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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Responsable de la régie à 9 ans

Les comédiens, nous sommes des manipulateurs de notre public. » – Geneviève Schmidt
Les comédiens, nous sommes des manipulateurs de notre public. » – Geneviève Schmidt Photo d’archives Agence QMI, Joel Lemay
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Photo portrait de Rodger Brulotte

Rodger Brulotte

2023-01-07T05:00:00Z
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En décembre dernier, j’assistais au match du Canadien contre les Panthers en Floride. J’y ai croisé une artiste en particulier qui souvent joue des rôles notamment difficiles à accepter par le public. Malgré cela, ses admirateurs l’aiment, car elle a été sollicitée par de nombreuses personnes pour prendre une photo avec elle. 

Geneviève Schmidt est une femme passionnée et enflammée par son métier de comédienne. Native de Dorion, dans la MRC de Vaudreuil-Soulanges, elle a fait ses débuts dans les coulisses du Théâtre des Cascades que sa mère avait cofondé avec Pascal Rollin. 

Ton grand-père était un pionnier de la ville de Dorion.

Mon grand-père, Loyola Schmidt, a été propriétaire de la firme Loyola Schmidt, matériaux de construction, et député de l’Union nationale dans Vaudreuil-Soulanges sous le règne de Maurice Duplessis. 


Ton père était un homme d’affaires averti. 

Mon père, Jacques, était un homme d’affaires averti dans la restauration, propriétaire d’un camping, d’une marina, d’un théâtre d’été et d’un RONA. Ma mère, Louise, femme très attentive aux autres, a fondé le Théâtre des Cascades avec Pascal Rollin. 


Aurais-tu aimé travailler au RONA de ton père ?

Aucunement, je ne me voyais pas à la caisse à compter des clous.


Il régnait une ambiance familiale chez toi.

Ma sœur, Marie-Claude, était responsable de la billetterie et de l’administration, mon frère, Martin, dirigeait le bâtiment de la restauration et moi à 9 ans et 7 mois, j’étais responsable de la régie de plateau du théâtre, sans oublier les nombreuses sorties avec ma mère pour aller voir des pièces au Théâtre du Nouveau Monde.  

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Responsable de la régie de plateau du théâtre, c’était ton premier emploi.

Je m’assurais de la conduite technique pendant les spectacles, des bonnes conditions d’accueil et de travail pour les comédiens sans oublier de nettoyer la loge et de vaporiser le linge des comédiens. 


Pierrette Robitaille et Martin Drainville ont influencé ta carrière. 

Pierrette Robitaille était tellement calme avant son entrée sur la scène, cependant, une fois sur la scène, elle devenait une bombe remplie d’énergie. Tandis que l’enthousiasme de Martin Drainville, à ses débuts à notre théâtre, était communicatif.


Ton oncle Serge avait percé un trou dans les décors. 

Un coup de génie de sa part, car cela m’a tellement aidée à observer les différents aspects d’une scène. 


Le vélo était ton téléphone cellulaire.

Le téléphone cellulaire n’avait pas encore percé le marché du travail, alors pour communiquer avec mes amis, je devais aller les voir à vélo. Parfois, ils venaient me rejoindre pour travailler au théâtre.


Aviez-vous des vacances en famille ?

C’était impossible l’été. Cependant, l’hiver, nous allions à notre chalet dans les Laurentides pour faire du ski aux monts Habitant et Saint-Sauveur. 


Souvent, des gens partagent leurs souvenirs avec toi.

De nombreuses fois, ils s’approchent de moi et je crois que c’est pour me parler de mes différents rôles. Au contraire, c’était pour me relater leur expérience de travail avec moi au théâtre. 


Tu as fréquenté le Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie.

À la polyvalente, je me suis aperçu qu’il manquait de la discipline. Alors, j’ai visité le Collège Brébeuf, le Collège Notre-Dame et finalement, j’ai choisi moi-même le Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie, car je trouvais que c’était un endroit discipliné.

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En revanche, tu défiais certains règlements disciplinaires.

Surtout, c’était la longueur des jupes. J’ai souvent été sanctionné pour avoir retroussé ma jupe plus haut que mes genoux.


Tu as été expulsée du Cégep Lionel-Groulx.

Je n’ai pas pu m’adapter à la différence du manque de discipline au cégep. Finalement, je crois que j’étais trop jeune et immature. Cependant, j’ai bien apprécié ma vie en appartement dans un demi-sous-sol, pas loin du cégep.


Un nouveau défi s’est posé devant tes yeux.

J’ai créé ma propre compagnie et étant encore jeune, je suis partie en tournée avec entre autres René Richard Cyr. J’ai occupé plusieurs postes dont celui de chauffeur pour les artistes. 


À la découverte du Québec.

Mon travail m’a permis de découvrir les belles régions du Québec, ce que je n’étais pas capable de faire auparavant, à cause de mon travail estival au théâtre.  


Ta première voiture. 

Une magnifique Mazda « hatchback » que mon père m’avait donnée. Je suis une passionnée de la conduite automobile. Un jour, je m’apprête à sortir de ma voiture à Montréal. Un conducteur de camion n’a jamais arrêté et il a arraché ma porte. 


Quelle a été ta réaction ? 

J’ai donné un coup de pied sur le camion et j’ai engueulé le conducteur. Malheureusement, c’était la fin de mon aventure avec ma magnifique voiture.


Ton père a reçu un diagnostic d’Alzheimer à 59 ans.

Lorsqu’il a reçu son diagnostic, il a convié la famille pour planifier des voyages un peu partout dans le monde, car il désirait qu’on partage de beaux moments en famille, ce qui nous permettrait de revivre de beaux souvenirs avec lui.  


Tu n’as jamais été aussi triste que la journée où vous avez placé votre père dans une résidence. 

Je ressens toujours cette douleur, alors que je te parle aujourd’hui de ce triste jour. Huit mois plus tard, son décès d’un AVC n’a pas été aussi dévastateur pour moi que le jour où nous l’avons placé dans une résidence. 


Tes parents t’ont appris certaines valeurs de la vie.

La valeur la plus importante que mes parents m’ont apprise, c’était que nous devions travailler dur pour réussir dans la vie.


Ta mère était une rassembleuse.

Le fait qu’elle n’a pas de petits-enfants à Noël, elle invitait des gens qui étaient seuls ou qui vivaient des moments difficiles dans leur vie afin de venir célébrer Noël chez nous. 


Ni ton frère ni ta sœur ou toi n’avez des enfants.

L’ironie de cette réalité, c’est que je personnifie souvent une mère qui a perdu un enfant. Chez nous, la musique était au rendez-vous alors qu’on dansait et chantait dans le salon. J’aurais vécu sans aucun doute ces moments avec mon enfant.

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