Remaniement ministériel: c’est la dernière chance de François Legault
Le premier ministre jouera la carte d’un vrai remaniement au retour des vacances pour tenter de se donner une image de changement

Rémi Nadeau – analyse
Que peut faire un premier ministre en fin de deuxième mandat quand deux tiers des Québécois sont insatisfaits de lui? François Legault jouera la carte d’un vrai remaniement au retour des vacances pour tenter de se donner une image de changement.
En annonçant la candidature du jeune Keven Brasseur à l’élection partielle d’Arthabaska, le chef caquiste a annoncé ses couleurs vendredi.
Il va profiter de son été non pas pour réfléchir à son avenir à la tête du parti en chute, mais plutôt à la composition d’une équipe ministérielle 2.0.
Un remaniement, c’est rarement un coup de circuit.
À moins d’aller chercher une vedette, non élue, l’impact d’un jeu de chaise a un effet limité.
Parlez-en à Philippe Couillard qui avait changé son équipe à un an de l’élection, en 2017.
Il avait ajouté des ministères et misé sur de plus jeunes personnalités comme Marie Montpetit, André Fortin, Isabelle Melançon.
Malgré sa tentative, le PLQ avait alors subi la pire raclée de son histoire.
François Legault a beau aimer le hockey, il n’a pas passé son temps à remanier ses trios depuis 2018.
Certains de ses ministres occupent les mêmes fonctions depuis près de sept ans.
Il devra maintenant trouver une façon de marquer les esprits.
Les cartes dans son jeu
Christian Dubé demeure populaire malgré le peu de résultats tangibles de sa réforme, et il aura sûrement le privilège de terminer son dernier mandat à la Santé.
Eric Girard a déjà prédit qu’une femme lui succéderait et devra sûrement céder la place aux Finances donc, pour que le remaniement n’ait pas l’air cosmétique.
On pourrait penser à Christine Fréchette, qui possède un bagage économique et qui saurait bien se défendre.
Ses talents de communicatrice seraient utiles dans un contexte de vent de face causé par les compressions.
Sonia LeBel, une des plus solides de ce gouvernement, doit être plus visible après avoir été cantonnée aux arides négociations du secteur public.
Simon Jolin-Barrette constitue aussi une valeur sûre qui devra obtenir un rôle important.
Puis, le chef pourrait être tenté de mettre davantage de l’avant des visages plus connus du public, comme Ian Lafrenière et Isabelle Charest.
Des recrues
Dans les banquettes arrière, Céline Haytayan n’a peut-être pas une personnalité flamboyante, mais elle avait été présentée comme une grosse pointure lors de la campagne de 2022.
Son passé chez Ubisoft en fait une recrue potentielle intéressante pour une équipe que monsieur Legault veut encore axée sur l’économie, dans le contexte d’incertitude causé par Donald Trump.
Alice Abou-Khalil, experte en technologie de l’information, n’a pas caché qu’elle ronge son frein.
Ces deux dernières sont toutefois des élues de Laval, tout comme Christopher Skeete.
L’équilibre géographique au Conseil des ministres pourrait être un facteur.
François Legault réfléchira longuement avant de donner des promotions.
Sa situation catastrophique dans les sondages pourrait pousser ceux qui sont déçus de ne pas avoir été nommés à grenouiller contre lui et déstabiliser son leadership.
Ce sera donc un jeu d’équilibriste.
Et c’est sa dernière chance s’il veut insuffler un vent de fraîcheur, malgré l’usure des deux mandats.