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L'article provient de Le Journal de Montréal

Réduire le risque d’alzheimer en augmentant sa réserve cognitive

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Photo portrait de Richard Béliveau

Richard Béliveau

2025-01-13T00:00:00Z
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Ne pas fumer, faire régulièrement de l’activité physique, avoir un apport élevé en végétaux et pratiquer des activités intellectuelles stimulantes sont associés à une baisse du risque de développer la maladie d’Alzheimer à des âges avancés, en favorisant une réserve cognitive. 

L’être humain se distingue des autres animaux par son intelligence et c’est pour cette raison qu’on a souvent tendance à considérer le cerveau comme un organe à part, qui possède un statut particulier en raison de sa capacité à générer des phénomènes aussi complexes que la pensée, les émotions, le langage et la mémoire.

Cependant, comme pour l’ensemble des organes du corps humain, ces fonctions cognitives avancées déclinent progressivement au cours du vieillissement, une tendance qui s’accélère après 50 ans et augmente considérablement le risque de maladies neurodégénératives à des âges plus avancés. À partir de 65 ans, par exemple, le risque de développer la maladie d’Alzheimer double tous les 5 ans, pour atteindre près de 50% après 85 ans. Ces dysfonctionnements du cerveau ont un impact dévastateur, car ils représentent des atteintes directes à notre nature intime et à notre dignité, une intrusion dans l’essence même de ce qui constitue l’existence humaine.

Réserve cognitive

Bien qu’on ait pendant longtemps considéré la hausse d’incidence des maladies neurodégénératives comme une conséquence inévitable du processus de vieillissement, plusieurs études réalisées au cours des dernières décennies ont mis en évidence certains facteurs associés au mode de vie des individus qui pourraient permettre de réduire de façon importante le risque de développer ces maladies, notamment une activité physique et intellectuelle régulière (1).

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Un point commun à plusieurs de ces facteurs est de favoriser la formation de ce qu’on appelle une «réserve cognitive», c’est-à-dire une augmentation du nombre de connexions interneurones qui permet de contrecarrer la perte de fonction neuronale associée au vieillissement normal. On a en effet observé que les dommages structuraux typiques de la maladie d’Alzheimer (l’apparition de dépôts des protéines bêta-amyloïde et tau en particulier) sont détectables plus de 20 ans avant le diagnostic de la maladie (2). 

Des études d’autopsie ont révélé que ces dépôts étaient également présents dans le cerveau de personnes âgées qui n’ont présenté aucun symptôme apparent d’alzheimer jusqu’à leur décès, ce qui suggère que ces personnes ont développé au cours de leur vie une réserve cognitive qui a permis de mettre en place des circuits neuronaux ayant la flexibilité et l’adaptabilité nécessaires pour compenser la perte des neurones défectueux.

Mode de vie anti-alzheimer

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Une étude récente illustre bien le rôle crucial des habitudes de vie dans la construction de cette réserve cognitive (3). En suivant étroitement 586 personnes pendant plusieurs décennies jusqu’à leur décès (âge moyen au décès de 91 ans), les chercheurs ont pu recueillir des informations sur plusieurs aspects de leur mode de vie, évaluer régulièrement leur fonction cognitive et analyser la présence de dommages structuraux typiques des démences comme la maladie d’Alzheimer à la suite d’une autopsie. 

L’impact de 5 grands facteurs associés au mode de vie sur le risque de développer la maladie d’Alzheimer a été évalué, soit 1) l’absence de tabagisme; 2) au moins 150 minutes par semaine d’activité physique; 3) une alimentation de type méditerranéen, riche en aliments d’origine végétale; 4) une consommation modérée d’alcool et 5) la pratique d’activités intellectuellement stimulantes.

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Les chercheurs ont pu mettre en évidence qu’un score de style de vie plus élevé (c’est-à-dire une plus forte adhésion aux 5 paramètres étudiés) était associé à une meilleure fonction cognitive, même à l’approche du décès. Cette association a été observée même lorsque plusieurs marqueurs de la maladie d’Alzheimer ont été détectés dans le cerveau des participants, ce qui suggère que ces facteurs liés au mode de vie peuvent permettre d’acquérir une réserve cognitive capable de compenser ces anomalies moléculaires et de maintenir les capacités cognitives chez les adultes âgés.

Comme pour l’ensemble des maladies chroniques, la maladie d’Alzheimer n’est donc pas une conséquence inévitable du vieillissement. On peut dans plusieurs cas prévenir cette maladie grâce à l’adoption d’un mode de vie globalement sain qui va optimiser la fonction des neurones et contrecarrer les effets délétères du vieillissement.

(1) Livingston G et coll. Dementia prevention, intervention, and care: 2024 report of the Lancet standing Commission. Lancet 2024; 404: 572-628.

(2) Jia J et coll. Biomarker changes during 20 years preceding Alzheimer’s disease. N. Engl. J. Med. 2024; 390: 712-722.

(3) Dhana K et coll. Healthy lifestyle and cognition in older adults with common neuropathologies of dementia. JAMA Neurol. 2024; 81: 233-239.

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