Redécoupage de la carte électorale: voici pourquoi les élus démocrates et républicains du Texas s’entredéchirent

Samuel Roberge
La confrontation entre démocrates et républicains a continué de s’envenimer mardi, après que le gouverneur du Texas, Greg Abbott, a déposé un projet de loi visant à redessiner la carte électorale. Cette mesure pourrait offrir cinq nouveaux sièges à Donald Trump au Congrès, dans cet État du sud des États-Unis, lors des prochaines élections de mi-mandat.
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En réaction, des élus démocrates texans ont quitté leur État dimanche pour se réfugier à Chicago et à New York – des bastions de leur parti – afin d’empêcher l’atteinte du quorum nécessaire au vote de la loi, prévu lundi.
Les démocrates en exil, appuyés par leurs alliés, ont également décidé de passer à l’offensive. Des gouverneurs démocrates ont annoncé leurs propres initiatives de redécoupage électoral, une manière de «combattre le feu par le feu», selon Ken Martin, président du Comité national démocrate, qui accuse les républicains de «tricherie» électorale, d’après ce que rapportait CNN mardi.

«C’est un nouveau Parti démocrate; nous intervenons avec un couteau dans une bagarre et nous allons combattre le feu par le feu», a déclaré M. Martin en conférence de presse.
«Nous sommes en guerre», a asséné de son côté la gouverneure démocrate de l’État de New York, Kathy Hochul, lundi.
Les politiciens choisissent leurs électeurs
Ce redécoupage suscite des remous dans le paysage politique américain, car il pourrait s’avérer décisif lors des prochaines élections de mi-mandat.
«C’est comme si c’étaient les politiciens qui choisissaient leurs électeurs pour être réélus plutôt que l’inverse», a expliqué Guillaume Lavoie, membre associé à la Chaire Raoul-Dandurand, en entrevue sur les ondes de LCN lundi soir.
L’expert en politique américaine a toutefois rappelé que cette pratique n’est pas nouvelle et qu’elle constitue «davantage la norme que l’exception». Elle illustre néanmoins un certain «recul des avancées démocratiques aux États-Unis».
«Lorsqu’il y a un nouveau recensement, c’est normal, les gens déménagent – nous aussi, on crée et on fusionne des comtés –, mais on n’imagine pas que ce soit le parti au pouvoir qui redessine la carte dans le seul et unique but de favoriser ses chances à l’élection, a-t-il précisé. Et vous avez des dessins de districts, de comtés ou de circonscriptions qui ne font aucun sens. C’est un peu comme si je prenais un quartier à Montréal, que je lui faisais traverser le pont pour aller chercher des maisons à Laval et que je revenais ensuite.»
Plusieurs États dirigés par les démocrates – comme la Californie, New York, l’Illinois et le Maryland – préparent donc eux aussi des plans pour modifier leurs cartes électorales et renforcer leur position. Certains de ces changements dépendront toutefois de ce que fera officiellement le Texas.
Toujours pas de vote
Mardi, pour une deuxième journée consécutive, la Chambre des représentants du Texas n’a toujours pas réussi à atteindre le quorum nécessaire pour adopter la loi sur le redécoupage électoral, en raison de l'absence de dizaines de démocrates ayant quitté l’État, selon CNN.
Une nouvelle tentative est prévue pour vendredi prochain, a indiqué le président de la Chambre, Dustin Burrows.
De son côté, le procureur général du Texas, Ken Paxton, a déclaré qu’il demanderait à ce que les sièges des élus démocrates absents soient déclarés vacants si ces derniers ne se présentent pas à l’assemblée prévue ce jour-là.

Pour rappel, le gouverneur du Texas, Greg Abbott, a ordonné aux autorités de l’État de procéder à l’arrestation des élus démocrates ayant quitté le territoire texan en signe de protestation.
Cependant, plusieurs experts juridiques interrogés par le média américain ont émis des doutes quant à la validité des mandats d’arrestation en dehors des frontières de l’État.