Voici pourquoi des souvenirs d'été au bord d’un lac en Ontario sont à l'origine d'un roman fascinant


Marie-France Bornais
Écrivaine talentueuse et authentique, la Torontoise Carley Fortune s’est inspirée de sa jeunesse au bord d’un lac ontarien pour raconter une histoire émouvante, parfaite pour s’évader du quotidien : Tous nos étés. Dans sa version originale anglaise, le roman a été propulsé au sommet des palmarès au Canada et aux États-Unis, gagnant le cœur de milliers de lecteurs. Au tour des francophones maintenant de se lier d’amitié avec Carley Fortune et sa galerie de personnages attachants, ses souvenirs et ses descriptions d’étés inoubliables.
L’héroïne de Tous nos étés, Perséphone Fraser, a commis la plus grande erreur de sa vie il y a dix ans. Depuis, elle a dit adieu aux étés parfaits au bord du lac qui l’a vue grandir et passe désormais ses étés dans son appartement, en ville.
Percy sort avec ses amis et s’amuse... mais fait tout pour garder les gens à distance et éviter les rencontres amoureuses. Les étés au bord du lac sont chose du passé, les soirées à travailler dans le resto familial et les plongeons dans l’eau fraîche sont rangés dans un tiroir.
Un jour, elle reçoit un appel qui la renvoie à Barry’s Bay et à Sam. Justement l’homme qu’elle essaie, sans succès, d’oublier. Il y a quelques années, Percy et Sam étaient inséparables. Mais ils ont fini par se séparer. Leur attirance mutuelle sera-t-elle assez forte pour qu’ils se retrouvent, pour de bon ?

À Barry’s Bay
Carley Fortune s’est inspirée de ses années passées à Barry’s Bay, petite communauté rurale ontarienne située entre Ottawa et le parc Algonquin. En été, les estivants s’y rendent par milliers, profitant des lacs pour faire quantité d’activités nautiques.
« Je suis née à Toronto, mais nous avions un chalet à Barry’s Bay. Mon père est australien et nous avons ensuite déménagé en Australie. Quand nous sommes revenus, j’avais huit ou neuf ans. Au lieu de retourner en ville, mes parents ont décidé de transformer notre chalet en résidence principale. Nous avons déménagé à Barry’s Bay l’été précédent ma quatrième année primaire. »
« J’ai grandi avec le personnage de Sam, sur un chemin de gravier, dans la forêt, au bord d’un lac. Mes parents avaient un commerce à Barry’s Bay ; le Madawaska Valley Inn. Ils avaient un restaurant et une auberge et j’ai travaillé là. Donc j’ai beaucoup puisé dans ma propre expérience pour écrire le roman. »
Carley Fortune avait depuis longtemps envie d’écrire un roman, mais n’avait pas eu le temps de s’y placer.
« Mes parents ont vendu la maison au bord du lac il y a une dizaine d’années, mais mon mari et moi, nous louons toujours un chalet dans cette région. Pendant l’été 2020, je travaillais toujours comme journaliste. Nous étions en pleine pandémie et c’était une période très difficile. Après avoir reçu un appel particulièrement stressant, j’ai ressenti l’envie soudaine d’écrire un livre. Je me suis dit : “je suis tellement frustrée que je vais écrire un livre d’ici la fin de l’année. Je vais faire quelque chose pour moi.” Je savais que j’allais écrire sur mon enfance. »
Ses journaux intimes
Carley Fortune précise que tout le décor du roman est autobiographique, mais que l’histoire d’amour n’est pas basée sur ses propres amours d’adolescente.
« J’avais de la difficulté à me faire des amis à l’école quand je suis revenue d’Australie et je me sentais très seule. Mais l’été, la population du lac explosait : nos cousins arrivaient dans leur chalet, nos amis revenaient. C’était plein d’enfants et tellement amusant et vraiment différent de la période scolaire. »
Pendant la pandémie, Carley Fortune a relu ses 13 journaux intimes, écrits de l’âge de 7 ans à l’université.
« Ça m’a frappée de plein fouet. Les émotions, les questions, les difficultés avec les amis : il y avait des traces – légitimes – laissées par mes larmes, sur les pages. J’ai tiré de cela beaucoup de matière pour créer le personnage de Percy. »
- Carley Fortune est une journaliste primée.
- Elle a quitté le journalisme et elle écrit à temps plein depuis 2021.
- Elle a travaillé dans les plus grands médias du Canada, dont le Globe and Mail, le Toronto Life et Châtelaine.
- Elle vit à Toronto avec sa jeune famille.
- Le roman a été traduit par Johanne Tremblay, finaliste du Prix de la traduction John-Glassco 2022.
- Tous nos étés (Every Summer After, dans sa version anglaise), a été numéro un des ventes au Canada anglais l’été dernier et a trôné au sommet du palmarès du New York Times pendant 13 semaines.
- Carley Fortune travaille sur son troisième roman en ce moment.
EXTRAIT
« Je suspends la robe fourreau noire que j’ai achetée pour les funérailles et m’assois sur le lit. Je pianote sur mes cuisses en regardant par la fenêtre. J’aperçois l’extrémité nord du lac, le quai municipal et la plage publique. J’ai envie de bouger. La proximité de l’eau combinée à l’impossibilité de me rendre au chalet me dérange. J’ai apporté mon maillot de bain et une serviette, et je pourrais marcher jusqu’à la grève. Or je ne désire qu’une chose, plonger du bout de mon quai. L’ennui, c’est qu’il ne m’appartient plus. »