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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Refondation du système de santé?

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Photo portrait de Réjean Parent

Réjean Parent

2022-02-20T10:00:00Z
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La sortie d’André Lebon, ex-vice-président de la Commission spéciale sur le droit des enfants et la protection de la jeunesse, ne m’a pas surpris. Il doute du suivi qui sera donné aux recommandations de la Commission.

Nos réseaux publics sont régulièrement mis à mal et placés sous le projecteur de commissions d’enquête ou d’observateurs spécialisés. 

Les rapports pleuvent, les recommandations se multiplient, les profiteurs émergent et les citoyens ne savent plus à quel saint se vouer.

En période de crise, les mandats confiés à ces groupes externes se révèlent souvent des stratégies d’évitement de nos décideurs pour se soustraire aux blâmes et paraître s’attaquer aux problèmes.

Les déclarations d’André Lebon mettent en doute les volontés réelles des décideurs et l’histoire récente ne lui donne pas tort.

Santé

La pandémie a fait ressortir les carences de notre système de santé. 

Les protagonistes de son démantèlement voudraient ouvrir plus grande la porte au secteur privé. Au lieu de réformer, on veut maintenant refonder.

Cela révèle encore plus la volonté de marchandisation des services de santé !

Contrairement à la croyance générale, le secteur privé est très présent dans nos institutions publiques, avec les coûts conséquents.

La croissance des dépenses, des dernières décennies, résulte plus des nouvelles technologies, des pharmaceutiques, des agences privées de personnel soignant et des médecins devenus hommes d’affaires que des conventions collectives des salariés.

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Une amie vient de débourser 25 000 $ pour une chirurgie du genou. À son âge, elle ne se voyait pas attendre deux ans dans le réseau public pour remarcher convenablement.

Une autre de mes connaissances personnelles a souffert le martyre durant une année avant d’être opérée pour ses hanches. Elle ne pouvait pas se payer le luxe d’une chirurgie à 30 000 $.

Il faut attendre près de deux ans pour un rendez-vous avec un dermatologue dans le réseau public. Découragées, plusieurs personnes se tournent vers les cliniques privées en déboursant des sommes importantes.

C’est sensiblement le même parcours du combattant pour les personnes qui veulent une consultation avec un ophtalmologiste.

J’attends depuis huit mois un suivi en physiothérapie par mon CLSC.

Malgré nos contributions santé et fiscales, on doit arroser le secteur privé pour plusieurs suivis médicaux.

Privé n’égale pas panacée

Les cas complexes et plus dispendieux sont laissés au secteur public pendant que les opérateurs privés s’enrichissent avec les cas à moindre risque.

C’est une pression supplémentaire sur un réseau public dégarni de personnel soignant parce qu’il opère ailleurs !

Notre système de santé est mal en point, mais il n’y a pas de justification pour l’euthanasier.

Il faut se méfier des faux prophètes aux solutions miraculeuses. Il ne serait pas approprié de réparer ce qui n’est pas brisé. 

Tout en reconnaissant que des modèles différents peuvent exister, il faut surtout poser le bon diagnostic et constater une volonté politique de soigner les « bobos » plutôt que d’ouvrir la porte aux profiteurs de tout acabit !

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