Bilan de mi-saison du Canadien: les 5 grandes déceptions
D’une équipe Cendrillon en début de saison, le CH redevient une équipe aspirante pour le boulier à la loterie Connor Bedard


Jean-François Chaumont
Une reconstruction ne se fait pas en un claquement de doigts. Ça prend du temps, de la patience. Kent Hughes et Jeff Gorton n’ont pas l’intention de gagner maintenant, mais comptent y parvenir dans le futur.
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Le Canadien suit son plan. Martin St-Louis le connaît, tout comme les partisans. Et il ne faut pas l’oublier. À la mi-saison, le Tricolore se retrouve exactement où on s’y attendait.
Avec un 27e rang au classement général, et une glissade qui devrait se poursuivre, les « Glorieux » ont encore des chances de gagner la loterie pour le prochain repêchage. Connor Bedard, le phénomène des Pats de Regina, fait rêver les fidèles de l’équipe.
Le véritable visage ressort
Pour dresser ce bilan après 41 rencontres, on doit le regarder en deux portions.
En date du 26 novembre, soit peu de temps après l’Action de grâce américaine, le CH faisait partie des équipes Cendrillon de la LNH avec un dossier de 11-9-1. À ce moment, une participation en séries restait une possibilité avec un petit écart de deux points avec la dernière équipe repêchée dans l’Association de l’Est.
Mené par Nick Suzuki et Cole Caufield et par des performances inspirées de Samuel Montembeault et de Jake Allen, le Canadien n’abandonnait jamais et déjouait les pronostics.
Mais ce groupe combatif et courageux a fini par retrouver sa réelle identité. Avec les blessures à Sean Monahan, Mike Matheson et David Savard, le Tricolore a fini par piquer du nez. St-Louis a aussi montré son impatience en expliquant les déboires de son groupe à plus d’une reprise par la présence de trop nombreux passagers. Il y a cinq grandes déceptions en cette mi-saison avec Joel Armia, Evgenii Dadonov, Mike Hoffman, Jonathan Drouin et Jake Evans.
S’il y a un rayon de lumière avec cette saison difficile, c’est que le repêchage de 2023 est décrit comme l’un des meilleurs des dernières années. Il y a beaucoup de joueurs de grands talents. En plus de son propre choix, le CH détient aussi le choix de premier tour des Panthers de la Floride, acquis dans l’échange de Ben Chiarot. Et ce choix n’est pas protégé.
Les premiers de classe
NICK SUZUKI # 14
41 pj | 15 b | 19 a | 34 pts | -8

Le poids du « C » de capitaine et la première année d’un lucratif contrat de huit saisons (7,875 millions) n’ont pas effrayé Suzuki. À la mi-novembre, l’Ontarien roulait aussi rapidement que Max Verstappen avec 23 points en 18 matchs. On croyait à une possible saison de 90 points. Mais à l’image de l’équipe, Suzuki a ralenti. Il a souffert de l’absence de Sean Monahan, le deuxième centre de l’équipe. Il est, sans l’ombre d’un doute, l’attaquant le plus créatif, mais il a besoin d’une plus grande profondeur à la position de centre pour demeurer aussi efficace.
KAIDEN GUHLE # 21
36 pj | 2 b | 12 a | 14 pts | -14

Quatre recrues, parfois même cinq recrues à la ligne bleue dans un même match. Des jeunots, Guhle est celui qui ressemble le plus à un vétéran de 28 ans. Le choix de premier tour du CH en 2020 a montré qu’il a le potentiel pour devenir un défenseur numéro un ou deux sur une longue période dans la LNH. Il a la rapidité, l’intelligence, la robustesse et le calme des bons défenseurs. Blessé au genou gauche lors de la visite à Sunrise le 29 décembre dernier, l’Albertain s’absentera pour un minimum de huit semaines. Il s’agit d’une très lourde perte.
COLE CAUFIELD # 22
41 pj | 23 b | 9 | 32 pts | -9

Caufield se dirige vers une saison de 40 buts ou plus, ce qui représenterait une première chez le CH depuis Vincent Damphousse en 1993-1994. Le numéro 22 a poursuivi sur son élan de l’an dernier après l’arrivée de Martin St-Louis en marquant à un très bon rythme. Il a déjà le même nombre de buts (23) que la saison dernière.
Les irréguliers
KIRBY DACH # 77
41 pj | 6 b | 18 a | 24 pts | -6

Centre ou ailier droit ? Kent Hughes et Jeff Gorton l’ont acquis des Blackhawks dans l’espoir de le voir remplir un poste au centre. Dach n’a toutefois pas réussi ses missions au centre, perdant beaucoup trop de mises en jeu (35,4 %). St-Louis a lancé sa saison en le plaçant à l’aile aux côtés de Suzuki et de Caufield. Il a joué plusieurs bons matchs à cette position avant de subir un ralentissement au mois de décembre, ouvrant la porte à une rotation sur le flanc droit et à un retour infructueux au centre.
JOSH ANDERSON # 17
39 pj | 11 b | 3 a | 14 pts | -12

Anderson a la rapidité et le physique de l’ailier idéal de puissance. La flamme ne brûle toutefois pas assez souvent en lui. Il a la fâcheuse tendance à s’endormir. Il est aussi limité offensivement en raison de sa faible vision du jeu.
CHRISTIAN DVORAK # 28
41 pj | 7 b | 10 a | 17 pts | -7

Dvorak est plus un troisième centre qu’un deuxième. Quand on lui demande de remplir un rôle plus important, il s’efface. Il n’a pas la rapidité requise pour être une menace constante. L’ancien des Coyotes reste fiable au cercle des mises en jeu à 52,4 %.
MICHAEL PEZZETTA # 55
24 pj | 2 b | 1 a | 3 pts | -7

Avec le surplus d’attaquants en début de saison, Pezzetta a regardé 13 des 15 premiers matchs de la passerelle de presse. Le manque d’action lui a fait mal. On n’a toutefois pas retrouvé la même intensité et la même passion qui l’habitaient à ses premiers matchs dans la LNH l’an dernier.
Les grands frères
JOEL EDMUNDSON # 44
31 pj | 1 b | 4 a | 5 pts | -17

Sur le strict plan du hockey, Edmundson ne connaît en rien une saison grandiose. S’il avait la réputation de Monsieur fiabilité lors des deux dernières saisons, ce n’est pas le cas cette année. Mais à l’image de Savard, il travaille avec les jeunes défenseurs de l’équipe. Il a une présence importante à l’intérieur du vestiaire.
BRENDAN GALLAGHER # 11
25 pj | 4 b | 5 a | 9 pts | -6

Gallagher se retrouve encore à l’infirmerie, pour soigner un autre malaise au bas du corps, probablement à une cheville. Le numéro 11 n’est plus que l’ombre de lui-même pour la production offensive et il traîne un gros contrat à 6,5 millions jusqu’en 2026-2027. Il reste toutefois un bon modèle pour les plus jeunes pour sa rigueur, sa préparation et sa détermination.
CHRIS WIDEMAN # 6
26 pj | 0 b | 4 a | 4 pts | +4

À 33 ans, Wideman comprend son rôle. Il est un septième, même un huitième défenseur. L’Américain garde toutefois une bonne attitude, ne se plaignant jamais de son sort. Ayant fait un détour dans la KHL pour revenir dans la LNH, il peut partager ses expériences avec ses jeunes coéquipiers.
DAVID SAVARD # 58
28 pj | 1 b | 7 a | 8 pts | -5

Martin St-Louis décrit Savard comme le stabilisateur de sa brigade de défenseurs. Il a pris Guhle sous son aile depuis le début du camp. Même s’il ne se retrouve pas dans la chaise idéale à plus de 22 minutes par rencontre, le Québécois montre l’exemple en jouant avec cœur et en se sacrifiant pour l’équipe. Il a déjà bloqué 85 tirs. Le CH a grandement ressenti son absence au mois de décembre.
Les passagers
EVGENII DADONOV # 63
32 pj | 2 b | 8 a | 10 pts | -9

Il y avait l’espoir de revendre Dadonov à la date limite des transactions pour un choix au repêchage ou un jeune. Cet espoir n’existe plus. Il ne faut pas oublier que les Golden Knights ont acquis le contrat de Shea Weber, un défenseur à la retraite, pour le sortir de Vegas. De cette mi-saison, l’énigmatique ailier aura provoqué une rare colère de Martin St-Louis en conférence de presse à St. Louis pour parler de son état de santé.
JOEL ARMIA # 40
29 pj | 3 b | 3 a | 6 pts | -7

La mémoire est une faculté qui oublie. Armia a marqué deux buts récemment face aux Blues de St. Louis. S’il a un peu repris vie, on ne doit pas effacer les mois d’hibernation. Il est plus un ours qu’un marqueur.
MIKE HOFFMAN # 68
29 pj | 7 b | 5 a | 12 pts | -4

Il a toujours eu cette réputation. Hoffman n’est pas l’ailier qui s’arrache le cœur et celui qui priorise le plus son jeu défensif. Il a regardé quatre matchs de la passerelle de presse même s’il était en santé. Il aura encore une empreinte salariale de 4,5 millions sur le plafond de l’équipe l’an prochain.
JONATHAN DROUIN # 27
25 pj | 0 b | 8 a | 8 pts | -14

Il a changé de numéro, optant pour le 27, pour s’offrir un autre départ. Il n’a pas atteint son but. Le Québécois n’a pas de mauvaises intentions, mais il ne parvient pas à redevenir un attaquant dynamique et électrisant. Utilisé à l’aile, au centre, sur un trio défensif ou plus offensif, il n’a toujours pas marqué un seul but.
JAKE EVANS # 71
41 pj | 1 b | 9 a | 10 pts | -8

Avec Suzuki, Caufield, Dach et Dvorak, Evans est l’autre joueur ayant participé aux 41 rencontres. Auteur de 13 buts et de 29 points l’an dernier, il est loin de sa production avec un maigre but et dix points. Il est l’attaquant le plus utilisé en désavantage numérique, une facette du jeu où l’équipe se cherche énormément.
Le futur
JURAJ SLAFKOVSKY # 20
36 pj | 4 b | 6 a | 10 pts | -10

Premier de classe du repêchage de 2022, Slafkovsky reste en mode apprentissage. Il découvre une autre réalité au niveau de la LNH, dont celle du jeu physique, et qu’il doit garder la tête haute. Le CH a choisi de le garder à Montréal plutôt que de lui faire vivre à nouveau l’expérience du Mondial junior ou de le retourner avec le Rocket de Laval.
JORDAN HARRIS # 54
37 pj | 1 b | 10 a | 11 pts | -5

Après quatre saisons à l’Université Northeastern, Harris s’était trempé le petit orteil en participant à dix matchs en fin de saison avec le CH l’an dernier. Âgé de 22 ans, l’Américain est un défenseur qui mise sur son intelligence, sa rapidité et son positionnement. Avec un temps de jeu moyen supérieur à 18 minutes, il acquiert ce qu’on ne peut acheter : de l’expérience.
ARBER XHEKAJ # 63
39 pj | 5 b | 8 a | 13 pts | -5

Xhekaj est la révélation de l’équipe. Dès le tournoi des recrues à Buffalo, le gros défenseur a fait parler de lui. Au départ, on le remarquait pour ses mises en échec et ses bagarres. Mais il a plus qu’une corde à son arc. L’Ontarien a déjà marqué cinq buts et il obtient des présences en supériorité numérique grâce à sa capacité de toucher le filet avec ses tirs de la pointe.
Avenir à consolider
JOHNATHAN KOVACEVIC # 26
37 pj | 1 b | 5 a | 6 pts | +1

Réclamé au ballottage avant le début de la saison des Jets de Winnipeg, Kovacevic est devenu un membre régulier du top six à la ligne bleue. Un peu plus vieux à 25 ans, l’Ontarien a un physique imposant à 6 pi 4 po et 208 lb et un salaire très intéressant à 767 000 $ jusqu’en 2024-2025.
JUSTIN BARRON # 52
4 pj | 0 b | 0 a | 0 pt | -4

Barron rêvait d’un poste à Montréal, mais il n’a pas gagné son pari. L’ancien choix de premier tour de l’Avalanche a passé la grande majorité du temps avec le Rocket de Laval où il a marqué 7 buts, dont 5 en supériorité numérique. À Montréal, il n’a pas assez joué pour permettre une évaluation juste.
Qui est le numéro un ?
JAKE ALLEN # 34
27 pj | 10 v | 16 d | 1 dp | 3,52 | ,892

Allen a paraphé une prolongation de contrat de deux ans et 7,7 millions (3,85 millions) le 1er octobre dernier. Le Néo-Brunswickois est un bon vétéran et un coéquipier respecté, mais il n’a plus le talent pour être un numéro un dans la LNH. Sous le couvert de l’anonymat, un homme de hockey d’une formation de l’Association de l’Est l’a décrit comme un gardien qui a la mauvaise habitude d’offrir un but en cadeau par rencontre.
SAMUEL MONTEMBEAULT # 35
14 pj | 6 v | 6 d | 2 dp | 3,42 | ,900

Des deux gardiens, Montembeault est celui qui a le mieux joué en cette moitié de saison. La direction de l’équipe ne le perçoit toutefois pas comme un numéro un. Idem pour Martin St-Louis qui n’hésite jamais à rappeler qu’Allen est l’homme de confiance. Montembeault a offert un rendement bien plus constant qu’Allen. Dans 10 de ses 14 départs, il a accordé trois buts ou moins à ses rivaux.
Absences ressenties
SEAN MONAHAN # 91
25 pj | 6 b | 11 a | 17 pts | -5

Les Flames ont payé un choix de premier tour conditionnel en 2025 pour se départir de la dernière année de son contrat (6,375 millions en moyenne). Pour un joueur obtenu gratuitement, Monahan a offert de précieux services au Tricolore. Il pouvait enfin s’exprimer sur une glace après des opérations aux hanches. Bon au cercle des mises en jeu et utilisé sur les deux unités spéciales, l’Ontarien manque grandement à l’équipe depuis sa blessure à un pied.
MIKE MATHESON # 8
10 pj | 1 b | 5 a | 6 pts | -4

Matheson avait hâte d’ouvrir le chapitre montréalais de sa carrière. Mais il ne se doutait pas qu’il se déroulerait plus à l’infirmerie que sur la patinoire. Il a manqué 31 des 41 premiers matchs de la saison en raison d’une entorse au muscle abdominal et d’un autre malaise à l’aine.
LÉGENDE :
pj: partie jouée | b: but | a: aide | pts: points | v: victoire | d: défaite | dp: défaite en prolongation