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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Repenser aux valeurs importantes

Karine Glorieux
Karine Glorieux Photo fournie par Martine Doyon
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2022-12-24T05:00:00Z
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Romancière et autrice de nombreux livres de littérature adulte et jeunesse, Karine Glorieux invite les lecteurs à réfléchir sur la société de consommation et les valeurs importantes dans son nouvel album publié chez La Bagnole, L’étrange Noël fantôme. Magnifiquement illustré par Camila De Orduna-Ortiz, le livre raconte l’histoire d’une fille qui se retrouve mystérieusement dans son école, la veille de Noël. À sa grande surprise, Myrka rencontre des fantômes venus d’un autre temps, alors qu’on célébrait Noël différemment. 

Le 24 décembre, il n’y a pas de neige. Myrka ne comprend plus rien: ses parents l’envoient à l’école. Là-bas, c’est un professeur, le frère Hébert, qui enseignait il y a 200 ans, qui accueille les enfants. Semble-t-il qu’il hante les corridors de l’école.

Myrka n’est pas la seule: l’école est pleine d’élèves fantômes qui surgissent de cette époque et décident de hanter eux aussi l’établissement. Mais que veulent-ils lui faire comprendre?

Pendant la pandémie, Karine Glorieux a eu l’occasion de réfléchir, avec sa famille, sur le sens Noël. 

«Finalement, Noël, quand on n’est pas avec les autres, c’est triste. C’est pas Noël. Ce qui fait la célébration, c’est d’être réunis, de pouvoir partager tous les rites qu’on aime répéter d’une année à l’autre.»

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Un témoignage important

Pour écrire la première version du conte, destinée à une fête d’école, elle avait interviewé le père d’un ami qui avait plus de 90 ans et qui avait habité dans son quartier. Elle lui a demandé de lui raconter comment était Noël, quand il était enfant. 

«Pour lui, c’était encore plus gros parce qu’ils étaient nombreux chez lui. C’était l’époque où il y avait encore beaucoup de rituels, où on allait à la messe et où on dormait tard, et où les cadeaux étaient assez peu nombreux. Et quand on en avait un à soi, il fallait le partager avec les autres.»

Karine rappelle que Noël, en effet, c’est le partage. 

«C’est le partage de joie, le partage avec nos proches. Noël, c’est pas juste être en vacances et jouer au PlayStation.»

Le sens de la fête a un impact et il faut, à son avis, revenir au sens premier de la fête.

«Un des fantômes, qui fréquente la troisième année depuis plus de 90 ans, dit que donner, c’est mieux que recevoir. Je voulais revenir au cœur de ça, avec une histoire bizarre, un peu comme un cauchemar. On avait l’impression d’être dans un cauchemar, pendant la pandémie.»

D’où ce monde bizarre dans lequel Myrka se retrouve. 

«Au début, elle désespère parce qu’il n’y a pas de neige à Noël. Pour elle, Noël, c’est la neige... c’est une réflexion un peu superficielle. À la fin du livre, la neige arrive, mais ce n’est pas ce qui est important.»

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Karine fait référence aux écoles québécoises d’antan dans son livre. 

«J’écrivais cette histoire pour l’école de mes enfants et elle est liée à un patrimoine religieux. C’est une école où, en effet, il y avait des frères qui enseignaient», explique-t-elle.

«Je ne voulais pas faire un cours d’histoire, mais je trouvais intéressant de replacer cette époque pas si lointaine qui aujourd’hui est effacée.»

Jeune illustratrice

Camila De Orduna-Ortiz (Camila Linky), une jeune illustratrice de 17 ans, a créé une atmosphère d’autrefois, à la fois sinistre et quelque peu déstabilisante. 

«Elle est arrivée au Québec il y a cinq ans et elle est d’origine mexicaine. Elle a illustré le texte avec son regard de jeune femme et peut-être avec sa culture aussi. Ça me plaisait, l’idée d’avoir plusieurs générations qui définissent Noël.»


  • Karine Glorieux est mère de trois enfants.
  • Elle est l’autrice de plusieurs romans pour les adultes (Tuer la poule, la série Mademoiselle Tic Tac) et pour les jeunes (Il était 26 fois, la série Mutants).
  • Elle enseigne la littérature au Collège de Maisonneuve.
  • Elle fera un retour à la littérature adulte ce printemps. 

EXTRAIT

Photo fournie par les Éditions La Bagnole
Photo fournie par les Éditions La Bagnole

«Les trottoirs de la ville restent gris et humides comme le dos d’un chat perdu. Et Mirka en est désormais certaine, il n’y aura pas de neige demain, pour la veille de Noël. Elle aurait dû s’en douter. L’année a été comme ça, du début à la fin: déstabilisante, imprévisible, PAS comme d’habitude.»

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