Réforme du bac bleu: vous paierez plus cher au restaurant... en raison du recyclage!
La tarification imposée par Éco Entreprises Québec, le nouveau gestionnaire du système de collecte sélective, est «abusive» et «inéquitable», dénoncent d’une même voix les principales chaînes de restaurants du Québec


Geneviève Lajoie
Un repas au restaurant coûtera bientôt plus cher... en raison du recyclage! Les grandes chaînes québécoises de restauration voient leur contribution à la collecte sélective tripler cette année et n’auront d’autre choix que de refiler une partie de la facture aux clients.
Depuis le 1er janvier, la réforme du recyclage est officiellement en branle. Les entreprises sont désormais entièrement responsables des produits emballés, des contenants et des imprimés qu’ils mettent en marché.
Mais la tarification imposée par Éco Entreprises Québec, le nouveau gestionnaire du système de collecte sélective désigné par le gouvernement Legault, est «abusive» et «inéquitable», dénoncent d’une même voix les principales chaînes de restaurants du Québec.

Directeur général de Benny&Co, Nicolas Filiatrault soutient que l’augmentation des coûts du recyclage est d’environ 15 000$ pour chacun de ses restaurants cette année, une facture qui franchit facilement la barre du million $ au total pour l’entreprise.
«On essaie de refiler le moins possible les augmentations à nos clients, mais c’est sûr que si on a un paiement qui est triplé, bien on n’aura pas le choix d’en passer une partie [aux consommateurs], dit-il. C'est un peu plate parce que les gens ne sont pas nécessairement au courant de ces coûts-là qui nous sont ajoutés.» Il n’hésite pas à parler d’une «taxe» additionnelle pour les restaurateurs.
Les petits commerces étant exemptés de participer à l’effort de guerre pour le recyclage, le fardeau financier repose désormais en grande partie sur les chaînes de restauration, déplore Nicolas Filiatrault, qui est pourtant d’accord avec la responsabilité élargie des entreprises.

Les compagnies chinoises ou américaines, comme Amazon, génèrent elles aussi de grandes quantités de boîtes et d’emballages, mais ne paient pas leur juste part, renchérit-il.
Injustice
«Éco Entreprises collecte une très petite proportion des entreprises qui produisent des matières et c’est cette petite proportion-là qui doit payer pour tout le monde, donc ça crée une injustice parce qu’il faut payer beaucoup plus que ce qu’on devrait payer si on prenait juste les matières que nous on génère», lance Éric Lefebvre, PDG du Groupe MTY, qui représente des marques comme Bâton Rouge, Ben et Florentine ou Thaïzone.
Une situation grandement problématique dans un secteur hautement compétitif comme la restauration. Éric Lefebvre souligne que son regroupement est composé de franchisés qui gèrent un restaurant à la fois. «Ils doivent compétitionner dans un environnement où leurs voisins ne paient pas» de tarifs liés à la collecte sélective, insiste-t-il.
Pour son groupe, l’augmentation des coûts liés au recyclage dépasse lui aussi allègrement le million $ par rapport à l’an dernier. L’entrepreneur ne cache pas que la facture sera difficile à absorber.
«Ultimement, indirectement, ça finit toujours par se rendre aux clients, se désole-t-il. Ça conduit à des augmentations de prix.»
Le regroupement de chaînes de restaurants, qui inclut aussi Foodtastic, Groupe Grandio, Groupe St-Hubert et des Restaurants Normandin, demande à Québec de veiller à mieux répartir le fardeau du nouveau système de tarification.
Il y a quelques jours à peine, l’industrie des magazines a aussi dénoncé la hausse de la facture qui leur est imposée par Éco Entreprises Québec pour la collecte sélective.
Un peu d’histoire
- 2007: Entrée en vigueur des tarifs destinés à financer la collecte sélective. Ces tarifs déterminent la contribution que doivent verser les producteurs, c’est-à-dire les détenteurs de marque, les distributeurs et les metteurs en marché de contenants, d’emballages ou d’imprimés au Québec.
- 2013: Les producteurs financent 100% des coûts de collecte, de transport, de tri et de conditionnement des programmes municipaux de collecte sélective.
- 2025: Entrée en vigueur du système de collecte sélective modernisé. Éco Entreprises Québec prend le relais des municipalités pour gérer et financer la collecte sélective.
Source: Éco Entreprises Québec
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