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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Retrouver Émilie et Jake quatre ans plus tard

Photo Martin Alarie
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2023-11-26T05:00:00Z
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Autrice de plusieurs best-sellers, Marie-Christine Chartier raconte à ses fans la suite de l’histoire de Jake et Émilie, les deux personnages du roman Le sommeil des loutres, dans son nouvel opus L’éveil des érables. Quatre ans plus tard, il s’est passé beaucoup de choses... Ils ont vécu. Qu’est-il arrivé de leur relation ? Avec brio, Marie-Christine Chartier évoque plusieurs formes de deuil, les séparations, les chances qu’on se donne, et les victoires qui surviennent quand on n’a plus la force de les célébrer.

Quatre ans après la fin du roman Le sommeil des loutres, Émilie a 24 ans. 

Elle termine son externat en médecine. Elle a obtenu de bonnes notes et a été acceptée dans le programme de son choix pour sa résidence. Elle a fait beaucoup de sacrifices pour y arriver, mais n’arrive pas à se réjouir.

Jake, de son côté, a traversé une période difficile après sa rupture avec Émilie. Il avait déjà encaissé le choc du décès de son frère et considérait cette séparation comme le deuxième plus gros deuil de sa vie. 

Maintenant, il va mieux. Mais toutes ses certitudes volent en éclats quand il croise Émilie à la sortie d’un bar. 

Leur relation est encore teintée par les non-dits et marquée par des tensions. Oseront-ils s’accorder une seconde chance ?

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Retrouver les personnages

Marie-Christine Chartier, nouvellement installée à Montréal, parle avec enthousiasme de cette suite attendue du Sommeil des loutres

« J’avais vraiment hâte de retrouver ces personnages-là. J’étais curieuse de savoir comment ils avaient évolué dans leur vie adulte. Le Sommeil des loutres, c’est quand même le livre où mes personnages sont les plus jeunes », commente-t-elle.

« Émilie et Jake dans Les loutres étaient à la fin du cégep. Émilie avait 18 ans et Jake en avait 21. Ils étaient vraiment de jeunes adultes. J’étais curieuse de voir ce qu’ils avaient vécu, si leur relation avait duré dans le temps. Est-ce que cet amour de jeunesse s’est transformé en quelque chose de plus adulte ? »

Le roman fait des allers-retours entre le présent et le passé. « On suit l’histoire de leur relation au cours des quatre dernières années. »

Photo fournie par les Éditions Hurtubise
Photo fournie par les Éditions Hurtubise

Sentiment de vide 

L’autrice décrit le sentiment de vide ressenti par Émilie après son externat. Un accomplissement... pas célébré. Le succès qu’on ne savoure pas est-il encore tabou ? 

« Dans mon dernier roman, En plein cœur de Saturne, j’ai abordé l’anxiété. Je suis une personne anxieuse et j’ai l’impression d’être allée puiser dans mes problèmes, mes bibittes. Je l’ai fait encore dans ce roman. »

« Sans m’en rendre compte, j’ai toujours trouvé qu’Émilie me représentait, moi, à 19 ans. En relisant, je me revoyais beaucoup dans son intransigeance, dans l’apprentissage de la douceur qu’elle doit faire envers elle-même et envers les autres. »

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« Émilie a ce besoin de performer à tout prix. Elle se valide et s’estime selon ce qu’elle accomplit. C’est quelque chose qui me rejoint beaucoup. »

Marie-Christine trouve que c’est important d’en parler. 

« Souvent, on parle de ces gens-là – par exemple les étudiants en médecine – et on dit qu’ils travaillent fort. Bien sûr. Mais il y a aussi ce complexe lié à la performance et à la comparaison avec les autres. Vouloir être le meilleur. Et à quel point ça peut avoir une incidence sur ta vie, sur tes relations avec les autres. Le temps que tu accordes aux autres versus le temps que tu accordes pour accomplir tes objectifs. Émilie, c’est un bon personnage pour représenter ces thèmes-là. »

Marie-Christine Chartier, athlète de haut niveau, a souvent ressenti le sentiment de vide qu’elle décrit. 

« Je me souviens, quand je jouais beaucoup, que la réussite était attendue et donc, en réalité, c’était un soulagement. Moi, réussir, ça me soulage. Ça ne me rend pas nécessairement contente. »

EXTRAIT

« Je suis brûlée. Complètement exténuée. Mon plan pour la soirée, c’était de me rouler en boule sur mon divan en écoutant une téléréalité américaine, probablement celle où des madames faites principalement de plastique vendent des maisons très chères. J’allais prendre un verre de vin, peut-être deux, et m’endormir bercée par le son de leurs babillages. C’était un plan parfait. Sans faille. Excepté une, bien sûr.

— Il faut célébrer ! déclare Olivia en entrant chez moi sans cogner.

Je marmonne quelque chose du genre : “J’aurais jamais dû te laisser une clé”, ce qui me vaut une grimace bien sentie. »

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