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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

Le REM accuse un quatrième report et encore des dépassements de coûts

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Félix Lacerte-Gauthier | Agence QMI

2022-10-21T00:16:38Z
2022-10-21T16:28:22Z
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Le lancement du Réseau express métropolitain (REM) entre Montréal et la Rive-Sud a été reporté pour une quatrième fois, vendredi, ce qui occasionnera à nouveau des dépassements de coût pour ce projet d'envergure.

Les premiers passagers devront finalement patienter jusqu’au printemps 2023 avant de monter à bord du train léger du rail de CDPQ Infra, la filiale des grands projets d’infrastructures de la Caisse de dépôt et placement du Québec. 

L’ouverture était auparavant prévue d’ici la fin de l’année.

«On ne peut pas ouvrir demain matin. Il ne manque pas grand-chose, mais il faut le faire, et il faut bien le faire», a expliqué Jean-Marc Arbaud, président et chef de la direction de la CDPQ Infra.

Dépassement de coût

Ce report occasionnera un nouveau dépassement de coût de manière «certaine», a reconnu CDPQ Infra.

M. Arbaud n’a cependant pas voulu donner de chiffres précis. 

«Compte tenu du projet, on démontrera la rigueur avec laquelle nous avons géré l’ensemble de ces enjeux», s’est-il contenté d'affirmer en promettant d’en dire plus lors d’une future mise à jour.

Lors de son annonce en 2016, le projet devait coûter 5,5 milliards $. La facture finale devrait toutefois dépasser la somme de 7 milliards $, voire plus, selon les dernières informations disponibles.

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Mauvais moment

Ce report arrive à quelques jours du début des travaux dans le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, pour lesquels «60 % des automobilistes» devront trouver des solutions de rechange, selon le gouvernement.

«Avec le début imminent des travaux du pont-tunnel, l’accès de la métropole en provenance de la Rive-Sud va se complexifier. Nous avons évidemment besoin d’offrir à la population des alternatives de transport à l’auto-solo», a déclaré Marikym Gaudreault, attachée de presse de la mairesse de Montréal Valérie Plante, en commentant le report.

Le bureau de la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, a souligné de son côté s’être préparé à un report.

«Nous savions qu’il s’agissait d’une possibilité et le Réseau de transport de Longueuil (RTL) s’y préparait donc déjà en conséquence», a révélé Camille Desrosiers-Laferrière, attachée de presse de la mairesse.

Tests

Dans les prochains jours, la CDPQ Infra commencera des tests de manières quotidiennes sur le pont Champlain. 

À la fin du mois, les trains du REM feront aussi l’essai de la haute vitesse pour la première fois.

«Je n’ai pas de doute, le niveau est là, mais il faut faire tous les réglages et les mises à jour avant d’ouvrir», a ajouté M. Arbaud.

La CDPQ Infra veut également vérifier l’endurance de ses trains électriques dans un environnement hivernal. 

Par la suite, une «marche à blanc», dans laquelle les trains rouleront dans des horaires réguliers, mais sans passagers, permettra de mener les derniers ajustements.

«Pour un utilisateur, si on lui fournit un système performant, il va très vite oublier ces délais. 

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Par contre, si on le plante le matin pour aller au travail par moins 20, il ne va pas oublier. 

Nous, il n’y a pas de plan B. Il faut absolument que le REM soit prêt à 100 % pour la première journée», a soutenu Julien Hurel, directeur principal au système de transport pour la CDPQ Infra.

Le tronçon reliant la Rive-Sud à Montréal devait être le premier à être inauguré. 

Malgré ce report, les autres branches devraient pouvoir conserver leur échéancier actuel, avec une ouverture prévue pour la fin de 2024.

C’est la quatrième fois que la CDPQ Infra annonce un report de son projet. 

En novembre 2020, une explosion dans le tunnel du mont Royal et la pandémie avait retardé l’échéance de 18 mois. 

En janvier dernier, la mise en service de la branche reliant la Rive-Sud était repoussée à la fin de 2022.

Des conséquences difficiles à prévoir

Les conséquences du report de l’ouverture du REM entre Montréal et la Rive-Sud sont difficiles à prévoir, juge Florence Junca-Adenot, une professeure de l’UQAM spécialiste de la gestion des réseaux de transports en commun.

Les réseaux de transports de la Rive-Sud avaient été mobilisés pour amener les gens vers le REM, a noté Mme Junca-Adenot. 

Toutefois, la professeure n’est pas certaine de l’impact qu’aura ce report sur la congestion du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, dont trois voies seront fermées pour réfection à partir de la fin du mois.

«Ceux qui le prennent, ce sont des personnes qui vont travailler vers l’est de Montréal ou vers la Couronne Nord. Et inversement, ceux qui vont travailler en Montérégie Est», a-t-elle soutenu.

Florence Junca-Adenot croit aussi que CDPQ Infra était forcé de repousser l’inauguration du REM.

«Ils n’ont pas le choix. Au milieu de l’hiver, ce n’est pas bon pour démarrer ce genre d’opérations. La population ne voudra pas entrer non plus dans un train où les tests ne sont pas finaux», a-t-elle pondéré.

Selon ses explications, la branche du REM vers la Rive-Sud était la partie la plus facile à développer. Il faudra attendre que la totalité du projet soit inaugurée pour en évaluer le coût et en faire le bilan.

«Ce que ça dit, c’est que ce n’est pas la panacée. Les problèmes qui sont rencontrés par CDPQ Infra sont les mêmes que si ça avait été la STM ou n’importe quel autre opérateur public», a-t-elle analysé.

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