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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Remaniement: dernier appel pour François Legault

Photo d'archives, Stevens LeBlanc
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Photo portrait de Yasmine Abdelfadel

Yasmine Abdelfadel

2025-09-04T15:30:00Z
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Grosse semaine pour François Legault. Après le passage obligé devant la commission Gallant, voilà que se profile l’épreuve du remaniement ministériel. Un exercice qui, à première vue, excite la bulle politique, mais qui, en réalité, peut se révéler un champ de mines.

Car les paramètres avec lesquels jongle le premier ministre sont multiples, contradictoires et parfois cruels.

D’abord, la sanction: François Legault osera-t-il faire payer certains ministres qui ont manqué de vigilance ou, pire, qui ont préféré fermer les yeux? Éric Caire a déjà été sacrifié, mais la question plane toujours pour Geneviève Guilbault et François Bonnardel. Frapper fort enverrait un message clair, mais affaiblirait aussi une équipe déjà fragile. Qu’on le veuille ou pas, Geneviève Guilbault a été une valeur sûre la plupart du temps (défendre le «flip flop» du 3e lien, gestion du fiasco opérationnel de SAAQClic, etc.) et François Bonnardel a été particulièrement efficace lors de l’épisode des feux de forêt.

Reste, ne reste pas?

Ensuite, la loyauté: qui sera encore debout à ses côtés dans un an, quand viendra l’heure d’une campagne électorale ardue? Christian Dubé a confirmé qu’il tirera sa révérence, et les rumeurs persistent pour Eric Girard, Lionel Carmant et d’autres poids lourds. Comment relancer une machine quand plusieurs de ses moteurs songent à décrocher?

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Puis, l’éternel dilemme: expérience ou renouveau? Le rajeunissement est séduisant sur le plan de l’image, mais nommer des ministres novices à la veille d’une année électorale est risqué. À l’inverse, miser sur des vétérans peut donner l’impression d’un gouvernement essoufflé, accroché à ses vieilles recettes. Il faut trouver cet équilibre pour aussi reconnaître les talents des députés d’arrière-ban qui ont fait preuve de patience et qui voient en ce remaniement la dernière occasion d’être reconnus.

Les régions

Enfin, la carte régionale: M. Legault n’a probablement pas oublié la colère de l’Abitibi, laissée sans ministre malgré la présence de trois députés caquistes. Voilà que le Saguenay se retrouve orphelin avec le départ d’Andrée Laforest. Va-t-il corriger le tir pour l’Abitibi et trouver dans les députés du Saguenay quelqu’un qui peut être à la hauteur des défis de la prochaine année?

Bref, ce remaniement est une partie d’échecs où chaque coup peut se retourner contre son joueur. M. Legault aura beau aligner ses pions, cela ne suffira pas. En politique comme au hockey, tu peux brasser ton alignement tant que tu veux: si l’équipe ne marque pas, elle reste hors du «mix».

Ce que le premier ministre doit offrir maintenant, au-delà de la redistribution de portefeuilles, c’est une étincelle, un souffle, un véritable récit pour rallumer la flamme. Sinon, ce remaniement ne sera qu’une pause médiatique dans la longue glissade d’un gouvernement en perte de vitesse.

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