Révision des ordres professionnels: plus de pouvoirs aux infirmières et pharmaciens

Patrick Bellerose
Québec poursuit son dépoussiérage des actes réservés aux médecins. Désormais, un pharmacien aura le droit de prescrire certains médicaments pour un problème de santé mineur, comme une infection urinaire, tandis qu’une infirmière clinicienne pourra diagnostiquer un trouble mental.
• À lire aussi: Un nouveau projet de loi pour faciliter l’accès à la première ligne en santé
La ministre Sonia LeBel a déposé un important projet de loi, mardi, pour moderniser 46 ordres professionnels.
Cet important chantier permettra notamment de donner plus de latitude à certains professionnels de la santé, afin de décharger les médecins de famille qui croulent sous la demande.
Dans un premier temps, le gouvernement Legault élargit à nouveau les pouvoirs accordés aux pharmaciens depuis quelques années.
Ceux-ci pourront dorénavant prescrire eux-mêmes des médicaments pour une maladie courante. La liste demeure à déterminer par règlement, mais on peut penser à une infection urinaire ou une conjonctivite, par exemple.
«Quand on a une infection urinaire, on le sait. On pourra maintenant aller voir le pharmacien, on n’aura plus besoin de passer par un médecin pour avoir la prescription», a expliqué la ministre responsable de l’application des lois professionnelles.
Pilule contraceptive
Autre avancée intéressante, les pharmaciens auront la capacité de prolonger les ordonnances de médicaments, sans limites de temps.
Terminée, donc, l’époque où les femmes devaient passer voir leur médecin pour renouveler une prescription pour la pilule contraceptive.
Idem pour les problèmes de santé chroniques, comme le diabète. «Maintenant, en exerçant son jugement clinique, il n’y a pas de limites», souligne Sonia LeBel.
Toutefois, le pharmacien pourra, en tout temps, exiger que le patient consulte à nouveau son omnipraticien, avant d’accorder le renouvellement.
Québec n’est pas en mesure, pour le moment, d’évaluer le nombre de rendez-vous ainsi libérés chez les médecins. «Quand on aura la liste des maladies courantes dans le règlement, on pourra en faire le calcul», explique Mme LeBel.
Santé mentale
Dans un second volet, le projet de loi 67 prévoit que plusieurs professionnels pourront désormais diagnostiquer certains troubles en matière de santé mentale.
Plus précisément:
- Les psychologues pourront diagnostiquer les troubles mentaux, incluant la déficience intellectuelle, et les troubles neuropsychologiques, sous réserve de détenir une attestation de formation.
- Les conseillers d’orientation et les infirmières, sous réserve de détenir une attestation de formation, auront le droit de diagnostiquer les troubles mentaux (à l’exception de la déficience intellectuelle pour les infirmières).
- Les sexologues pourront diagnostiquer les troubles sexuels.
- Les conseillers d’orientation obtiennent le droit de diagnostiquer des retards mentaux.
- Les orthophonistes auront les mêmes pouvoirs pour les troubles du langage ou des troubles d’apprentissage en lien avec le langage.
Selon l’Ordre des psychologues du Québec, cette modification met «fin à la confusion sémantique qui perdure».
En effet, de nombreux professionnels avaient le droit d’«évaluer», mais pas de poser un diagnostic.
«Il faut rappeler qu’encore aujourd’hui, dans certaines situations, un diagnostic médical est exigé pour permettre l’accès aux services, à des prestations financières, à des accommodements liés à l’emploi ou à des exemptions fiscales», écrit l’organisme dans un communiqué co-signé par plusieurs autres ordres professionnels, dont le Collège des médecins.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.