Retour de Stéphan Bureau: un accueil émouvant à TVA
Cédric Bélanger | Journal de Québec
Stéphan Bureau n’avait pas mis les pieds à TVA depuis qu’il avait brièvement animé l’émission L’échangeur en 2006 quand, au printemps, il a amorcé les préparatifs du prochain grand rendez-vous d’affaires publiques du vendredi soir, Le monde à l’envers. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis, mais à son grand étonnement, on lui a rapidement fait sentir que tout le monde est heureux qu’il rentre au bercail.
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«J’ai l’impression en ce moment, et c’est un peu quétaine comme formule, de rentrer à la maison comme ça m’est peu souvent arrivé, parce que je retrouve des gens avec qui j’ai travaillé il y a 25 ans, qui sont là et qui ont fait des détours pour venir me voir quand on était en train de travailler sur le pilote. Ils m’ont vraiment accueilli super chaleureusement. Ça n’est pas arrivé souvent et j’en suis très ému. Je ne pensais pas qu’ils pouvaient se souvenir qu’on a travaillé ensemble», confie l’animateur âgé de 58 ans.
Même s’il a passé la majeure partie de sa carrière de journaliste et animateur à Radio-Canada, TVA, c’est vraiment chez lui, constate celui qui a été le premier correspondant à Washington du réseau et qui a animé le bulletin de fin de soirée, de 1990 à 1997.
Deux entreprises, deux cultures différentes, fait-il remarquer.
«J’ai eu des souvenirs exceptionnels et j’ai collaboré avec des gens que j’ai beaucoup aimés [à Radio-Canada], mais, par exemple après une absence de 12 ans, quand je suis revenu à la radio, je n’ai jamais senti que je rentrais à la maison. Je ne pense pas que ce soit personnel, je pense que Radio-Canada est une auberge espagnole, c’est-à-dire qu’on y retrouve toujours ce qu’on y amène ou apporte.»
Liberté
Après cinq ans à la radio, son plus récent départ de la Société d’État, cela dit, n’a quand même pas été un émouvant au revoir avec des trémolos dans la voix.
Récapitulons les faits. L’été dernier, à la suite d’une plainte, l’ombudsman de Radio-Canada avait jugé que Stéphan Bureau aurait dû corriger ou recadrer des affirmations de son invité, le médecin français controversé Didier Raoult. Loin de présenter ses excuses, Stéphan Bureau avait répliqué, courroucé: «Je laisserai à d’autres le soin de ramper et demander pardon».
Plusieurs mois plus tard, il assure qu’il ne nourrit aucun ressentiment et qu’il a eu, «à 99,9 %» du temps, la liberté de faire ce qu’il voulait. L’ombudsman, tient-il d’ailleurs à rappeler, est une institution parallèle détachée de la SRC.
Quant à ses nouveaux patrons de TVA, il dit avoir obtenu d’eux l’assurance qu’il aurait la liberté d’inviter qui il voulait dans son studio.
«Un de nos objectifs est de faire en sorte de ne pas dénaturer l’antenne ou le groupe, mais de faire en sorte que l’écosystème de nos collaborateurs ne soit pas l’écosystème de Québecor seulement. Non seulement ils étaient d’accord, mais ça faisait partie de leurs intentions.»
«Le public aura son rôle à jouer»
Parlons-en donc, de cette fameuse émission dont la gestation a finalement été tout sauf un long fleuve tranquille.
D’abord baptisé Assoyez-vous, ce «plateau de débats et d’actualités» devait prendre l’antenne au mois d’avril, le dimanche soir, en concurrence directe avec Tout le monde en parle.
Or, après l’enregistrement d’émissions pilotes, ses artisans ont estimé que les cartes devaient être brassées. La grande première a été repoussée au 16 septembre, le temps de peaufiner le concept.
Quatre mois plus tard, l’émission s’intitule désormais Le monde à l’envers, elle sera télédiffusée le vendredi soir dans un format de 90 minutes, «pour ne pas être pressé», se réjouit l’animateur, où «toutes les opinions seront permises» et surtout, présentée devant un public présent en studio.
La présence de spectateurs plaît particulièrement à Stéphan Bureau, d’autant plus que la foule ne sera pas un simple pourvoyeur d’applaudissements sur commande.
«Le public aura son rôle à jouer. À l’occasion, il sera casté. On va faire en sorte qu’il y ait des représentants ou des gens directement interpellés par les sujets dont on risque de parler pour être capable à l’occasion de se tourner vers ce public pour qu’il ajoute ou qu’il relance la conversation.»
Liberté d’expression
Évidemment, on se doute que ce mordu d’actualité ne sautera jamais assez tôt dans l’arène des débats, d’autant plus qu’il voit présentement, depuis les coulisses, défiler aux nouvelles des sujets qui fourniraient de la matière en or pour son Monde à l’envers.
Instinctivement, il fait allusion à la décision récente du CRTC d’exiger que Radio-Canada présente des excuses pour l’utilisation en ondes du « mot en n ». « Ça aurait été un thème. Pas parce que c’est Radio-Canada, mais parce que les questions de liberté d’expression m’intéressent. »
Même si les enjeux québécois et canadiens sont assez nombreux pour meubler son émission, l’actualité internationale ne sera pas laissée de côté. La visite récente de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, à Taiwan, qui a provoqué la colère de la Chine, est un bon exemple.
«Il faudrait être bien naïf, avance Stéphan Bureau, pour croire que ça ne nous touche pas.»
Bref, vivement le 16 septembre. «J’ai hâte», conclut-il.