Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Réforme du programme de français: la liste des mots à apprendre dépoussiérée

En misant sur la communication orale et l’étude des œuvres québécoises, Bernard Drainville fait le pari que la qualité du français des jeunes s’améliorera.

Partager
Photo portrait de Geneviève Lajoie

Geneviève Lajoie

2025-08-29T04:00:00Z
Partager

Les élèves n’auront plus à apprendre les mots messe, truie ou amérindien en classe, mais devront savoir écrire québécois et autochtone sans faute. En misant sur la communication orale et l’étude des œuvres d’ici, Bernard Drainville fait le pari que la qualité du français des jeunes s’améliorera.

• À lire aussi: Réforme du programme de français: voici des exemples de la nouvelle liste orthographique obligatoire au primaire

«Malheureusement pour nos enfants, c’est souvent une sorte de corvée le français!» lâche le ministre de l’Éducation, qui accouche d’une réforme du programme de français mise à l’essai cette année dans 55 classes du Québec, avant de s’appliquer partout à la rentrée scolaire 2026.

Le gouvernement a dépoussiéré la liste des 3000 mots de vocabulaire de base que les écoliers du primaire devront dorénavant maîtriser. Et désormais, elle sera obligatoire afin que tous les enfants, peu importe leur lieu de résidence, aient les mêmes assises dans la langue de Molière.

Certains termes ont carrément été rayés de la liste par souci de respect, comme esquimau et amérindien, d’autres en raison de la diminution de la fréquence de leur utilisation, comme messe, pasteur ou prêtre.

Publicité

Apprendre dans le plaisir

Inquiet pour l’avenir de notre langue, Bernard Drainville mise aussi sur la culture québécoise comme bougie d’allumage de l’amour du français chez les petits et les grands. Chaque élève prendra part à un minimum de cinq expériences culturelles et devra lire au moins 10 textes ou ouvrages de gens d’ici chaque année.

«Si l’apprentissage se fait davantage dans le plaisir, en bout de ligne, on pense que les résultats au niveau de la maîtrise du français vont être meilleurs», insiste le ministre, qui voit cette réforme un peu comme son «bébé».

Mais bon nombre d’écoles ont prévu de mettre la hache dans les sorties scolaires cette année, en raison des restrictions budgétaires. «Ils ont les budgets pour respecter le contrat du nouveau cours», rétorque Bernard Drainville.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

«Si tu vas dans une pièce de théâtre, il va falloir que tu paies à un moment donné le billet, mais si tu vas dans un musée, bien, je pense qu’il y a des journées où c’est gratuit. Il faut que tu paies le transport scolaire, mais il y a moyen de s’arranger pour pas que ce soit toujours des coûts exorbitants!».

Publicité
La bête noire des enfants

Le gouvernement Legault veut aussi donner plus de place à la communication orale au début du primaire. Le ministre précise que ça ne veut pas nécessairement dire plus d’exposés oraux, la bête noire de nombreux enfants.

«Des présentations orales, ce n’est pas la seule façon d’enseigner le français oral. Tu peux enseigner le français oral dans des petits groupes de discussion», avance-t-il.

Le nouveau programme impose aussi aux profs de primaire de faire écrire les élèves chaque jour. Une période de lecture doit aussi être prévue quotidiennement.

Les vacheries
Photo Stevens LeBlanc
Photo Stevens LeBlanc

À quelques jours d’un vaste remaniement ministériel de François Legault visant à relancer son gouvernement, Bernard Drainville se dit encore «très heureux» à l’Éducation. Mais il ne serait pas non plus «gêné» de son bilan, notamment d’avoir livré ce programme de français modernisé, si son chef décide de le changer de poste.

«Tu fais pas de la politique pour la facilité... Mais ça a beaucoup de sens de se lever le matin puis travailler pour les élèves du Québec. Je dirais que ça t’aide à mettre de côté le bruit ambiant, puis les vacheries quotidiennes».

Voici les changements dans l’enseignement du français

La culture québécoise comme bougie d’allumage

Chaque élève devra prendre part à un minimum de cinq expériences culturelles (cercles de lecture, rencontres avec des écrivains, visites de lieux historiques ou patrimoniaux, animations littéraires en classe, découvertes d’artistes d’ici) dans l’année. Les jeunes auront aussi à lire au moins 10 textes ou ouvrages, dont plus de la moitié devra mettre en valeur la culture québécoise et francophone.

Publicité
La communication orale au début du primaire

La communication orale sera davantage valorisée, particulièrement à la 1re et la 2e année du primaire. Discussions, débats, dialogues, jeux de rôle et mises en situation remplaceront en partie les exposés oraux traditionnels, qui font souvent trembler les plus timides. «C’est en développant d’abord leurs compétences à l’oral que les élèves pourront ensuite mieux maîtriser l’écriture».

Lire et écrire chaque jour

Constance et régularité: Les élèves du primaire devront écrire tous les jours des textes courts, des résumés, des réflexions ou des créations personnelles, question d’apprendre à mieux structurer leur pensée. Les petits Québécois sont aussi appelés à lire quotidiennement, qu’il s’agisse d’un roman, d’une chanson, d’un article d’actualité. Le nouveau programme est toutefois muet sur le choix de l’écriture à inculquer aux enfants, au moment où plusieurs écoles primaires cessent d’enseigner les lettres attachées.

La règle du participe passé enseignée plus tôt

Le ministre Bernard Drainville apporte quelques changements dans l’ordre d’enseignement des contenus grammaticaux. Par exemple, afin de faciliter la transition entre le primaire et le secondaire, la règle du participe passé avec l’auxiliaire être sera désormais enseignée dès la 5e et la 6e année. À l’heure actuelle, les jeunes n’apprennent cette règle qu’une fois rendus au secondaire. L’apprentissage des principaux verbes modèles à l’infinitif présent, comme avoir, être, aimer, manger ou savoir, débutera dès la 3e année du primaire. En contrepartie, l’étude de certains verbes particuliers sera déplacée au secondaire.

La liste de mots enseignés dépoussiérée

Jadis facultative, la liste orthographique des 3000 mots de base à enseigner aux écoliers du primaire devient obligatoire afin d’établir un vocabulaire commun à l’ensemble des établissements scolaires. Plusieurs termes, comme caporal ou tabac, ont été retirés étant peu utilisés dans les textes d’élèves. D’autres, comme ver ou datte, ont été ajoutés afin de faciliter la distinction avec leurs homophones. Des mots liés à la culture, qu’on pense à bédéiste ou humoriste, ont aussi fait leur apparition dans la liste. Question de respect, les termes amérindien et esquimau ont disparu au profit du mot autochtone. Jeudi, le cabinet du ministre n’a pas fourni d’explication pour chacun des mots retirés.

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité