Retour de l’austérité en éducation: des coupures dans l’aide alimentaire et les sorties culturelles

Geneviève Lajoie et Daphnée Dion-Viens
C’est le retour de l’austérité en éducation, constatent les directions d’école. Des services aux élèves comme l’aide alimentaire, l’achat de livres de bibliothèque et les sorties culturelles feront les frais de la rigueur dans le réseau scolaire.
«On retourne vers l’austérité, c’est clairement ça et ce n’est [que] le début d’après moi», souligne Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE).
Annoncées à la veille du congé des Fêtes, les compressions de 200 millions $ pour l’année en cours imposées par le gouvernement Legault en éducation commencent à se matérialiser sur le terrain.
L’effort financier pour renflouer les coffres de l’État ne devait pas toucher les services aux enfants. Mais le message ne semble pas clair pour tous.
Certains centres de services scolaires (CSS) ont décidé de restreindre les sorties culturelles dans les cinémas et salles de spectacles, signale Nicolas Prévost, qui représente 2400 directions d’école réparties aux quatre coins de la province à l’exception de l’île de Montréal.
«J’ai entendu parler aussi de coupures [...] au niveau de l’aide alimentaire, dans l’achat de livres de bibliothèque, dans l’achat de livres en classe aussi», insiste-t-il.

Il déplore que certains CSS imposent des coupes unilatérales, sans concertation avec les directeurs d’école. Quand on leur laisse la latitude de le faire, les directions sont les mieux placées pour savoir où il est possible de retrancher des sommes d’argent sans répercussions sur les écoliers, plaide-t-il.
Des vacances forcées
Dans la métropole, les compressions prennent différentes formes d’un CSS à l’autre. Dans certains établissements scolaires, les cadres devront se résigner à vider leur banque de vacances avant l’échéance du 31 mars, soutient Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire. «Les vacances ont une valeur monétaire», explique-t-elle.
Des projets de réfection ou d’agrandissement d’écoles vont aussi passer à la trappe. Le toit d’une polyvalente devait être refait? On ne le fera pas cette année.
«Aussi, on va demander aux écoles de dépenser moins par exemple en pupitres, en chaises, en essayant de voir si on ne peut pas garder nos dictionnaires une année de plus, déplore Mme Legault. Ça nous rappelle les années d’austérité».
La pénurie de personnel aide
Ironiquement, la pénurie de personnel donne aussi un coup de pouce aux CSS qui cherchent comment réduire leurs dépenses.
C’est du moins le cas au CSS de la Côte-du-Sud, dans Chaudière-Appalaches, où les sommes qui n’ont pas été dépensées en raison de non-remplacements représentent 60% du manque à gagner imposé par Québec.
«Pour une fois, la pénurie de personnel nous aide. On est tellement en manque de main-d’œuvre qu’on comble une bonne partie de l’effort demandé juste avec ça», affirme sa directrice générale, Rachel Bégin.
Lorsqu’un employé de soutien ou un professionnel s’absente dans une école, le CSS demande désormais aux équipes en place d’évaluer comment ses tâches peuvent être réparties avant de réclamer un remplacement.
La participation des employés à des congrès de perfectionnement a aussi été annulée si les sommes requises dépassent les montants convenus dans les conventions collectives.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.