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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Réussir malgré tout

Photo courtoisie, Julien Faugère
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Photo portrait de Louise Bourbonnais

Louise Bourbonnais

2021-09-26T04:00:00Z
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Si Michel Forget a eu une belle carrière en multipliant les rôles à la télévision, au cinéma et au théâtre, on apprend dans son autobiographie, Délinquant un jour artiste toujours, que ses débuts ont été plutôt tumultueux. C’est sans prétention et avec sincérité que l’artiste et homme d’affaires se raconte dans son livre, qui paraîtra dans les prochains jours.

La carrière de Michel Forget a pris son envol alors qu’il interprétait Mario Duquette dans l’émission Du tac au tac, un rôle plutôt loufoque. L’acteur a ensuite interprété plusieurs personnages dramatiques, tant au petit qu’au grand écran. Il suffit de penser à Bonheur d’occasion, Les tisserands du pouvoir, Aurore, L’enfant prodige, Le règne de la beauté et, bien évidemment, la série mythique Lance et compte, qui l’a rendu célèbre auprès du public de plusieurs générations grâce à son personnage, souvent explosif, Gilles Guilbault. Certes, avec cette palette de personnages, on peut dire que Michel Forget a été choyé par la vie, pourtant, rien ne le prédestinait à devenir acteur. 

  • Écoutez l'entrevue de Michel Forget avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio:  

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C’est durant la pandémie et avec l’aide de sa femme et complice, Marie Desmarteau­­­, que Michel Forget a lui-même écrit son autobiographie. « C’est Marie qui m’a poussé dans le dos, elle a été le moteur de cette aventure, car seul, je ne l’aurais pas fait », reconnaît le comédien Michel Forget, qui a travaillé durant deux ans sur ce projet et qui a trouvé difficile de replonger dans ses souvenirs.

D’emblée, on comprend que l’acteur a eu une enfance difficile, qu’il a connu l’orphelinat et qu’il a eu un père aux prises avec des problèmes d’alcool et une grand-mère qui lui servait souvent de mère. « Je me suis souvent fait brasser dans mon enfance, j’ai mangé des coups, mais le beau côté de la vie a effacé ce qui a été pénible, fait remarquer l’acteur. Je dois être fait en tôle pour avoir traversé tout ça. »

À l’adolescence, il tombe dans la délinquance, allant jusqu’à voler des caps de roues et des 45 tours. « On est entraîné et influencé par des plus vieux pour 8 $ », admet Forget, qui précise que l’on était en 1957. Sa mère décide de l’envoyer dans un centre de réadaptation, Boscoville. « C’est ce qui m’a sauvé de la délinquance », lance-t-il.

Jeune adulte, Michel Forget se retrousse les manches pour pratiquer tous les métiers possibles : plongeur, cuisinier, serveur, vendeur, conducteur de camion, livreur de mazout. Il voit même son père se suicider par pendaison. Après plusieurs détours, à laver bénévolement des vêtements de scène, en travaillant comme régisseur à Télé-Métropole, il cumulera les petits rôles sur les planches, même comme figurant pour finalement faire ses vrais débuts à la télé.

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« C’est l’émission Du tac au tac qui m’a mis sur la map », souligne le comédien. Puis il y a eu Bonheur d’occasion­­­, une belle opportunité de changer de registre, car après cela, il a surtout interprété des drames, hormis au théâtre d’été.

Le théâtre d’été

Michel Forget raconte tout le plaisir qu’il a eu pendant les tournages de la série Lance et compte, notamment lors des scènes au Colisée de Québec devant un nombre impressionnant de figurants endiablés. Une série qui s’est étendue de 1986 à 2009. « Ç’a été un fleuron glorieux de ma carrière », fait remarquer l’acteur.

On pourrait aussi dire que le théâtre d’été a été pour Michel Forget son véritable terrain de jeu. C’est au Théâtre Le Patriote, à Sainte-Agathe, qu’il rechausse des rôles loufoques tout en étant producteur. Il y passera tous ses étés pendant 12 ans, qui s’ajoutent à 11 étés au Théâtre de Sainte-Adèle. 

Mais le burlesque ne l’a pas empêché de jouer des classiques comme Le Malade imaginaire, de Molière, sur les planches de théâtres institutionnels, notamment chez Duceppe où il a joué Stanley dans Un tramway nommé Désir, de Tennessee Williams. 

Le grand déclic

C’est après avoir eu la frousse de sa vie, lorsque sa santé s’est détériorée, et qu’il a craint d’avoir un cancer du côlon, qu’il a fait un virage santé. 

« Pour moi, ç’a été la lumière rouge, confie l’acteur. J’ai dit au médecin que je devrais arrêter l’alcool et devenir végétarien. J’ai été 20 ans sans manger de viande, et aujourd’hui j’en mange très peu. »

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L’homme a eu une foule de moments heureux, avec ses chevaux de course, l’achat d’une première Porsche et ses nombreux voyages, notamment en Angleterre où vivent ses fils, mais ponctués de coups durs aussi, notamment une faillite. Mais ce qui compte le plus à ses yeux, ce ne sont pas les objets de luxe ou ses grands rôles, mais plutôt sa femme, Marie, qui est à ses côtés depuis 40 ans, et la sobriété, sa grande fierté, même s’il a fallu passer par les AA. 

Un autre grand chapitre pour l’acteur est le moment où il décide d’assurer ses finances en se lançant dans le nettoyage avec ses franchises, les Nettoyeurs Michel Forget. En somme, ce sont 30 franchises qui ont vu le jour pour finalement fusionner avec les Nettoyeurs Daoust.

Outre les affaires, Michel Forget est aussi un homme de cœur. Il s’est voué à la cause des sans-abri pendant plus de 17 ans, ayant mis sur pied la Fondation des sans-abri de Montréal.

Avec ce livre, l’acteur espère principalement être une source d’inspiration pour ceux et celles qui ont eu un départ difficile dans la vie. « Avec un peu de chance et de la bonne volonté, on peut parvenir à avoir une vie correcte », conclut-il.

L’homme de 79 ans savoure désormais une retraite bien méritée, installé dans les Laurentides dans un environnement paisible, tout en pratiquant le golf.

Plusieurs prix  

Michel Forget est lauréat de plusieurs prix Gémeaux, dont :  

  • Meilleure interprétation premier rôle masculin, téléroman Les machos – 1996.  
  • Meilleure interprétation premier rôle masculin minisérie dramatique, Les tisserands du pouvoir – 1990.    
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