Revenu Québec réclame plus de 3M$ au propriétaire du Groupe Mach, Vincent Chiara
Le magnat de l’immobilier Vincent Chiara est dans la ligne de mire du fisc pour des déclarations de revenus, dont certaines vieilles de 25 ans


Jean-François Cloutier
Le magnat de l’immobilier québécois Vincent Chiara a des ennuis avec Revenu Québec, qui lui réclame plus de 3 millions $, notamment pour des déclarations de revenus qui remontent à plus de 25 ans.
Selon des documents obtenus par notre Bureau d’enquête, Revenu Québec allègue des dépenses déduites injustifiées, incluant des billets de hockey et de golf, des revenus non déclarés et des transactions «trompe-l’œil». Chiara est dans la ligne de mire de Revenu Québec pour la période de 1998 à 2007. Il conteste ces allégations.
À la tête du Groupe Mach, Vincent Chiara gère plus de 45 millions de pieds carrés et plus de 250 propriétés au Canada, dont plusieurs immeubles phares tels que le 1000, de la Gauchetière et la Tour KPMG, dans la métropole, et le Complexe Jules-Dallaire, dans la capitale.
«NÉGLICENCE FLAGRANTE»
Revenu Québec juge que certains manquements de Vincent Chiara sont si graves qu’elle souhaite lui imposer une pénalité de 215 000$, en plus de lui réclamer les impôts impayés.
«C’est sciemment ou dans des circonstances équivalant à de la négligence flagrante que [Chiara] n’a pas déclaré [un] gain [en capital] à la défenderesse. [...] Le faux énoncé ou l’omission décelée sont répétitifs», martèle le fisc.
L’homme d’affaires et le fisc se préparent à croiser le fer dans le cadre d’un procès prévu pour février 2026.
Toutefois, les ennuis de Chiara avec Revenu Québec découlent d’une vérification de ses affaires qui a eu lieu dans les années 2000.
Pas moins de 31 avis de cotisation ont été remis. Chiara a accepté d’en payer un certain nombre, mais en a contesté d’autres.
L’affaire a traîné en longueur pendant des négociations et, à cause de l’incapacité des parties de s’entendre, des recours judiciaires, qui se sont eux aussi étirés, ont été entrepris par Chiara dans les années 2010. C’est la raison pour laquelle tout le dossier n’a pas encore été jugé sur le fond.
ACRIMONIEUX
Le fisc a déposé un recours, autorisé par la juge Nathalie Chalifour, en janvier, pour réclamer 4000$ en frais d’avocats au promoteur «en raison des manquements importants jusqu’à maintenant constatés».
Chiara estime de son côté s’être fié aux avis de conseillers professionnels réputés et d’expérience pour ses impôts et ne pas avoir fait preuve de négligence.
Au printemps dernier, un groupe mené par Vincent Chiara a mis la main sur le fabricant d’autobus électrique Lion, qui est l’une des deux seules entreprises admissibles à un programme de subvention de près de 500 millions $ issus du Fonds vert.
L’association de Chiara avec une riche famille saoudienne, les Alshowaier, a aussi fait les manchettes en août, alors que le Saoudien est discrètement en voie de devenir l’un des plus grands investisseurs immobiliers au Québec.
CE QUE LE FISC LUI REPROCHE
BILLETS DE HOCKEY ET GOLF
Revenu Québec reproche à Chiara d’avoir déduit 11 531$ à titre de frais de publicité dans sa déclaration de revenus de 2002. Ils correspondent à des frais pour des billets de hockey. Le fisc reproche aussi à Chiara d’avoir déduit 8891$ à titre de frais de publicité pour des frais de golf en 2000.
TRANSACTIONS TROMPE-L’ŒIL
Un montage contesté aurait été mis en place pour permettre à Chiara et à l’épouse d’un promoteur immobilier montréalais de se départager des immeubles qu’ils détenaient conjointement dans des sociétés prête-noms sans payer d’impôt en 2007.
REVENUS NON DÉCLARÉS
Chiara a déposé dans son compte bancaire 10 692$ de plus que les revenus de sa profession d’avocat qu’il a déclarés en 2000. Il s’agit de revenus non déclarés, selon le fisc.
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