Restrictions à l’immigration temporaire: Carney trop «sévère», dit Roberge


Geneviève Lajoie
N’ajustez pas votre appareil: le gouvernement Legault juge les restrictions appliquées par Mark Carney pour réduire l’immigration temporaire «trop sévères» en région.
Comme son chef, le ministre québécois Jean-François Roberge martèle depuis des années qu’Ottawa doit réduire le nombre d’immigrants temporaires, à cause de l’impact sur le logement et les services à la population au Québec.
Le gouvernement fédéral a répondu en appliquant des restrictions à l’embauche de travailleurs étrangers temporaires, de manière à favoriser le recrutement de personnes déjà présentes sur le territoire.
Mais les mesures ne sont pas au goût du ministre de l’Immigration.
«On n’a jamais dit à Ottawa d’être aussi sévère sur notre programme de travailleurs étrangers temporaires, surtout en région. Ils ont agi de manière très maladroite, c’est notre économie régionale qui [en] paie le prix en ce moment», a-t-il dénoncé jeudi, en marge des consultations sur la planification des seuils d’immigration à l’Assemblée nationale.
Jean-François Roberge aurait préféré une meilleure répartition des demandeurs d’asile et plus de vérifications lors de l’émission des visas, question de s’assurer que les gens n’arrivent pas ici avec de fausses raisons.
«Il ne faut pas avoir une approche mur à mur, dogmatique, idéologique», insiste-t-il. «On demande à Ottawa de préserver les travailleurs étrangers temporaires qui sont sur le territoire québécois, à l’extérieur de Montréal et à Laval.»
Une clause grand-père pour les gens qui sont déjà ici est primordiale, selon le ministre. «Mais en même temps, on dit: “Attention!”. Il ne faut pas non plus en faire arriver encore par dizaines de milliers au-delà de ce qu’on a. Il faut considérer notre capacité d’accueil.»
Alors que s’amorcent les auditions de différents groupes de la société civile en commission parlementaire au sujet des seuils d’immigration, Québec prévient qu’il ne se laissera pas dicter son plan.
«Le gouvernement n’est pas servile, il n’est pas au service d’un groupe de pression ou des lobbies, d’aucune manière. Nous, on travaille pour l’ensemble des Québécois», a renchéri le ministre Roberge. Il propose trois scénarios de réduction des seuils annuels de l’immigration permanente, soit 45 000, 35 000 et 25 000.
Un gel pour Montréal et Gatineau
De passage devant les élus, le commissaire à la langue française n’a pas voulu se mouiller sur la cible à privilégier. Il a toutefois proposé d’exclure de l’admission à la résidence permanente les immigrants qui s’installent à Montréal ou à Gatineau. Benoît Dubreuil juge que l’intégration à la culture francophone n’est pas suffisamment efficace à l’heure actuelle dans ces deux régions.
«Lorsqu’une politique d’intégration efficace aura été adoptée et mise en œuvre, nous recommandons de rouvrir les admissions aux candidats des RMR de Montréal et de Gatineau, mais en misant sur ceux qui ont étudié en français au Québec ou qui œuvrent dans des secteurs économiques où le français est dominant», plaide-t-il.
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