Rémunération des médecins: le projet de loi reçu comme «une gifle au visage»

Le projet de loi qui sera déposé jeudi par Québec pour modifier la rémunération des médecins québécois en la basant désormais sur des indicateurs de performance est reçu comme une véritable «gifle au visage» par les professionnels de la santé.

• À lire aussi: Négociations avec les médecins: «Ça va brasser», dit Legault

C’est du moins ce qu’avance la médecin de famille Dre Alex Lapointe en entrevue à LCN.

Sur le terrain, Dre Lapointe voit «des gens qui sont dévoués, qui ont à cœur la population et la communauté», qui font des heures supplémentaires et qui «travaillent énormément» pour améliorer l’accès aux soins de santé.

Ce projet de loi qui sera déposé par le ministre de la Santé, Christian Dubé, proposerait de lier 25% des revenus des médecins de famille à l’atteinte de certains indicateurs de performance pour améliorer la prise en charge.

Cette décision «de noter l’accessibilité» des médecins de famille, alors qu’ils font «déjà le maximum» est reçue comme une «gifle au visage» pour Dre Lapointe.

«C’est rajouter sur les émotions qui sont déjà difficiles dans les derniers temps avec les négociations, le ton du gouvernement qui est très difficile avec nous sur le terrain», poursuit-elle.

Si le premier ministre François Legault a insisté sur le fait que le tiers des médecins devraient «en faire plus», la médecin de famille se dit totalement en désaccord avec ses propos, disant que ce tiers-là «n’existe pas».

«Ce tiers-là, c’est des médecins qui ont d’autres obligations aussi, précise-t-elle. On ne fait pas que de la pratique en bureau au Québec en tant que médecin de famile. C’est ça qui est particulier, comparé à n’importe où ailleurs au Canada».

Ainsi, il est plus difficile pour les médecins de famille de prendre en charge autant de patients, alors qu’il y a du temps alloué pour servir dans d’autres secteurs d'activité.

Manque de médecins

Si la Dre Lapointe est d’avis que tout le monde devrait avoir accès à un médecin de famille, les rendez-vous ne seront pas plus accessibles, en raison d’un manque de personnels sur le terrain.

«En réalité, ces gens-là n’auront pas plus accès à moi, parce que je ne suis pas capable de donner plus de plages de rendez-vous, déplore-t-elle. Il y a 24 heures dans une journée, comme pour tout le monde. [...] Le patient va être inscrit à un médecin de famille sur papier, mais son accès aux soins ne sera pas meilleur.»

Pour Dre Lapointe, il est important de miser sur la formation des médecins et l’ajout d’employés sur le terrain.

«L’accessibilité aux soins ne peut pas se faire avec le même nombre de médecins qu’on est là, conclut-elle. On doit rajouter des bras, mais ces médecins-là, ça prend du temps à former.»

Voyez l'entrevue complète avec Dre Lapointe, ci-dessus.