René Simard revient aux sources dans ce documentaire émouvant
Julie Loiselle
Chouchou des Québécois depuis un demi-siècle, René Simard est un artiste accompli: chanteur, animateur, comédien, metteur en scène, réalisateur, danseur et imitateur. Aujourd’hui sexagénaire, il porte un regard doux et franc sur son passé alors que les caméras le suivent dans des lieux qui ont marqué sa vie. L’animatrice Marie-Claude Barrette a également l’occasion de lui poser les questions qui lui brûlent les lèvres... et sans doute aussi celles de ses fans!
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La scène, pour moi, c’est comme une personne. Elle m’était étrangère quand j’étais enfant. Je me la suis appropriée, et je l’ai comprise. La scène est sensible et il faut bien la traiter, parce qu’ensuite elle peut t’en donner beaucoup!» C’est sur cette réflexion profonde sur le monde du spectacle que commence l’émission remplie d’archives, dans laquelle René se montre généreux en anecdotes et en souvenirs.
Un petit garçon gêné
On le voit d’abord avec son frère Régis, en voiture, dans le village de leur enfance, Sainte-Pétronille. C’est en effet à l’île d’Orléans que le chanteur a grandi. Ensemble, ils redécouvrent les lieux. «Tiens, c’est la maison de Martin, avec qui tu jouais de la flûte», lance Régis, tandis que René s’emballe à la vue de l’endroit où vivait l’antiquaire, Monsieur Richard. Le duo se rend ensuite devant le premier appartement où la famille Simard a habité à son arrivée à l’île d’Orléans: un cinq et demi où s’entassaient neuf personnes. On apprend par ailleurs que René était très timide à l’école. «Toi, Régis, tu étais tough. Tu me protégeais, même. Il y en avait des pas faciles dans la gang!», lâche-t-il en riant, visiblement amusé par ce souvenir. Puis, les frères visitent d’autres lieux importants, comme l’église où René a connu son premier public.
Les raisons de son succès
René Angélil a déjà dit que c’est le «p’tit Simard» qui a tracé la voie de Céline vers l’international. En effet, dès l’âge de 10 ans, René connaît un tel succès qu’il est célèbre jusqu’au Japon. La journaliste Marie-Christine Blais croit que cette popularité au Québec ne s’explique pas seulement par sa voix d’ange, mais aussi par le contexte social. «En 1971, ça ne faisait pas longtemps qu’était survenue la crise d’Octobre. Ce petit chanteur faisait du bien aux gens.»
Encore aujourd’hui, il demeure très aimé. Sa conjointe, Marie-Josée Taillefer, témoigne: «Tous ceux qui travaillent avec lui disent qu’il est adorable et qu’il pense toujours aux autres.» On voit ensuite le couple visiter l’église où il s’est marié en 1987. Un moment à la fois touchant et drôle, car, avec l’artiste, les blagues fusent: «Tellement de gens sont venus. Il y en avait qui étaient assis sur les toits des maisons. L’autoroute était bloquée... Elle l’était encore tantôt, mais ça, ce n’est pas notre faute», lance-t-il, déclenchant le rire de sa douce.
Retour sur des hauts et des bas
Parmi les invités, Patrice L’Ecuyer et Dominique Michel, de grands amis de René, partagent de précieux souvenirs. Patrice se rappelle notamment que peu de gens croyaient au talent comique de René lorsqu’il a participé à son premier Bye Bye, en 1990. Marie-Claude Barrette aborde aussi un moment plus sombre: la dénonciation par sa sœur Nathalie de l’impresario Guy Cloutier, en 2004. «Elle a eu un courage du tonnerre. C’est une des premières à dénoncer; le mouvement #MoiAussi est arrivé beaucoup plus tard», explique-t-il avant de raconter comment il a vécu ce drame.
L’émission se termine sur une note joyeuse avec une rencontre familiale. Les enfants de René et Marie-Josée, Rosalie et Olivier, expriment entre autres leur reconnaissance envers leurs parents, qui les ont aidés à devenir autonomes malgré leur surdité. Ils n’ont d’ailleurs aucun mal à se faire comprendre. «Aujourd’hui, on n’est pas pire pour parler, hein? Le problème, c’est de nous arrêter!», souligne Rosalie, éclatant de rire. La jeune femme a, de toute évidence, hérité de l’humour de son père.
Dans cette émission intimiste, René Simard ouvre les portes de sa mémoire et de son cœur. Plus qu’un simple retour sur une carrière exceptionnelle, c’est une plongée dans l’être humain derrière la vedette, un homme sincère, profondément attaché aux siens et à son public.
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