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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Relance des négos de paix: c’est le moment!

Le président Vladimir Poutine et le ministre de la Défense Sergei Shoigu pendant le défilé militaire du 77e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne.
Le président Vladimir Poutine et le ministre de la Défense Sergei Shoigu pendant le défilé militaire du 77e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne. Photo REUTERS
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Photo portrait de Normand Lester

Normand Lester

2022-05-11T09:00:00Z
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Lors des célébrations de la victoire sur l’Allemagne, Poutine n’a pas déclaré la guerre à l’Ukraine ou sa victoire contre ce pays. Comment le pouvait-il ? Son bref discours de dix minutes a été quelque peu circonspect : pas non plus d’annonce de mobilisation ou de menaces nucléaires.

Le moment semble propice pour relancer les négociations de paix. Oui, mais comment ? L’Ukraine et l’Occident doivent donner à Poutine l’occasion — non pas de crier victoire — mais, au moins, de se vanter d’un succès.

Pour ce faire, il faut que Kyïv accepte les principaux articles de l’accord de Minsk de 2014 sur le statut de la région du Donbass de l’est de l’Ukraine et négocie aussi l’avenir de la Crimée, la presqu’île de la mer Noire. Les deux sont à majorité russophone.

Céder la Crimée

Jusqu’en 1954, la Crimée faisait partie de la Russie depuis 1783. C’est le président de l’URSS, Nikita Khrouchtchev, qui l’a rattachée à l’Ukraine. Mais sa population russophone ne s’est jamais considérée comme ukrainienne.

La Russie ne rendra jamais la Crimée à l’Ukraine. Elle a été annexée par un vote du Parlement russe. D’ailleurs, le président Zelensky a déjà évoqué la possibilité que les deux parties puissent organiser un processus de « dévolution » qui, selon lui, pourrait durer 15 ans. La plupart des Ukrainiens n’en ont rien à cirer de la Crimée, pourvu qu’ils aient d’autres accès à la mer Noire.

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Pour ce qui est du Donbass, l’accord de Minsk entre la Russie et l’Ukraine, parrainé par l’Allemagne, la France et les États-Unis, prévoyait lui accorder l’autonomie. Le président Zelensky est entré en fonction en déclarant qu’il y donnerait suite, sans pourtant le faire. S’il disait maintenant qu’il est prêt à négocier sur la base de cet accord sur le Donbass, il y a de bonnes raisons de croire que Moscou accepterait.

Trois jours avant d’envahir l’Ukraine, Poutine a publié un décret reconnaissant un statut distinct pour les deux provinces de la région. Comme dans d’autres régions russophones d’Ukraine, la brutalité et les atrocités des militaires russes ont poussé les habitants du Donbass — à Marioupol par exemple — vers l’Ukraine. Déjà avant la guerre, sa population était moins pour la séparation d’avec l’Ukraine que pour plus d’autonomie.

Entre la guerre et la paix

Un engagement de Kyïv à leur accorder l’autonomie pourrait être présenté par Poutine comme un succès de son « opération militaire spéciale ». Lui et ses généraux savent que leur armée est épuisée, mais se disent prêts pour une longue guerre. Bravade ou détermination ?

De son côté, l’administration Biden est-elle vraiment prête pour une cessation des hostilités à brève échéance ? Le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, a laissé échapper que Washington s’est fixé pour objectif à long terme en Ukraine d’affaiblir la Russie.

Le Pentagone voudrait vaincre la Russie de manière si décisive qu’elle sera dissuadée pour longtemps de se lancer dans une telle aventure. Même au prix de la paix ?

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