Remaniement ministériel: l’Abitibi-Témiscamingue réclame un ministre issu de la région


Patrick Bellerose
La grogne ne s’essouffle pas en Abitibi-Témiscamingue. Sans ministre issu de la région depuis 2022, les élus municipaux demandent à François Legault de rectifier le tir lors de son remaniement ministériel.
Le député caquiste Daniel Bernard a peut-être dû s’excuser devant son caucus pour avoir critiqué son gouvernement sur les ondes d’une station de radio le printemps dernier, mais dans son coin de pays, la sortie a été bien accueillie.
Tout comme celle de son collègue Pierre Dufour, selon qui la CAQ doit mieux écouter les régions.
«On était content que nos députés sortent. Nous, on l’apprécie», affirme le président de la Conférence des préfets de l’Abitibi-Témiscamingue, Jaclin Bégin, qui représente les municipalités locales.
Selon lui, c’est l’absence de réception au sein du gouvernement qui a obligé les élus à faire entendre leur dissidence à travers les médias.
Un ministre local
Depuis le début du second mandat caquiste, l’Abitibi-Témiscamingue a été représentée par les ministres Mathieu Lacombe puis Jean Boulet, respectivement de l’Outaouais et de la Mauricie.
«M. Boulet nous écoute et nous rencontre, assure Jaclin Bégin. Par contre, on n’a pas de voix au Conseil des ministres pour [rendre compte] des réalités sur le terrain.»
En plus de l’Abitibi-Témiscamingue, le ministre du Travail représente également la Mauricie et le Nord-du-Québec, souligne-t-il.
Les préfets réclament donc la nomination d’un représentant issu de leur contrée.
Même si son titre de ministre n’a pas été renouvelé en 2022, Pierre Dufour demeure un bon candidat aux yeux de M. Bégin, tout comme Daniel Bernard et leur collègue Suzanne Blais.
«M. Dufour est quelqu’un qui défend bien notre région», dit le préfet.
Et le fait que Daniel Bernard soit désormais résident de l’Estrie ne change rien à ses yeux. «M. Bernard a quand même été en Abitibi-Témiscamingue toute sa carrière», fait-il valoir.
«On a trois députés qui pourraient être au Conseil des ministres», estime M. Bégin.

Enjeux importants
Pour l’Abitibi-Témiscamingue, l’enjeu est important.
Présentement, les préfets sentent que leurs demandes ne progressent pas. Sur 21 demandes de rencontres faites à des ministères, des organismes et des élus de tous les partis, seules quatre ont obtenu une réponse positive.
En avril dernier, une étude publiée par la Conférence des préfets a démontré que la région souffre d’un déficit pouvant aller jusqu’à 822 millions $ entre les revenus fiscaux générés par ses entreprises et les services publics reçus.
Par exemple, l’hôpital d’Amos est «dans un état de désuétude incroyable», déplore Jaclin Bégin.
Québec a finalement lancé les travaux au printemps, après avoir d’abord refusé qu’une pétition en ce sens soit présentée par la députée caquiste Suzanne Blais.
«Si on n’a plus de services de santé adéquats, on ne sera pas très attractifs pour amener des gens travailler chez nous», souligne le préfet.
Autres demandes
L’élu régional réclame également l’attribution de blocs d’énergie afin de pouvoir développer de grands projets miniers, comme l’exploitation du gisement de nickel de Dumont, à Launay.
Comme ailleurs au Québec, les routes de la région ont aussi besoin d’être retapées. «Nos infrastructures routières sont exécrables», déplore le préfet.
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