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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Redécouvrir la musique québécoise des années 70 à travers «Le businessman et son blues»

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Photo portrait de Frédérique De Simone

Frédérique De Simone

2022-03-24T16:22:18Z
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À la poursuite des pièces manquantes de son casse-tête, le fils de Gilles Talbot, l’un des impresarios les plus en vogue de son époque, revisite l’histoire de la musique populaire québécoise à travers celle de son père, placée au cœur du documentaire «Le businessman et son blues». 

Très influant dès le milieu des années 1960, visionnaire, avant-gardiste et ambitieux, Gilles Talbot devient un pilier de la musique francophone au Québec. Il représente notamment Jean-Pierre Ferland, Chantal Pary, Pierre Perpall, Fabienne Thibeault, ainsi que Ginette Reno pour qui il quittera sa femme et ses enfants afin de vivre une histoire d’amour passionnelle, qui a inspiré à Ferland la chanson «T’es mon amour, t’es ma maîtresse». Les deux tourtereaux qui «s’aiment beaucoup et fort» partageaient l’appartement voisin du sien.

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Voyant la pandémie, les années et la maladie avoir raison de nombreuses personnes qui avaient côtoyé Gilles Talbot, son fils a perçu la situation sanitaire comme le «last-call» pour mener à bien le projet qui lui trottait dans la tête depuis une dizaine d’années, a-t-il expliqué à l’Agence QMI.

Dans son documentaire, qui se décline en trois parties, Martin Talbot va à la rencontre d'artistes et d’observateurs qui ont fréquenté son père au cours de ces années. Le réalisateur, scénariste et auteur apporte avec son projet, disponible sur Vrai dès mardi, un angle nouveau sur la carrière de son père et y fouille ses histoires cachées.

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«Mon père est un pilier de l’industrie du spectacle, de la musique et du disque au Québec. C’est un peu grâce à lui si on a pu voir naître un essor de la musique francophone au Québec et la fièvre nationaliste. Je voulais rendre à César ce qui est à César, c’est-à-dire de faire en sorte qu’il ne soit pas oublié et qu’on n’oublie pas ce que lui et Guy Latraverse ont fait», a souligné Martin Talbot.

Décédé à 43 ans dans un accident d’avion, il y a 40 ans cette année, Gilles Talbot était alors patron de la maison Kébec-Disc, que son partenaire Guy Latraverse avait fondée. Ils ont produit de nombreux artistes, dont Robert Charlebois, Diane Dufresne, Claude Léveillée, Offenbach et Paul Piché. Ensemble, ils ont organisé les mythiques spectacles de la Saint-Jean, comme celui de 1975 qui réunissait Jean-Pierre Ferland et «Les vierges du Québec». Gilles Talbot est aussi derrière la production de l’album «Starmania» pour le Québec, en 1979.

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Faire la paix avec son père

«Le businessman et son blues», c’est aussi la quête identitaire du fils qui n’a pas vraiment connu son père. Martin Talbot n’avait que 6 ans quand son père a quitté la maison et 14 ans quand il est décédé. Son documentaire était l’occasion de faire la paix lui. «J’avais le goût d’aimer mon père, de ne plus lui en vouloir», a-t-il dit.

«C’est émotif. Je découvre un homme que je n’ai pas connu. Et c’est le fond du documentaire: découvrir notre passé, mon passé personnel, mais aussi notre passé collectif. On est très collé sur ce qui passe aujourd’hui, mais on en oublie les bases. Et c’est vrai pour toutes les formes d’art. Le devoir de mémoire est important et intéressant, même pour quelqu’un qui n’a pas connu l’époque», a ajouté le réalisateur.

En 2020, Martin Talbot a écrit la fiction «Trop-plein» (Stanké) guidée par 43 souvenirs que son père lui a laissés avec son absence.

Les trois épisodes du documentaire «Le businessman et son blues», produit par Fair-Play, s’installent sur Vrai le 29 mars.

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