place des panneaux de liège d’un pouce et demi d’épaisseur dans la partie supérieure des tunnels. 

En 1950, les ouvriers installent donc pour 150 000 pieds carrés de liège dans les tunnels du nouveau campus.

Machinerie bétonnant une galerie souterraine.
Machinerie bétonnant une galerie souterraine. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, D2591, P297-50-14D). Photo G. Driscoll

6) Les services

Électriciens posant les conduits pour l’éclairage des galeries et des rues.
Électriciens posant les conduits pour l’éclairage des galeries et des rues. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, D2591, P289-50-1UC). Photo G. Driscoll

Les galeries souterraines sont indispensables pour amener les services publics (téléphone, eau, électricité et égouts) aux nouveaux pavillons qui seront construits ultérieurement. De plus, le réseau de distribution offert par les tunnels permet de centraliser la gestion des services publics. 

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Ouvriers installant des canalisations d’eau.
Ouvriers installant des canalisations d’eau. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, D2591, P301-50-6D). Photo G. Driscoll

La voie centrale du tunnel permet un accès rapide aux câblages et à la tuyauterie advenant un bris. Sur les parois latérales des tunnels, les ingénieurs placent les câbles chargés de transmettre l’électricité et le téléphone aux nouveaux bâtiments. 

Sur la paroi du plafond, ils installent les câbles électriques chargés d’alimenter l’éclairage des avenues du campus. 

Les nouveaux souterrains permettent également l’acheminement de l’eau potable à la cité universitaire. Les canalisations d’eau sont situées à l’intérieur des tunnels. Ces tuyaux d’alimentation en eau sont rattachés aux conduites de la municipalité de Sillery. 

Ouvriers travaillant dans une galerie souterraine.
Ouvriers travaillant dans une galerie souterraine. Archives nationales à Québec (E6, S7, SS1, D2591, P296-50UC). Photo G. Driscoll

En 1950, on prévoit que ces nouvelles canalisations pourront fournir jusqu’à 1 800 000 litres d’eau au campus quotidiennement. Sillery a permis également le raccord des égouts du campus à son système déjà existant.

L’été 1950 marque le commencement de la construction de la cité universitaire. Ce chantier titanesque a canalisé énormément de ressources et des centaines d’employés. Grâce à ces grands travaux, le rêve de la cité universitaire sur le plateau de Sainte-Foy est devenu réalité, ouvrant la voie à la construction de nouveaux pavillons et à la formation de milliers d’étudiants. 


Un texte de Marc-André Dénommée, archiviste, Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Références

  • «Laval la cité se construit». [En ligne]. 
  • Leclerc, R. (2013). Le campus de l'Université Laval : lieu de modernisation d’une institution universitaire catholique et du Québec. Études d'histoire religieuse, 79(2), 41–54. https://doi.org/10.7202/1018593ar
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