Référendum en Écosse: le Québec en avance sur le plan juridique, mais pas politique

Audrey Sanikopoulos | Agence QMI
La bataille menée par les Écossais afin de tenir un référendum sur l’indépendance du pays peut rappeler celle tenue il y a près d’une trentaine d’années par le Québec, qui a donc un avantage sur le plan juridique pour la souveraineté, mais pas sur le plan politique.
Malgré l’échec du référendum de 2014 - où le «non» avait remporté 55,3 % des voix - la première ministre écossaise Nicola Sturgeon, aussi à la tête du parti indépendantiste du pays, n’a pas dit son dernier mot.Face au refus du gouvernement britannique de réaliser une exception pour permettre à l’Écosse d’adopter une loi pour un référendum, comme ce fut le cas en 2014, elle a décidé de prendre les devants.
«Pour forcer la main, la première ministre a fait un avant-dépôt d’un projet de loi qui n’est pas encore étudié par le gouvernement d’Édimbourg sur la tenue d’un référendum le 19 octobre 2023 sur l’indépendance», a expliqué Marc Chevrier, professeur de science politique à l’UQAM et spécialiste du régime politique de la Grande-Bretagne et du Canada.
Afin de faire valoir ce droit, les Écossais ont demandé à la Cour suprême britannique la possibilité d’organiser un référendum consultatif sans l’aval de Londres et qui n’aurait donc pas d’effets immédiats sur le Royaume-Uni.
Mme Sturgeon peut surtout compter sur une vague indépendantiste forte dans son pays qui s’est nourrie du Brexit en 2016, puisque la majorité des Écossais était contre la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
«Le mouvement indépendantiste ne s’est pas effondré, au contraire, il s’est consolidé», a affirmé M. Chevrier.
Des indépendantistes plus présents qu’au Québec
Selon le spécialiste, l’affaire peut avoir des airs du renvoi que la Cour suprême avait donné en 1998 sur la sécession du Québec, reconnaissant alors la légitimité du référendum comme moyen d’enclencher la sécession d’un État provincial.
«Le Québec est en avance juridiquement, mais politiquement il a quand même perdu deux référendums, donc c’est la raison pour laquelle le mouvement souverainiste est faible à l’heure actuelle.
Il y a eu une démobilisation assez radicale», a toutefois nuancé le professeur.«L’Écosse n’a eu qu’un référendum et dans ce sens-là, les indépendantistes espèrent bien réussir à la deuxième tentative», a-t-il fait valoir.
Les juges de la Cour suprême britannique devraient se prononcer sur la question d’ici six à huit semaines. En cas de défaite, la première ministre a déjà indiqué qu’elle utiliserait les élections législatives de 2024 comme un référendum «de facto».