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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Réponse à un enseignant non légalement qualifié

Photo d'archives, Agence QMI
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Photo portrait de Sylvain Dancause

Sylvain Dancause

2023-04-17T19:30:00Z
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Aujourd’hui, je réponds à la lettre d’opinion d’un enseignant non légalement qualifié (NLQ) au primaire. 

Son texte, Du gros bon sens pour alléger la pénurie d’enseignants, est une démonstration éloquente du chemin qu’il reste à parcourir pour valoriser notre profession.

Formation coupée

Selon l’auteur, pour contrer la pénurie, certaines universités ont préféré créer une maîtrise qualifiante qui ne prend pas en considération l’expérience de travail acquise dans une classe comme enseignant NLQ.

L’initiative de cette formation pour le primaire vient de l’Université de Montréal et a été approuvée par le ministre Roberge en 2021, malgré l’avis défavorable d’un comité d’experts. Depuis des lustres, le parcours universitaire pour être enseignante au primaire est de quatre ans. On a donc coupé récemment la formation initiale de 50%. La TÉLUQ propose maintenant d’en couper un autre 50%.

Si plusieurs acteurs du milieu voient d’un bon œil une formation accélérée pour le secondaire (spécialiste d’une matière), on ne peut en dire autant pour le primaire (maîtrise de plusieurs disciplines).

Dans les patates

Lors de ma lecture, j’ai appris que mon généreux collègue a pris la décision de changer de carrière pour répondre à la pénurie. Je lui dis merci.

En revanche, il nous informe qu’un bachelier dans son genre a souvent ce qu’on appelle une famille et des obligations financières. 

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Ah?

Et si monsieur avait décidé de réorienter sa carrière pour être pharmacien ou ingénieur, se plaindrait-il de suivre une formation universitaire interminable?

Selon son argumentaire, la durée des études est une belle manière de contribuer à la désertion de la profession: «Ce ne sont pas les nouveaux programmes qui ont formé les enseignants qui quittent en grand nombre le métier. Ce sont ceux que les universités défendent.»

Il faut être totalement déconnecté pour croire que la formation est la cause du décrochage des enseignants. Si mon collègue est capable de faire la différence entre les savoirs théoriques et les savoirs d’expérience, il a probablement déjà lu sur le sujet (vous pouvez ici).

Mépris

Dans un élan poétique, il nous pose la question qui tue: «Pensez-vous que ce sont toutes les mamans et tous les papas qui ont été à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec pour apprendre à cuisiner?»

Notre Ratatouille de l’éducation estime que tout le monde peut enseigner. Il nourrit ainsi la légende pédagogique à l’effet qu’il suffit d’être passé par l’école et/ou d’avoir des enfants pour effectuer un travail de professionnel.

À l’école, il y a des psychologues qui ont suivi une formation doctorale spécialisée; des psychoéducateurs et des conseillers d’orientation qui ont complété une maîtrise. Leur point en commun? Ils sont membres d’un ordre professionnel.

Actuellement, il est impossible de connaître la qualification d’un enseignant. Créer des titres professionnels réservés à l’exercice de la profession me semble maintenant la voie à suivre.

Autant pour les NLQ que pour les légalement non compétents, il est temps de mettre de l’ordre dans ce foutoir.

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