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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

Renée Dupuis: le parcours difficile d’une femme d’exception

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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2023-07-01T04:00:00Z
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Avocate, sénatrice indépendante, essayiste et autrice maintes fois récompensée, Renée Dupuis raconte son parcours hors normes dans Ce chemin sous mes pas, un ouvrage essentiel. Cette femme exceptionnelle, qui a contribué de manière remarquable à l’avancement des droits des Autochtones et à l’avancement des droits de la personne au Canada, montre noir sur blanc dans Ce chemin sous mes pas tout le chemin parcouru... et tout le travail qui reste à faire.

Son livre est une réflexion contemporaine, juste, précise, mais aussi un mémoire qui raconte la quantité incroyable d’obstacles surmontés pour faire valoir ses idées.

Quand elle a choisi de faire carrière en droit, au début des années 1970, Renée Dupuis avait envie de défendre le droit à l’égalité pour tous. Au cours du demi-siècle qui a suivi, elle s’est frayé un chemin pour faire avancer les causes auxquelles elle croyait profondément.

Récit inspirant, profondément humain, très percutant, sans compromis, Ce chemin sous mes pas a été écrit par une femme qui ne voulait pas perdre de vue le fait que tous les combats qu’elle a menés, elle les a faits à titre de fille, de femme, de mère et de grand-mère. 

Une réflexion sur la société

« J’aurais pu écrire un livre pour mes petites-filles, pour leur expliquer le travail. Leur dire : votre grand-mère a voulu faire ça, a essayé de faire ça, ça a été difficile, je ne savais pas comment... Mais elles n’auraient rien appris », explique Renée Dupuis, en entrevue. 

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« C’est pour ça que je dis que mon livre est un essai de réflexion sur la société dans laquelle je vis. Le monde dans lequel on vit, à cette époque-ci. »

Des phrases fortes

Renée Dupuis a décidé de puiser dans son répertoire de phrases recueillies au cours des années. 

« Des phrases qu’on m’a servies. Des phrases qu’on m’a lancées. Des phrases qu’on a partagées avec moi. Toutes sortes de phrases. Essayer de déposer dans un livre, de faire le bilan de tout ce que j’ai croisé sur mon chemin pour que ça puisse expliquer non seulement ce que je voulais faire, mais ce que j’ai rencontré en essayant de le faire. »

Voici quelques-unes de ces phrases qui servent de titres aux chapitres du livre. 

« Vous êtes une vraie sorcière ! » « Maman, pourquoi les gens sont toujours fâchés contre toi ? » « Je leur avais dit que tu nous préparais un coup. Ils ne m’ont pas cru ! » « Si je ne me retenais pas, je te f... ici dans l’avion sur le bord du banc. »

Au fil des ans, Renée Dupuis a pris beaucoup de notes. 

« Je suis allée très franchement et très directement, mais je n’ai pas essayé de réinterpréter ce qu’on m’a dit. J’ai pris textuellement ce qu’on m’a dit. Des fois, il y a des choses là-dedans qui sont tellement grossières que je me suis dit : est-ce que j’ai rêvé, est-ce que c’est bien ça que j’ai entendu ? »

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D’autres phrases lui ont fait du bien, comme lorsqu’un chef autochtone lui a dit qu’il l’avait vue prendre des notes et la trouvait vraiment vaillante. 

« Je n’ai jamais cru qu’un jour, un chef autochtone viendrait me faire ce commentaire-là. Mais ça veut dire qu’ils étaient conscients de ce que je faisais. Ils observaient. Et ils réagissent à ce que je suis, à ce que j’ai fait. »

Déposer le fardeau

Pendant l’écriture, Renée Dupuis a observé qu’un sentiment était prédominant. 

« C’était : je viens enfin de déposer ça ailleurs que sur mes épaules. Je viens de déposer ce fardeau dans un livre, donc je n’ai plus à garder ça pour moi, à soutenir ça. Ces phrases-là, je les ai rendues aux personnes qui les ont dites, qu’elles soient positives, neutres ou négatives. » 

EXTRAIT

Photo fournie par les Éditions du Boréal
Photo fournie par les Éditions du Boréal

« Dès notre sortie du bureau, j’entends l’attaché politique me dire, avec un sourire satisfait : “Tu sais, tu es encore plus belle quand tu es choquée.” Cette remarque sexiste n’améliore pas mon humeur. C’est l’expression de la réaction misogyne habituelle dans les milieux politiques face à des femmes avocates. C’est une tentative pour le moins maladroite de désamorcer la difficile question du racisme contre les Autochtones, un phénomène répandu dans les médias, particulièrement dans la presse sportive de cette époque. »

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