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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Réduction des pesticides: le Canada fait piètre figure

Le ministère refuse de dire s’il appuie les cibles ambitieuses discutées à la COP15

Déguisés en abeilles et en monarques, des manifestants se sont fait asperger de glyphosate pour dénoncer la présence du plus grand lobby de producteurs de pesticides à la COP15.
Déguisés en abeilles et en monarques, des manifestants se sont fait asperger de glyphosate pour dénoncer la présence du plus grand lobby de producteurs de pesticides à la COP15. Photo Agence QMI, MAXIME DELAND
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Photo portrait de Nora T. Lamontagne

Nora T. Lamontagne

2022-12-09T00:30:00Z
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Des militants écologistes dénoncent le manque d’engagement du Canada qui fait figure de véritable cancre dans la diminution de l’usage des pesticides, un enjeu discuté à la COP15 pour la première fois.

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« À part au Québec, on ne parle pas du tout [au Canada] de réduction totale de l’usage de ces produits chimiques », déplore Lisa Gue, responsable des politiques nationales à la Fondation David Suzuki.

Les ventes d’herbicides ont plutôt explosé de 243 % au pays entre 1994 et 2017, selon les chiffres de Santé Canada et de l’ONU.

Pas plus tard que l’année dernière, le fédéral a également voulu procéder à des consultations pour augmenter les limites permises de résidus de pesticides dans les aliments, avant de reculer devant le tollé.

« Les agences réglementaires se concentrent sur l’homologation des produits, sans se soucier de leurs effets cumulatifs sur la biodiversité et la santé humaine », poursuit Mme Gue.

Le Québec, lui, s’est engagé à réduire de 500 tonnes le poids des pesticides synthétiques vendus par année avant 2030, alors qu’il en consomme plus de 4000 tonnes annuellement. Il veut aussi diminuer leurs risques pour la santé et l’environnement de 40 %. 

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À titre de comparaison, l’Union européenne étudie présentement un texte qui contraindrait ses membres à couper de 35 % à 50 % leur consommation de ces produits chimiques.

Une première mondiale

Une version préliminaire de l’accord négocié durant la COP15 prévoyait que les pays s’engagent à diminuer de deux tiers leur utilisation des pesticides d’ici 2030.

Mais plusieurs délégations s’opposent actuellement à des objectifs comportant des dates et des quantités définies, selon le média spécialisé Carbon Brief.

Reste que c’est la première fois dans l’histoire qu’une cible mondiale de réduction de pollution agricole fait l’objet de pourparlers.

Or, des militants s’inquiètent que la présence au congrès de CropLife, le plus grand lobby de producteurs agrochimiques, ne dilue le résultat final.

« Évidemment, ces gens-là sont là pour miner les cibles ambitieuses qui pourraient être adoptées à la COP15. Les intérêts privés ne devraient pas être présents », insiste Thibault Rehn, coordonnateur de l’organisme Vigilance OGM.

Des abeilles mortes

Avec une dizaine d’autres militants, ce dernier a participé à une action-choc devant la salle de conférence où se tenait une session organisée par CropLife en début d’après-midi.

L’un après l’autre, les participants déguisés en abeilles et en monarques sont tombés morts après avoir été « aspergés » de glyphosate, aussi connu sous le nom de RoundUp.

Quelques délégués ont même eu droit à un faux jet de pesticide alors qu’ils traversaient le corridor pour assister à la présentation.

La vente et l’usage de glyphosate, l’herbicide le plus populaire au monde, ont été interdits dans plusieurs villes du Québec, dont Montréal et Laval. 

De glace

Rencontrés à l’intérieur de la salle de réunion, des dirigeants de CropLife n’ont été nullement troublés par les militants.

« Tout d’abord, le glyphosate est un herbicide, il n’est pas conçu pour tuer des insectes », a réagi avec un petit rire la vice-présidente des communications de CropLife international Laurie Goodwin.

Le regroupement des fabricants s’est également dit en faveur d’une réduction des risques posés par les pesticides, plutôt que de la quantité utilisée, affirme Christoph Neumann, le vice-président des politiques réglementaires de CropLife International.

Pour sa part, le ministère de l’Environnement fédéral a refusé de s’avancer sur la position du Canada dans les discussions internationales à ce délicat sujet.

« Notre équipe n’est pas en mesure de répondre à cette question à ce moment-ci puisque les négociations sont toujours en cours », a justifié un porte-parole du ministère par écrit.

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